Il fallait cette visite d’un Premier ministre malien à Kidal, pendant ce quinquennat, pour effacer l’humiliation infligée à l’Etat malien, les 17 et 21 mai 2014, quand Moussa Mara, un ancien Premier ministre d’IBK tenta une visite mal emmanchée dans la capitale des Ifoghas. La visite du 23 mars 2018, du cinquième Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga, parti à la conquête des cœurs et des esprits de la cité de l’Adrar, a réussi la prouesse de revenir sans provoquer la colère des contestateurs de la souveraineté de l’Etat malien sur Kidal. Pour qu’il n’y ait aucun coup de feu, et aucun mort, notre Premier ministre a accepté d’essuyer toutes les provocations : le brouhaha, les « hoha hoha hoha », les manifestations de la gente féminine, exhibant les étendards de l’Azawad, en le scandant ; les expressions de la provocation de l’irrédentisme. Les attributs de souveraineté de l’Etat malien font toujours défaut dans la région de Kidal. L’Etat se trouve dans la même posture, sans la souveraineté requise, c’est le statu quo : l’humiliation de mai 2014 reste. Des consultations électorales se tiennent dans trois mois, le 29 mars 2018. C’est prévisible qu’IBK prendra son avion pour aller à Kidal, avant le scrutin du 29 juillet. Le candidat du RPM, Ibrahim Boubacar Kéita était à Kidal, le 15 juillet 2013, pour y battre campagne, il y avait l’administration malienne, les Forces armées maliennes y étaient également déployées, dans le cadre de l’accord de Ouagadougou. Aujourd’hui, c’est différent. Comment peut-on imaginer une visite du Président de la République dans une ville malienne, dans les « hoha hoha hoha » des femmes qui manifestent ? L’heure est grave avec ces tirs d’obus le 22 mars à Kidal ; de nouveaux conflits au centre du pays ; des exécutions sommaires dans la localité de Youwarou, récemment révélées par Human Rights Watch ; et cet attentat à l’hôtel de la Falaise de Badiangara, trois jours après le passage du Premier ministre. « Alors que l’insécurité n’a jamais été aussi grande au Mali, l’élection présidentielle est annoncée pour la fin juillet », s’inquiète l’analyste Joseph Brunet-Jailly. Il s’interroge, « l’élection annoncée, même si elle se déroule correctement est-elle la solution ? ».