A elle seule, la structure gouvernementale d’un pays peut préjuger de la qualité et de l’envergure de la gestion de ses ressources et partant, peser sur son développement. Les paramètres qui composent le ministère de l’Action humanitaire, de la Solidarité et des Personnes âgées confié au Dr. Mamadou Sidibé inspirent des réflexions sur la gestion du Fonds national de solidarité car du début de la rébellion à ce jour, malgré le nombre assez important de déplacés, tant au plan national que dans les pays limitrophes, ce Fonds reste absent de la mission qui lui a été confiée.
Le Fonds national de solidarité (FNS) est un Etablissement public à caractère public (EPA) créé en 2001 avec pour mission de contribuer à l’atténuation, voire l’éradication des inégalités et à la réduction de la pauvreté. Le FNS a pour mission essentielle de contribuer à la prise en charge des personnes, des groupes défavorisés et ou en difficulté, ainsi que des personnes victimes de catastrophes naturelles et de crises humanitaires. Le FNS a également la lourde tâche de mobiliser les ressources provenant de l’élan de solidarité nationale et internationale. Aussi, l’avènement d’un ministère de l’Action humanitaire, de la Solidarité et des Personnes âgées est à saluer car c’est la première fois, qu’on intègre l’action humanitaire dans une structure gouvernementale du pays : ce qui tout à fait normal, vu la situation actuelle du pays. C’est dire qu’aux yeux de l’Exécutif, cette entité sociale a une existence intrinsèque. Et avec la situation actuelle du pays, on ne pouvait trouver mieux que cette entité pour soulager un temps soit peu la souffrance des populations déplacées du Nord.
La solidarité nationale : un concept vaste et flou
La solidarité est facteur central de gestion du développement social. La composante solidarité est si importante dans le financement du développement que certains pays prélèvent d’office un impôt de solidarité sur les fiches de paiement des salariés. Le gouvernement français retient sur les salaires bruts un impôt de 5% pour « contribution de solidarité » ainsi qu’un «impôt de solidarité sur la fortune » frappant les personnes physiques dont le patrimoine excède un montant déterminé. En République de Côte d’Ivoire, la « contribution nationale de solidarité » représente 1% du salaire brut. Mais on ne proposera pas un tel système pour notre pays parce que le panier de la ménagère n’est plus en mesure de supporter quelque nouvelle taxe que ce soit tant la montée des prix a érodé le pouvoir d’achat du citoyen. Par ailleurs, l’automaticité des prélèvements et leur incorporation d’office au Budget national, en raison du principe de non affectation des ressources ne siéent pas pour promouvoir l’esprit et le sentiment de solidarité. En plus, le citoyen ignore la destination prise par le prélèvement effectué sur son salaire « au nom de la solidarité ». A quoi sert donc réellement le Fonds national de solidarité ? Les préoccupations qui motivent ou justifient une telle institution sont fondées sur certains constat : le défaut d’une pension vieillesse pour ceux qui, leur vie active durant, ont travaillé dans l’informel et n’ont pu cotiser pour une pension retraite ; l’insuffisance de ladite pension pour les retraités de la Fonction publique et, le cas échéant, ceux du secteur privé formel. Mais aujourd’hui, avec cette nouvelle donne qui est l’aide humanitaire, on se demande bien à quoi sert ce Fonds dans la situation de crise actuelle du pays, surtout avec son corolaire de déplacés. Compte tenu du fait que l’Etat est aujourd’hui confronté à une baisse flagrante de sa trésorerie, la mission du FNS consiste à rechercher et collecter des Fonds pour investir dans des projets et programmes de réduction de la pauvreté sur l’ensemble du territoire national. Mais pourquoi le directeur de ce Fonds de solidarité n’a-t-il jusque-là pas consenti un seul geste de charité à l’endroit des populations déplacées du Nord qui sont et à l’extérieur, à Bamako ou dans les autres régions du pays? La solidarité concerne-t-elle seulement les personnes du troisième âge ? Où faut-t-il attendre la Journée nationale de la solidarité pour consentir un geste en faveur de ces personnes ? En tout cas, vu la précarité dans laquelle vivent ces Maliens en détresse, il s’avère urgent que le directeur de ce Fonds jette un regard salvateur sur eux. Les citoyens ont le droit et le devoir de faire pression sur toutes les instances pour assurer une meilleure qualité de vie à ces Maliens déplacés. Les Maliens ont le devoir d’aider ceux à qui ils ont confié la lourde charge de les gérer : c’est une responsabilité morale citoyenne. Emettre et défendre des idées sérieuses est un devoir citoyen qui n’a jamais coûté cher à personne. Mais ce qui revient cher à la société, c’est que l’Etat ne prenne pas ces idées en considération lorsqu’elles le méritent.