Notre pays se dote d’un schéma national d’aménagement du territoire (SNAT) consensuel devant servir de cadre d’intervention territorialisé et à long terme. Le processus d’élaboration de cet outil de planification spatiale a été lancé, hier à l’hôtel Salam, à la faveur d’un atelier national. L’ouverture officielle des travaux était présidée par le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, en présence d’une dizaine de membres du gouvernement dont le ministre de l’Aménagement du territoire et de la Population, Adama Tiémoko Diarra.
Le SNAT est un ensemble documentaire composé d’énoncés littéraux et d’expressions graphiques présentant les orientations, les objectifs et les résultats attendus d’une vision de développement spatial, physique et environnemental basées sur des options politiques, les ressources naturelles disponibles, la dynamique sociale…
Outil de gouvernance et de cohérence territoriale, mais aussi de prospective avec une vision stratégique pour le futur, ce schéma devra établir la photographie actuelle des différentes composantes du pays, le bilan des activités sectorielles et identifier les stratégies sectorielles adoptées. Il définira également les potentialités et les contraintes relatives au développement des territoires, réalisera une cartographie thématique du territoire et devra proposer les perspectives économiques et les orientations de développement. Le SNAT a aussi pour ambition de servir de cadre de référence et d’harmonisation pour les schémas sectoriels et les schémas d’aménagement régionaux et locaux. Ce schéma national est d’autant plus nécessaire que notre pays connait un rythme accéléré de la croissance démographique. En même temps, des disparités intra et interrégionales se manifestent par la répartition déséquilibrée des populations, des activités, des infrastructures et des équipements.
«Dans ce contexte, il faut trouver des réponses adaptées en termes d’organisation du territoire pour amorcer un développement équilibré, harmonieux et durable», a soutenu le ministre de l’Aménagement du territoire et de la Population. Adama T. Diarra a mis en exergue les mille et une utilités d’un schéma d’aménagement du territoire qui, de par sa fonction transversale et fédératrice, contribue au renforcement des capacités institutionnelles à tous les niveaux. Entre autres, il fixe les vocations des terres et établit les principes régissant la localisation des grandes infrastructures de transport, des grands équipements et des services collectifs d’intérêt national. Aussi, offre-t-il un cadre de dialogue aux populations, répartit les fruits de la croissance économique entre les collectivités, grâce à la redistribution spatiale harmonieuse et équilibrée des services sociaux de base. «Il s’agira, tout simplement, de ne pas laisser fonctionner les mécanismes économiques dans leur plus grande spontanéité », a-t-il résumé.
Le ministre a rappelé que toutes les Régions, ainsi que plusieurs Cercles et Communes disposent de schémas d’aménagement qui doivent être actualisés et mis en cohérence après la finalisation du schéma national d’aménagement du territoire.
Pour le financement du processus d’élaboration du SNAT, le gouvernement, en plus de ses propres efforts, a obtenu de la Banque africaine de développement (BAD) un don d’un million d’unités de compte, soit 860 millions de nos francs.
Le SNAT cadre parfaitement avec la vision du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita qui a, de tout temps, souhaité un développement équilibré et durable de l’ensemble du territoire. Chose à laquelle s’emploie le gouvernement qui a « adopté, en novembre 2016, une nouvelle politique nationale d’aménagement du territoire qui prône un développement équilibré du territoire, alliant le progrès social, l’efficacité économique et la protection de l’environnement », a rappelé le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. L’ambition de cette politique, a-t-il développé, est de créer les conditions favorables au développement de l’emploi et de la richesse nationale, en renforçant la solidarité des entreprises avec leur faible implantation et de résorber les inégalités territoriales, tout en préservant les ressources disponibles, la qualité et la diversité des milieux naturels. Selon le chef du gouvernement, ce processus permettra également de décongestionner les zones de fortes pressions et de pourvoir tout le territoire national en zone industrielle, en infrastructure de base ainsi qu’en nouvelles technologies de l’information et de la communication. «A terme, ce qui est visé est l’utilisation des fruits de la croissance pour financer des actions de développement dans toutes les régions du Mali», a indiqué Soumeylou Boubèye Maïga. Et de marteler : «Le temps du pilotage à vue a vécu». Désormais, dit-il, l’anticipation sur le long terme, la prospection et la participation précéderont l’action. Il a indiqué que l’aménagement du territoire est facteur de paix et de cohésion sociale, car il favorise un égal accès aux services sur l’ensemble du territoire national.
Aussi, a-t-il souligné que le SNAT concoure à la mise en œuvre de certaines dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale qui prévoit la création d’une zone de développement des régions du Nord et la possibilité pour des régions de constituer des territoires de développement. «Ces dispositions stipulent l’existence d’un cadre de référence spatiale pour accompagner le processus de régionalisation, tout en assurant une croissance économique inclusive», a dit le Premier ministre.