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Nouvelles cartes d’électeur biométriques: ce qui divise la majorité et l’opposition
Publié le dimanche 1 avril 2018  |  Info Matin
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© aBamako.com par A S
Rencontre Soumeylou Boubeye Maiga-Opposition
Bamako, le 12 janvier 2018 le premier ministre a rencontré l`opposition
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La décision de confectionner de nouvelles cartes d’électeur biométriques pour les élections de 2018 alimente les débats entre l’opposition et la majorité présidentielle. Dans une interview croisée que nous ont accordée, la semaine dernière, des responsables des états-majors de ces deux bords politiques dégagent leur position sur la nouvelle mesure.

Le chargé des questions électorales du parti Rassemblement pour le Mali (RPM), Kaba DIARRA, estime que toutes les conditions ne sont pas réunies pour y parvenir. Par contre, le chargé de communication du cabinet de chef de file de l’opposition, Nouhoum TOGO, soutient la mesure parce qu’elle permet de minimiser le risque de fraudes massives.

Comment appréciez-vous la proposition de confectionner de nouvelles cartes d’électeur biométriques pour les élections de 2018 ?
Kaba DIARRA : De prime à bord, la carte d’électeur biométrique est source de sécurité et de transparence. L’une des raisons cachées de cette proposition est beaucoup liée au débat sur l’affaire des cartes Nina égarées ou restantes. Et pourtant, ce problème est déjà tranché par la Délégation générale aux élections (DGE) dirigée par le général Siaka Diakité. Alors, nous estimons au sein du RPM qu’il n’est plus nécessaire de confectionner de nouvelles cartes d’électeur biométriques. Toutefois, notre parti est partant pour tout ce qui concerne le renforcement de la démocratie au Mali, pour le renforcement de la crédibilité de l’Etat, pour le renforcement de la confiance entre les acteurs.

Nouhoum TOGO : À l’opposition, nous ne sommes pas contre la confection de nouvelles cartes d’électeur biométriques. C’est une bonne chose, car les cartes Nina à l’état actuel ne nous inspirent pas confiance. Il y a longtemps, nous avions fait la proposition de cartes d’électeur biométrique à l’État. C’est maintenant que le gouvernement décide de recourir à cette option. Pendant les discussions sur ce sujet, nous avions exprimé des inquiétudes par rapport à la présence des tablettes dans les bureaux de vote en vue de vérifier l’identité des électeurs. Cette proposition a été rejetée par des partenaires du Mali. Nous avons tenu de nombreuses rencontres sur ce sujet que la majorité a boycotté.

Sur quoi se fondent vos décisions ?
Nouhoum TOGO : La réalisation de nouvelles cartes d’électeur biométriques permet de sécuriser les élections. La mesure permettra aussi d’assurer la transparence et de minimiser le risque de fraudes massives, de vols lors des scrutins. Cette nouveauté aura également l’avantage de mettre fin au débat sur les 900 000 cartes Nina supplémentaires. Nous avons des informations que le régime compte utiliser illégalement ces cartes Nina. Il y a beaucoup de nouveaux majeurs enrôlés, mais qui n’ont pas encore leurs cartes Nina. La confection de nouvelles cartes biométriques donnera la chance à ceux-ci d’avoir une carte pour voter.

Kaba DIARRA : Les cartes Nina sont aussi source de sécurité et de transparence tout comme les cartes d’électeur biométriques. Les cartes Nina ont été fabriquées sur la base des expertises très avancées pour être également un instrument de vote. Alors quel intérêt de laisser ces cartes Nina au profit des cartes biométriques ? Aussi, l’audit du fichier électoral qui sera fait par Organisation internationale de la francophonie (OIF) est justifié pour nettoyer les données des électeurs ; donc, je ne vois plus l’intérêt de fabriquer de nouvelles cartes biométriques. Ainsi, nous pensons que fabriquer des cartes d’électeurs est une dépense de plus et inutile. Je pense que nous sommes dans un contexte où cet argent peut servir à beaucoup d’autres choses.

Pensez-vous que la proposition de tenir les élections sur la base de nouvelles cartes biométriques est réalisable ?
Kaba DIARRA : En plus du coût de l’opération, je m’inquiète pour le facteur temps de la mise en œuvre de cette proposition. Nous sommes à quatre mois de la présidentielle et bientôt le collège électoral sera convoqué, mais jusque-là, nous attendons des actions concrètes de la part du ministère de l’Administration territoriale pour réussir ce projet. L’opposition est au courant de toutes les contraintes liées à la confection de nouvelles cartes d’électeur. Mais elle en est attachée pour des raisons inavouées. Nous craignons qu’à la dernière minute, l’on vienne nous parler d’un autre problème sur les cartes d’électeur biométriques dans le dessein de plonger l’Etat dans un vide constitutionnel. L’opposition est dans une posture de prendre les élections 2018 en otage.

Nouhoum TOGO : Maintenant, il appartient à l’État de travailler pour concrétiser ce projet à temps. S’il s’engage et met en œuvre immédiatement le processus, nous estimons pouvoir les avoir un mois avant le 1er tour de la présidentielle. Ce qui est un délai raisonnable. Quant à la distribution de ces cartes, nous demandons au gouvernement de prendre de meilleures précautions afin que celles-ci ne se retrouvent pas entre les mains des individus autres que leurs propriétaires. Tout l’intérêt de la confection des cartes d’électeur biométriques dépendra aussi de sa distribution. Nous sommes au courant de tous les plans que le régime mijote pour se maintenir au pouvoir. Il est en train de préparer la candidature d’IBK pour l’élire au 1er tour avec un score de près de 60 %. Dans tous les cas, nous n’allons pas accepter une élection truquée.

Par Sikou Bah

La carte NINA, le plan B
Dans la mouture de la nouvelle loi électorale qui sera soumise bientôt au vote de l’Assemblée nationale, il a été finalement ajouté qu’à défaut de la carte d’électeur biométrique, le scrutin se tiendra sur la base de la carte NINA. Cette disposition prend en compte les inquiétudes de Kaba DIARRA sur un risque de prise en otage du processus si la confection des cartes biométriques prend du retard sur le chronogramme. Sur le même sujet, certains observateurs ont exprimé leurs inquiétudes de façon générale sur la modification de la loi électorale en cours.
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