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Convention de Bourem du 15 septembre 1907 : Les germes de la crise actuelle
Publié le mardi 3 avril 2018  |  Le Tjikan
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© Autre presse
Carte du mali
Le pays fait partie de la Communauté économique des États de l`Afrique de l`Ouest (CEDEAO) et de l`Union africaine
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La rébellion Touareg à laquelle le Mali est confronté depuis les premières années de son accession à l’indépendance trouve sans nul doute sa source dans la convention de Bourem du 15 septembre 1907.

Cette convention signée par le chef de Bataillon Laverdure, Commandant la région de Tombouctou indiquait que « l’Adrar sera laissé aux Ifoghas et à ceux qu’il plaira aux Français d’y installer ». L’Amenokal Firhoun refusant de se soumettre à la cause du colonisateur voulant se servir de lui comme une marionnette, est devenu une cible potentielle à abattre. Ce fut le cas le 25 juin 1916 lors d’une bataille sanglante par l’armée française et les éléments touareg à leur solde. C’est ainsi que le pouvoir colonial a divisé les Touareg en assassinant Firhoun, le chef des Touareg. La politique de noyautage consista alors à diviser pour mieux régner ou déstabiliser les régimes. Ainsi, en 1963, le Mali en a connu le plus insidieux des cas. C’est la guerre par procuration ou la « guerre proxy ». Elle provoque des conflits au sein des mêmes groupes en les amenant à se battre entre eux. Pour le cas du Mali, les commanditaires l’ont appelée la rébellion Touareg.

Diviser pour mieux régner

C’est une aberration mais une ruse pour en donner une connotation identitaire voire minoritaire. Le Mali est un ensemble de minorités. Par le passé, c’est-à-dire la période précoloniale, la diversité ethnique et raciale n’a jamais posé de problème, car elle est liée à l’appartenance d’une ou des zones géographiques. Par exemple Songhoy veut dire « venant de Sony ». Alors qui n’était pas Songhoy (Empire Songhoy) ne peut être qu’un étranger. Depuis toujours, toutes les ethnies sont représentées dans la partie septentrionale du Mali comme au Sud et au Centre. La question de minorité sur le plan ethnique au Mali est un faux débat. Cela est connu de tout le monde. C’est pourquoi, le porte-parole du ministre français des Affaires Etrangères Bernard Valero déclarait depuis 2012 que « les revendications du MNLA n’ont aucune légitimité historique ». Cependant, du sang coule à flot en vertu de ces revendications. En raison du droit que le monde a de connaître la vérité, une explication s’impose. Pendant qu’on parle de la stabilité et de la paix, des hommes sans foi ni loi, chaque année au mois d’avril, marchent sur le drapeau malien en signe de rejet de la stabilité et de la paix pour que tourne au mieux l’entreprise terroriste azawad.

La « guerre proxy » a vite été comprise. Elle avait été planifiée par le colonisateur depuis 1957, trois ans avant l’accession du Mali à l’indépendance pour créer l’Organisation Commune des Régions Sahariennes. C’est ainsi qu’un Cadi d’Araouane du nom de Mohamed Maouloud avait été coopté par le colon pour cette mission de création d’un Etat dans l’Etat malien. Le projet échoua grâce aux efforts conjugués de plusieurs patriotes maliens de Kayes à Kidal, mais les prémisses d’une division sont semées. L’OCRS fut créée par la loi française n° 057-7-27 du 10 janvier 1957 parue dans le Journal Officiel de la République Française du 12 janvier 1957. Cette folle entreprise a donc été enterrée à l’installation du premier Conseil de gouvernement de la République Soudanaise en présence du Haut-Commissaire de la France et de l’Inspecteur des Colonies. La partie soudanaise était représentée par le vice-président du gouvernement, Jean Marie Koné et le ministre de l’Intérieur Mamadou Madeira Keita. Le projet d’amputation du territoire soudanais au profit de l’OCRS fut retiré devant l’opposition ferme de la partie soudanaise. L’année suivante en 1958, en présence du gouverneur général des colonies Messmer en visite au Soudan Français, le conseiller territorial de Goundam, Mohamed El Mehdi, chef général des Kel Antassar revendiquait l’indépendance de la zone saharienne qu’il voulait faire ériger en « République des Lithamés » pour «soustraire les nomades blancs à la domination de leurs anciens esclaves noirs ». Le gouverneur général Messmer envisageait favorablement la requête. Le chef Kel Antassar persista dans sa volonté de sécession définitive qui aboutit à la rébellion qui se manifesta dans l’Adrar des Ifoghas et fut jugulée en 1964.

De 1964 à 1989, on n’attendit plus parler de cette guerre. A la fin des années 1989, des terroristes organisés au sein d’un mouvement populaire de l’Azawad attaquent les localités de Tidermène et de Ménaka. Iyad Ag Ghaly était à la tête de ce mouvement. Aujourd’hui, il est chef d’Ançar Edine. La crise a évolué sous forme de rébellion jusqu’à son aboutissement à une véritable entreprise terroriste sous l’appellation de l’Azawad qui depuis les années 90 terrorise des paisibles citoyens du Nord au Centre et sud du Mali. C’est pourquoi, le mot en lui-même est source de conflit. Cette appellation est ressentie comme n’étant pas un facteur de paix. Cela n’est pas un fait du hasard. C’est fait à dessein. La source du mal est perçue comme une condition sine qua non pour faire « prévaloir la restauration de la paix ». Donc l’usage du terme Azawad demeurera toujours une source d’incompréhension et de tension notamment chez les populations locales en raison des effets psychologiques infligés par les revendications armés des organisations qui s’en réclament notamment le MNLA, le MUJAO, et Ançar Edine (AQMI).

La marche de l’OCRS à l’Azawad, le Mali se fait avoir. Tout se passe à l’image de cette pensée d’Amadou Traoré : « La méthode pour recoloniser un pays : instrumentaliser un gros désordre et lui proposer une aide. Résultat on est gagnant sur toute la ligne. Le plus triste c’est la misère qui perdure dans le pays recolonisé. Belle partie de pocker menteur ».

Almihidi Touré
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