La lutte contre le terrorisme n’a toujours pas porté d’effet escompté au Mali. Les raisons, elles étaient entretenues par l’Etat central comme des excréments du chat pendant tout ce temps-là. Pas question de les étaler pour des mesures stratégiques au nom de secret défense. La grande muette a subi ce poids pendant très longtemps et au même moment, elle se rongeait. La hiérarchie militaire, les autorités administratives, qui ont instauré ce principe sont les seules bénéficiaires quel qu’en soit le contexte dans lequel se trouve l’armée. En période normale, elles se tapent tous les avantages ; en période d’insécurité, c’est la même chose laissant les pauvres militaires qui ont opté pour la défense de la patrie au prix de leur âme sur le terrain comme des moins que rien. Cette marge dont elles bénéficient a rendu la situation pourrie avec l’envahissement de la corporation par le favoritisme, la pièce sonnante et trébuchante ou la tactique du plus offrant.
L’attaque de Bandiagara a étalé au grand jour une partie de la face cachée de l’iceberg. Le renfort a passé plus de deux heures de temps avant d’arriver au lieu de l’attaque alors que la distance entre le lieu de départ (Sévaré) et la destination ne dépasse pas 70 kilomètres. Quand le renfort est aussi arrivé, des voix les plus autorisées nous confirment dans la ville qu’il n’a pas fait 1 heure. Peu après, il est retourné. Il n’y a pas eu de poursuite, ni de ratissage dans la ville alors que des pistes sont révélées par les populations. Il n’y a pas été aussi question d’ouverture d’enquête. Dans la ville, dans les coulisses, il était question de manque de carburant qui aurait mis le renfort en retard. Un fait inadmissible.
La même nuit de l’attaque, le comportement des policiers a choqué plus d’un dans la ville. Nombreux sont-ils à prendre la poudre d’escampette lorsqu’ils ont entendu des coups de feu. Certains seraient allés se réfugier dans des maisons près du commissariat. Ils auraient même demandé aux habitants de leur prêter des habits afin qu’ils puissent s’habiller en civil.
Un habitant, dans l’anonymat me trouve devant notre grande famille qui est contigu à l’hôtel attaqué. Il confirme avoir vu un policier se cacher lorsqu’il passait et il aurait dit au policier « Que Dieu nous en garde » et au policier de répondre « Amen ». Il était étonné car il se trouvait face à une scène où les rôles sont intervertis. En temps normal, c’est le civil qui doit avoir peur et au porteur d’uniforme de le rassurer. C’était le contraire.
Alors comment voulons-nous arriver à bout de cette lutte contre le terrorisme alors que des faits aussi banals se manifestent de façon quotidienne dans les rangs de l’armée ? Cette attitude malheureuse se passe un peu partout où l’armée malienne se trouve dans le cadre de la défense de la patrie.
Tant qu’on ne trouve pas de solution à ces petits détails, pas question d’espérer sur la fin de cette situation. L’Etat central doit d’abord travailler sur ce volet avant de faire quoique ce soit : montrer à tous les porteurs d’uniforme que leur rôle, c’est de veiller à la sécurisation des personnes et leurs biens. Si un d’entre eux viole le principe, il faut le sanctionner avec la dernière rigueur. Sans cela, tous les efforts déployés seront vains. Nous le constatons déjà après plus de cinq ans de guerre. Rien n’a changé. Au contraire, les choses vont de mal en pis.