Depuis plus d’une décennie, le débat sur l’immigration fait rage dans les pays européens, conséquence des vagues successives de migrants qui s’abattent régulièrement sur les côtes du vieux continent. Etrangement, les africains, qui se trouvent au cœur de ce débat (l’Afrique est le point de départ et/ou de transit des différentes vagues migratoires qui s’abattent sur les côtes européennes), sont eux-mêmes absents ou presque de ce débat.
Le ton, le contenu et l’orientation du débat sont fixés par l’intelligentsia européenne, la classe dirigeante et les élites africaines se contentant comme toujours de suivre docilement, sans jamais tenter de prendre l’initiative. La conséquence de cette abdication de notre intelligentsia est la réduction du débat à des considérations futiles à la périphérie du phénomène, comme par exemple la nécessité de renforcer les frontières européennes, le devoir de coopération des pays africains dans la traque des passeurs et des migrants contre espèces sonnantes et trébuchantes, les politiques ‘d’aide’ au retour forcé des ‘migrants irréguliers’ dans leur pays d’origine, le devoir de solidarité que prôneraient les valeurs si chères à l’Europe, exactement comme le veulent les adversaires européens de l’Afrique.
Le débat sur ces questions périphériques a totalement éclipsé la question de fond que pose l’immigration: la quasi-absence de toute activité économique réelle dans les pays de départ, situés pour la plupart en Afrique, qui est elle-même la conséquence directe du choix saugrenu des européens et de leurs alliés de transformer l’Afrique en un continent exclusivement consommateur des produits de leur industrie, avec la complicité d’une classe politique et d’une élite africaine qui ont fait le choix honteux de troquer leur capacité à apporter des réponses intelligentes aux défis qui se posent à leur continent, contre leur foi en la capacité de leurs amis européens à le faire à leur place. Le contenu et la forme du débat actuel sur l’immigration sont une autre preuve que la classe dirigeante et les élites africaines n’ont pas seulement perdu la guerre intellectuelle qui fait rage dans le monde, mais ont aussi abdiqué.
Dans le débat en cours, il existe pourtant une forme d’immigration aux conséquences dévastatrices pour tous, dont personne ne parle, qui ne dérange personne, ne suscite aucune critique et est même encouragée par tous les moyens : l’immigration quotidienne de toutes les ressources matérielles et financières de l’Afrique vers l’Europe et les autres pays développés. En effet, l’Afrique n’est pas seulement le point de départ de tous ces migrants que l’Europe ne peut pas se permettre d’absorber. L’Afrique est aussi le point de départ de toutes ces matières premières que les frontières européennes absorbent sans difficulté, qui font tourner l’industrie européenne, et la principale destination des produits de cette industrie. L’Afrique est aussi le point de départ de cette masse colossale d’argent frais venue de ses budgets et banques, qui franchit sans obstacle les frontières européennes pour y alimenter la spéculation boursière sur les marchés financiers et entretenir le niveau de vie de vie exorbitant des populations.
L’Afrique est aussi le point de transit de cette escroquerie mondiale pompeusement labélisée aide, qui traverse allègrement les frontières euro-africaines dans un ballet endiablé de ‘vient et va’ pour finir invariablement dans les coffres des banques européennes. C’est l’immigration de toutes ces ressources matérielles et financières de l’Afrique vers l’Europe dans des stratagèmes et des combines sophistiqués, mûris soigneusement et méthodiquement au sein de think-tanks spécialisés créés et financés exclusivement à cette fin, qui explique le siège des côtes européennes par les populations africaines.
La classe dirigeante et les élites africaines doivent donc voir dans le débat actuel sur l’immigration une opportunité historique de donner un autre cap aux relations de leur continent avec l’Europe. Pour y parvenir, elles peuvent commencer par créer leurs propres think-tanks, car ni les dénonciations et critiques stériles sans propositions de solutions concrètes, la réponse classique des rares intellectuels africains qui refusent obstinément de déposer les armes, ni les combats individuels, isolés et esseulés ne suffisent plus dans la guerre intellectuelle qui nous oppose à l’Europe. Ces futurs think-tanks, qui devront être réellement africains, en d’autres termes financés par des ressources réellement africaines afin d’être libres de l’emprise de l’argent étranger, auront pour tâche la recherche de solutions africaines au seul vrai problème du continent africain: l’immigration de toutes ses richesses vers l’Europe et ses pays alliés.
Ce travail de réflexion de fond est nécessaire pour la génération de réponses efficaces et appropriées à toutes les combines honteuses conçues pour maintenir nos peuples et nos pays dans l’asservissement. Dans le débat sur l’immigration, la classe dirigeante et les élites africaines doivent enfin faire comprendre à l’Europe que l’Afrique n’a pas besoin de sa solidarité. Ce dont l’Afrique a le plus besoin, c’est que l’Europe fiche la paix à ses ressources matérielles et financières. C’est seulement à ce prix que les populations africaines foutront la paix aux frontières européennes.