Ils ont bénéficié de leur part du gâteau. Aujourd’hui en disgrâce, ils mordent la main qui leur a donné du pain. Se font passer à quelques encablures de la présidentielle comme des Hommes « neufs ». Plus que l’amnésie, ces politiques croient le Peuple malien atteint de la maladie d’Alzheimer.
La présidentielle approche à grand pas. C’est le 29 juillet. A dit et redit le Premier Ministre. Le Président de la République et lui promettent au Peuple malien que cette date sera maintenue. Malgré toutes les promesses non tenues jusqu’ici, il y a encore des Maliens qui sont prêts à accorder pour la énième fois leur confiance à ce régime. Et, comme c’est le cas, à la veille de ce rendez-vous électoral, tout est mis en œuvre pour s’attirer la sympathie des électeurs. Mais, de tous ces potentiels candidats, ceux qui se font le plus remarquer sont ceux-là qui ont été à un moment donné les farouches défenseurs du régime actuel.
Aujourd’hui déchus, ils s’attachent à coups de millions les services des meilleures agences de communication de la place pour se refaire une nouvelle virginité politique. Les moins fortunés font dans l’étalage des secrets de palais pour se donner bonne «conscience» et se faire passer pour des victimes.
La victimisation comme projet de société
Après avoir été dans les bonnes grâces du palais, ils se retrouvent aujourd’hui à observer de loin leurs remplaçants bénéficier des mêmes privilèges qu’ils ont eu. Ayant goûté aux délices du pouvoir, il est dès lors impensable pour ces derniers que les prochains régimes se fassent sans eux. Il faut, donc, se positionner. Mais comment ? Après avoir défendu le régime qu’on voue aux gémonies ? La formule est aussi vieille que le monde, ils se font passer pour des victimes. Pour que cela soit plus crédible, il faut expliquer son «largage» par l’amour du pays mal perçu par le régime. Sauf que tous ceux qui prétendent avoir été déchus pour leur «patriotisme» n’ont à aucun moment du temps de leur «toute puissance», montré des divergences de points de vue avec IBK et ses Hommes. Me Mountaga Tall, qui a été même porte-parole du Gouvernement, a défendu tout venant de ce régime allant jusqu’à traiter ceux qui demandaient à comprendre des choses d’animer des «débats de caniveaux». Ce discours, il l’a tenu dans un symbole de la République : l’Assemblée Nationale. Et dire qu’il pourfend aujourd’hui le régime. L’autre dans le même cas, c’est le Général Moussa Sinko Coulibaly. Il a été acteur majeur de la bande à Amadou Haya Sanogo. Il hume l’air de la liberté aujourd’hui grâce à ce régime qu’il a aidé à s’installer sans anicroche en proclamant la victoire d’IBK avant même la fin des dépouillements des bulletins du vote de 2013. Qui ne se souvient pas de la fameuse phrase « si tendance se poursuivait… » ? La suite on la connaît. Il est fait Général, Directeur de l’école de maintien de la paix et tout ça sans jamais se rendre sur le théâtre des affrontements à l’instar des Généraux Didier Dacko et El Hadj Gamou.
Un bon matin, il claque la porte avec fracas et se met à menacer le régime. Lui l’ancien putschiste, il va jusqu’à demander à IBK de quitter le pouvoir avant la fin de son mandat. Ça fait froid dans le dos.
Badra Aliou Diallo «Wassoul’or» n’a jamais dit ouvertement les causes de son divorce avec IBK. «Les plus grandes déceptions sont muettes», dit-on. Entre IBK et celui qui a été l’un des plus grands financiers de sa campagne électorale de 2013, le fossé est immense. Débauche de Députés, discrédit auprès des leaders religieux, alliance avec des Ministres déchus ; tous les coups sont permis dans le combat à « mort » qui oppose désormais ces deux ex-camarades. De Me Mountaga Tall à Alou Badra Diallo en passant par Moussa Sinko Coulibaly, Kalfa Sanogo, Modibo Koné, Mohamed Aly Bathily et tant d’autres, tous, sans exception, ont aidé ce régime à rater un quinquennat sur lequel beaucoup d’espoirs étaient fondés. Sachant le moment venu pour sanctionner ce régime, ils se présentent déguisés en « Batman » ou encore en « Spiderman ». N’est pas « Zorro » qui veut.
Que proposent-ils
Pour remplacer un régime, il faut avoir quelques choses d’autre à proposer aux populations, autre que ce qui se fait. Ayant passé toutes ces années aux côtés du régime, ils ont fini par inculquer ses valeurs, ses pratiques et son fonctionnement, l’arrogance, le mépris, le pilotage à vue, etc. A défaut de dire concrètement ce qu’ils ont à proposer, non, il disent tous la même chose « barrer la route à IBK ». Amusez-vous à leur poser la question pour mettre qui ? C’est en ce moment que vous saurez qu’ils ne sont pas des alternatives mais justes des « aigris » des « revanchards ». A ce sujet, un internaute écrivait à juste titre « Au Mali, on ne vote pas pour élire mais pour barrer la route » transposé chez ces candidats cela donnerait : « Ils ne vont pas aux élections pour gagner et proposer une solution aux Maliens mais juste pour se venger d’IBK ». Drôle de projet de société.
La théorie du complot ?
Au moment où ces ex-amis du palais se positionnent pour pousser le Prince du jour du haut de la colline, du côté de l’opposition, ce n’est pas l’assurance. L’on doute de la sincérité soudaine de tous ces messages de haine à l’endroit d’un régime qui, pour certains, leur a fait connaître par Maliens et tirer d’autres de la précarité financière avant de sauver les derniers de la prison. La soudaineté de ces prises de positions est analysée par un opposant comme un complot : «En moins de quatre mois, nous avons assisté à des candidatures aussi soudaines que déroutantes. Ce sont des personnes qui entretiennent d’excellents rapports avec IBK au-delà du discours qu’ils tiennent à son égard. Nous nous méfions de ces personnes qui, depuis le début de ce mandat, n’ont cessé d’accompagner ce régime et ont réduit les voix de l’opposition sur les questions brûlantes de l’heure. L’opposition est dans la logique d’une candidature unique. Les choses se mettaient en place petit à petit et nous comptons y arriver avant les élections. Mais ces nouveaux candidats qui prétendent aussi combattre ce régime après l’avoir servi changent la donne. Et je crains que la candidature unique soit désormais possible. Qui en tirerait les bénéfices si l’opposition allait en rangs dispersés à la présidentielle ? IBK bien sûr. Vous savez, ce n’est pas nouveau, le régime en place fabrique des opposants, les finance juste pour faire barrage aux véritables opposants qui prônent un changement radicale », dit-il.
En tout cas, si les candidats de « type nouveau » qui prétendent haïr le régime ne convainquent pas grand monde, il faut croire que si cette analyse venait à leur coller à la peau ils seront considérés comme des traitres.
S’ils croient les Maliens amnésiques ou atteints de la maladie d’Alzheimer, le 29 juillet, ils seront convaincus du contraire.