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L’Indicateur Renouveau N° 1494 du 17/5/2013

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Mobilisation des PTF pour la reconstruction : Moisson de 3,250 milliards d’euros pour le renouveau du Mali
Publié le vendredi 17 mai 2013  |  L’Indicateur Renouveau


© AFP par GEORGES GOBET
Séance de travail entre le président Dioncounda Traoré et Martin Shultz à Bruxelles
Jeudi 16 mai 2013. Siège de l’UE à Bruxelles. Le président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, a rencontré au lendemain de la Conférence des donateurs pour le développement du Mali, le président du Parlement européen, Martin Shultz


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Parties à la quête du financement de la reconstruction post-crise du pays à Bruxelles, les autorités de la transition au Mali, avec à leur tête le président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, retournent avec le sourire large, expression éloquente d’un sentiment de satisfaction légitime après l’estime et la confiance retrouvées auprès de ses partenaires techniques et financiers.
En effet, pour un besoin exprimé de 1,920 milliards d’euros, les promesses de dons ont dépassé toutes les prévisions en la matière pour atteindre un montant de 3,250 milliards d’euros.
Face à un tel résultat, le président Dioncounda Traoré a chaleureusement exprimé « la reconnaissance et la gratitude » du peuple malien envers la communauté internationale. « Nous sommes tous ensemble pour la reconstruction du Mali ! », s’est-il félicité, en saluant au passage son « ami » et son « frère » François Hollande sans l’engagement et la détermination duquel cette réussite n’aurait été possible.
« Pour sortir de la crise et amorcer son développement durable, le Mali a besoin et compte sur l’appui technique et financier de la communauté internationale. Pour l’atteinte de cet objectif, l’ensemble du peuple malien demeure engagé pour jouer sa partition pleine et entière. De plus, le gouvernement s’engage résolument à honorer tous ses engagements vis-à-vis de la communauté internationale pour laquelle le Mali restera à jamais reconnaissant, notamment l’organisation en juillet 2013 d’élections libres, démocratiques et transparentes ».
C’est en ces termes qu’était introduit le Plan pour la relance durable du Mali, présenté et soutenu par le président de la République par intérim, Pr. Dioncounda Traoré, à la conférence de Bruxelles.

Au-delà des espérances
En effet, les 108 pays et institutions participant à la conférence dénommée « Ensemble pour le renouveau du Mali » ont été plus généreuses qu’attendu. Les autorités maliennes avaient fixé à 1,96 milliard la contribution internationale à l’ambitieux Plan de relance, destiné à remettre en marche le pays post-crise sur deux ans (2013-2014).
La conférence de Bruxelles devrait être l’occasion de mobiliser, en plus de la communauté internationale, l’ensemble des acteurs clés du développement du pays ; à savoir : le gouvernement, les collectivités locales, le secteur privé, la société civile, la diaspora et les médias.
Elle doit, à cet effet, déboucher sur la mise en place d’un mécanisme de suivi au niveau politique avec la participation des sièges des donateurs. Ce mécanisme se réunira alternativement au Mali et à l’extérieur du Mali à un rythme permettant un suivi rapproché du Pred.
En effet, suite à l’évolution favorable de la situation globale du pays, la communauté internationale est fortement déterminée à appuyer le Mali pour une sortie définitive de crise et l’amorce d’un développement socioéconomique inclusif.
Le document intitulé « Plan pour la relance durable du Mali » (Pred) a constitué le support référentiel de la conférence. Il s’inscrit dans le cadre de la feuille de route pour la transition du 29 janvier 2013 et du Cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté 2012-2017 de décembre 2011 (CSCRP 2012-2017) et inclut les inflexions stratégiques qu’appellent l’urgence et la profondeur de la crise actuelle.

Une économie résiliente
Dans la perspective de création des bases d’une économie résiliente, le Pred comprend des éléments structurants suivants : (i) Des programmes d’investissement en infrastructures (énergétiques, routières y compris les corridors) dont l’insuffisance constitue un véritable goulot d’étranglement au développement économique. Ceci devrait permettre un afflux significatif d’investissements, particulièrement dans l’agro-industrie ; (ii) Des investissements pour améliorer la qualité des services de l’administration pour renforcer la confiance entre l’Etat et les citoyens. La problématique de la décentralisation doit être repensée dans ce contexte ; (iii) La sécurité alimentaire, dans un pays dont 70 % de la population réside en zone rurale, reste une priorité. Il s’agit ici d’améliorer significativement la productivité agricole par une maîtrise des techniques agricoles, des circuits de commercialisation et de transformation fonctionnels ; (iv) L’accès aux services sociaux de base (éducation, santé, accès à l’eau potable) pour les populations déplacées et réfugiées. Relever le défi de la qualité de ces services, particulièrement de l’éducation est sans doute le plus grand défi que la société malienne devra confronter.
Ainsi, le Pred présente à la communauté internationale à la fois les enjeux de très court terme et les bases d’un développement équilibré du territoire, avec douze thématiques prioritaires à soutenir dès maintenant pour relever le Mali : (i) Assurer la paix, la sécurité et l’intervention des services de l’Etat sur l’ensemble du territoire, sans lesquelles il n’y aura pas de développement pérenne ; (ii) Répondre aux urgences humanitaires et aux conséquences de la crise ; (iii) Organiser des élections crédibles et transparentes ; (iv) Approfondir la gouvernance par le processus de décentralisation pour un développement équilibré du territoire et engager la réforme de l’Etat ; (v) Garantir le bon fonctionnement de la justice et la lutte anti-corruption ; (vi) Conforter la réforme des finances publiques ; (vii) Relancer l’économie par l’appui au secteur privé, le renforcement de l’agriculture, l’investissement en infrastructures et l’emploi des jeunes ; (viii) Relever le défi de l’éducation ; (ix) Garantir l’accès à des services sanitaires de qualité pour tous ; (x) Soutenir les projets culturels, au cœur du « vivre-ensemble » ; (xi) Promouvoir la place des femmes dans tous les secteurs ; (xii) Intégrer le volet environnement dans politiques et stratégies.
Le financement total prévisionnel pour faire face aux priorités du Pred pour la période 2013-2014 s’élève à 2849 milliards F CFA. Le besoin de financement à couvrir, après prise en compte du financement par le budget interne et des financements extérieurs correspondants aux projets et programmes en cours ou de financements acquis ou partiellement acquis est de 1285,55 milliards FCFA sur les deux ans, soit 45 % du financement total.
Ce besoin de financement intègre l’écart de financement du budget d’Etat, pour un montant de 178,4 milliards de F CFA sur deux ans : 31,6 milliards de F CFA en 2013 et 146,8 milliards de F CFA en 2014.

Des garde-fous
Enfin, le gouvernement réaffirme sa conviction que la réussite du Plan pour la relance durable du Mali nécessite la prise en compte de la dimension régionale et sous régionale notamment à travers : (i) la consolidation de la bonne gouvernance et l’approfondissement de l’intégration économique ; (ii) le développement des infrastructures économiques dans les domaines routier, ferroviaire, électrique et télécommunication ; (iii) la construction d’un secteur industriel intégré ; (iv) le développement des ressources humaines en matière de santé et d’éducation et (v) la mise en place un partenariat pour la mobilisation des ressources et le suivi évaluation.
Aussi, le gouvernement du Mali s’y est-il engagé, avec l’appui de la communauté internationale, à mettre en œuvre l’ensemble des actions retenues dans le Pred. Ce qui ne semble pas avoir totalement convaincu les partenaires techniques et financiers, notamment la France, qui par la voix de son président François Hollande, a déclaré qu’elle « va lancer un dispositif, avec un site Internet, afin de garantir l’efficacité de son aide et d’éviter le détournement ou la mauvaise utilisation des fonds, tout en soulignant qu’il revenait désormais « aux Maliens de respecter les engagements pour la réconciliation, pour la sécurité, pour l’Etat de droit et pour la bonne gouvernance ».
Quant au ministre français au Développement, Pascal Canfin, il explique que « si un projet ne se réalise pas ou est en retard, les gens pourront prévenir par téléphone ou SMS, via une hotline, de ce qui n’a pas encore été fait. Cela permettra aussi de décentraliser le suivi citoyen de l’aide et favorisera l’appropriation par les Maliens des projets ».
Comme pour rappeler aux autorités maliennes que la communauté internationale veillera désormais de façon stricte à l’utilisation efficiente de l’aide au développement qu’elle va apporter au pays.
En d’autres termes « gno bè gno bougou, n’ka tâ kan bi a la dê ! » Vivement qu’il en soit ainsi !
Bréhima Sidibé

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