Le collectif des ressortissants de 22 fractions et 7 villages dans le nouveau cercle de Ménaka résidents à Bamako, a organisé un point de presse pour dénoncer la décision unilatérale du gouvernement relative au découpage administratif du cercle de Ménaka dans laquelle leurs communautés ne se reconnaissent pas. C’était le dimanche dernier, à l’ex-CRES-Badalabougou.
La conférence était animée par le président du Collectif, Bouheyna Mahmoud BABY, qui avait à ses côtés : Itibicrine Ag SALOUM, Issouf Ag INGARGARAN et plusieurs autres ressortissants de ces localités résidents à Bamako.
Selon le conférencier, le 22 février 2018, le gouvernement a adopté un projet de loi portant création des collectivités de région, de cercles et de communes dans les régions de Ménaka et Taoudéni. Il ressort dudit texte de création: la région de Ménaka comporte 24 collectivités territoriales dont une région, 4 cercles, 18 communes rurales et une commune urbaine.
Pour le conférencier Bouheyna Mahmoud BABY, membre du collège transitoire de Ménaka, ces fractions et villages sont situés à l’est du cercle de Ménaka et représentent les 2/3 de leur cercle.
Aussi, a-t-il rappelé, dans une plainte adressée au gouverneur de la région de Ménaka, les communautés des 7 villages et 22 fractions ont décrié la méthode et les critères utilisés pour aboutir, ce qu’il qualifie de mise sous tutelle de plusieurs communautés sous la domination d’autres.
De ses propos , il ressort que ce sont le mécontentement et la frustration dans 22 fractions et 7 villages dans le cercle de Ménaka après l’annonce par le Conseil des ministres de la création des collectivités territoriales du nouveau cercle de Ménaka, le 28 février 2018.
Par ailleurs, a fait savoir le conférencier, après avoir protesté dans leurs localités respectives, les leaders des communautés “lésées” par ce découpage séjournent à Bamako où ils ont rencontré les ministres des Collectivités territoriales, de l’Administration territoriale, la Commission de l’administration territoriale de l’Assemblée nationale, le chef de cabinet du Premier ministre, etc. pour demander la prise en compte de leurs doléances.
Selon le président du collectif, l’une des principales raisons du refus des communautés est la distance de leurs villages et fractions du chef-lieu de la Commune.
Pour lui, ces communautés ont le sentiment de se sentir marginalisées. La preuve : le dernier village est situé à 70 km de Ménaka.
Pour Bouheyna Mahmoud BABY, cette situation met en mal la cohésion sociale au niveau du cercle de Ménaka.
«Elle risque de mettre les communautés et leur administration dos à dos. On ne peut pas forcer une fraction ou un village à adhérer à une commune qui n’est pas son choix et qui ne se trouve pas dans la même zone géographique», a-t-il déploré.
De même, il a fait constater que toutes les nouvelles communes créées à savoir : Tabankort, Infoukaretane, Tinabaw et Inazole sont sélectivement choisies et situées dans la zone sud-ouest du cercle suivant, dit-il, l’appartenance politique (deux communes pour une même fraction).
Et pourtant les communautés vivant dans la zone nord-ouest, nord-est, sud-est du cercle de Ménaka composées de 22 fractions et 7 villages ont exprimé leur volonté de vivre ensemble, conformément à l’esprit de la libre administration prônée par la décentralisation, sans être écoutées. Et cela, malgré la constitution de dossiers de création de leurs communes dument établis et remis au représentant de l’Etat. En effet, dans leur démarche, elles proposent que la ville de Ménaka soit une commune à part entière. Pour leurs localités, deux propositions sont retenues, à savoir : la Commune rurale d’Intoudoufte et celle d’Izgaret.
Face à ce dialogue de sourd avec l’Etat, les communautés ‘’lésées’’, ont décidé, à travers des manifestations, et des conférences de presse de dénoncer : le caractère sélectif et la volonté manifeste d’exclusion entretenue et soutenue depuis plusieurs décennies par l’Etat malien; la non-prise en compte de près de 90% du territoire du cercle de Ménaka et des communautés dans le découpage actuel ; les injustices dont sont victimes certaines communautés au profit d’autres.
Elles exigent leur implication des responsables des communautés dans tout le processus de découpage.