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Art et Culture

D’Haïti au Mali, la danse transgressive de Kettly Noël
Publié le jeudi 5 avril 2018  |  Le monde.fr
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La chorégraphe, qui campait l’incontrôlable Zabou dans le film « Timbuktu », d’Abderrahmane Sissako, participera au débat sur le genre, lors de la troisième édition des Voix d’Orléans.

Zabou fait sourire, mais elle peut aussi inspirer la peur. Il y a en elle un subtil mélange de fragilité, d’inconscience, de force et de courage. Dans Timbuktu, le chef-d’œuvre du cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako, qui a obtenu sept Césars en 2015, dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur, Kettly Noël interprète le rôle de Zabou, une petite femme mystérieuse au regard inquiétant et aux cheveux hirsutes. Comme elle est un peu disjonctée, on la laisse transgresser tous les interdits dictés par la charia. Alors elle fume, elle chante, se maquille, danse… Sorte de poétesse vaudoue, elle insulte même les djihadistes qui règnent sur Tombouctou, au centre du Mali, sans provoquer leur haine. « Connards ! » est le premier mot qu’elle prononce dans le film, et c’est en les regardant dans les yeux.
Lire aussi : « Timbuktu » : face au djihadisme, la force de l’art

Kettly Noël est une actrice et une chorégraphe qui sera présente à la 3e édition des Voix d’Orléans, vendredi 6 avril, où elle participera au débat sur « le progrès du genre ». La danseuse est une énergie brute, une force vivante. Mais derrière ce caractère insoumis apparaît aussi une grande sensibilité. « Comme Zabou, Kettly est une femme de défi qui ne se laisse pas enfermer, assure Abderrahmane Sissako. Elle est libre, mais fissurée. C’est un cri. »

Attirance magnétique pour le Mali
Kettly Noël est née en Haïti il y a cinquante-deux ans. Elle a grandi sur ce « bout d’Afrique » des Caraïbes, la première République noire libre de l’Histoire. C’était en 1804, et c’est toujours une fierté dans ce pays où la population d’ascendance vient très largement des côtes africaines, et notamment de l’ancien port négrier de Ouidah, au Bénin (ex-Dahomey). A fond de cale, les anciens esclaves ont été déportés avec leur culture, leurs rites vaudous et évidemment leurs danses.

Le lien est fort avec l’Afrique. « Que ce soit au carnaval, pendant la fête de l’indépendance ou lors de divers événements sportifs ou religieux, j’ai toujours dansé, se souvient l’actrice. La danse est en moi. » La volcanique Kettly Noël est une touche-à-tout, véritable boulimique d’échanges et de rencontres. Elle débarque à Paris au début des années 1990 et papillonne entre la musique, la danse et le théâtre. Elle lit beaucoup et se découvre grâce à Amkoullel, l’enfant peul, d’Amadou Hampâté Bâ (Babel, 1992), une attirance magnétique pour le Mali. A la Maison des cultures du monde, elle présente en 1995 Nanlakou, une première pièce chorégraphique où elle interroge ses racines haïtiennes. Elle se fond dans les rythmes. Quelques mois plus tard, elle croise Angélique Kidjo et, entre l’Haïtienne et la Béninoise, la danseuse et la chanteuse, les liens deviennent naturels et spontanés. Kettly Noël fera la chorégraphie du clip d’Agolo, un tube de la diva africaine.
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