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Leçon de géopolitique : Le printemps arabe ou le « cauchemar arabe » ?!
Publié le vendredi 6 avril 2018  |  Infosept
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Il y a huit ans, le monde saluait la noblesse du combat des peuples arabes qui s’étaient dressés contre la tyrannie, pour la liberté et la démocratie. Aujourd’hui, les martyrs des différentes révolutions qui ont secoué le monde arabe seraient morts pour pas grand-chose. Les vieilles habitudes ont la vie dure. Et l’on se demande si un jour, la démocratie trouvera gîte dans cette partie du monde.

Le Maréchal Abdel Fatah Al Sissi vient d’être réélu, sans surprise aucune, avec 97% des voix. Quand on sait que le peuple égyptien s’est dressé contre trente ans d’un pouvoir sans partage de Hosni Moubarak, ce score a de quoi choquer. Car, dans ce scrutin, toutes les candidatures sérieuses ont été systématiquement écartées. Et ce n’est que dans les dernières heures de la campagne qu’un candidat se présenta, Moussa Mostafa Moussa, lui-même fervent soutien d’Al Sissi.

Comble du paradoxe, malgré cette élection avec un score à la soviétique, et la démarche très peu démocratique de son déroulé, Al Sissi est populaire. Où sont donc passées les aspirations démocratiques des égyptiens ? Parce que, même si la victoire du Maréchal ne souffre pas de doute, les égyptiens ne se devaient-ils pas de dénoncer les dérives dictatoriales de la gouvernance d’Al Sissi, ne serait-ce que pour honorer la mémoire des martyrs de la place Tahrir ? Et quand on sait que l’Egypte a eu, dans son histoire, six présidents dont cinq militaires et un issu des rangs des frères musulmans, l’on se demande si réellement le pays est prêt pour la démocratie.

Cauchemar arabe ?!
La Tunisie, par où le printemps arabe a commencé, a vu son chef d’Etat, Zine el-Abidine Ben Ali, d’alors prendre la poudre d’escampette quand la révolte eut gain de cause du système policier d’oppression et de corruption en place, à l’aide d’un hélicoptère direction l’Arabie Saoudite. Les Tunisiens découvrirent avec horreur la face cachée du régime. Rappelons qu’en 1999, Ben Ali remporta la présidentielle avec 99%. Mais la palme du ridicule, est à décerner à Saddam Hussein, qui lui, a été réélu avec 100% des voix en Iraq, pour un taux de participation tout aussi plein ! Saddam voulait par ce score, envoyé un pied de nez à l’occident, surtout aux USA qui voulaient sa peau. Quant à Al Sissi, à chaque fois qu’une ONG internationale, ou même l’opposition mettra en doute sa légitimité, il sortira comma argument qu’il a été élu avec 97% des voix.

En Libye, le pays peine à se réunir. Après 40 ans du règne de Kadhafi, les factions armées éparpillées un peu partout sur le territoire refusent l’autorité centrale de l’Etat. Et des groupuscules islamistes armés se mêlent dans le désordre pour créer un chaos indescriptible. Là aussi, la démocratie semble un rêve inaccessible. Alors que le pays voudrait organiser, pour la première fois, des élections présidentielles, le fils du dictateur, Seif El Islam, voudrait être du scrutin, pour être élu démocratiquement.

En Syrie, Bachar Al Assad qui hérita du pouvoir de son père, tient bon malgré une guerre civile meurtrière. Mais comment sera la Syrie de demain, après tant de destructions et d’effusions de sang ? L’avenir de ce pays du Moyen-Orient est d’autant incertain, que l’on n’est plus sûr s’il conservera les limites de son territoire d’avant-guerre.

Là, les espoirs des syriens pour une démocratie, libre et plurielle, ont été détruits. Sciemment, alors que la défaite semblait toute tracée pour Bachar, ce dernier permis l’implantation des groupuscules armés islamistes afin d’être pour le monde, la seule alternative louable. Et avec l’implication de Moscou, il est toujours là. En réalité, le cas de la Syrie est typique d’une crise où les puissances du monde bandent leurs muscles. Et les civils en paient le prix très cher.

Au Yémen, les deux puissances de la région se font une guerre, par procuration. L’Iran soutient les rebelles houtis chiites et l’Arabie Saoudite, à la tête d’une coalition militaire composée notamment des Emirats Arabes Unis, prêtent main forte au gouvernement du président Abd-Rabbo Mansour Hadi, d’obédience sunnite.

Rappelons qu’en 2011, dans la foulée des printemps arabes, une contestation populaire éclata au Yémen, et le président d’alors, Ali Abdallah Saleh, après s’être blessé lors d’un bombardement du palais présidentiel, quitte le pays pour se faire soigner en Arabie Saoudite. Le pouvoir est alors disputé entre son fils Ahmed et le vice-président Abd-Rabbo Mansour Hadi. De retour, Saleh organise des élections anticipées, qui voient la victoire nette du vice-président.

Dans tous ces pays, où le vent de la liberté a soufflé, les populations s’attendaient à ce que des plus noires des cendres naissent les roses du succès. Aujourd’hui, fort malheureusement, le rêve promis est un cauchemar. Et le réveil semble s’éloigner.

Ahmed M. Thiam
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