Ce sont des milliers de personnes qui ont marché hier à Kénieba pour dénoncer la déclaration faite par une délégation conduite par des responsables du RPM ( parti présidentiel) qui a rendu visite au président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, le 29 mars 2018, au nom de la Communauté du Cercle de Kéniéba. Tout le long de leur manifestation, ils ont dénoncé la « misère des populations de Kéniéba » malgré la présence de 4 mines d’or dans la localité et ont démenti les réalisations annoncées par le député élu dans la circonscription, Boubacar Sissoko, lors de la fameuse cérémonie avec IBK.
Une semaine après une cérémonie à Koulouba consacrant le soutien des populations des ressortissants de Kéniéba au président de la République, des organisations de la société civile et de la jeunesse de la localité ont organisé hier une marche blanche pour dénoncer « une manœuvre » du député Boubacar Sissoko et d’autres élus issus du rang de la majorité présidentielle. « C’est la plus grande manifestation jamais vue dans notre ville. Elle témoigne de la colère des populations contre les opportunistes politiciens », a expliqué Mamadou Keita, ressortissant de Kénieba, venu spécialement de Bamako pour participer à cette marche.
Des propos qui confirment de ceux tenus hier dans nos colonnes par le président du Conseil national des jeunes de Kéniéba, Bréhima Traoré, qui a avoué être piégé par les organisateurs de la visite à la présidence de la République. « On ne dit pas qu’on soutient IBK ou qu’on ne le soutient pas, mais nous rejetons la déclaration faite à Koulouba car les réalisations annoncées par le député sont totalement fausses. Rien n’a été fait ici de ce qu’il a cité », nous a confié hier soir au téléphone le jeune leader. Qui ajoute que la délégation a été manipulée par le député Soumaré.
La marche d’hier a regroupé les militants de la Cafo, du Haut conseil islamique, de l’Amupi, du CNJ et d’autres organisations de la société civile.
En tous cas, la marche de protestation d’hier à Kéniéba désavoue les soutiens à IBK.
Cette vague de visite a commencé par les ressortissants de la ville natale du président de la République, Koutiala, dont les habitants restent totalement divisés depuis le retour de la délégation dans la capitale de l’or blanc. Ils ont été suivis par les ressortissants de Gao qui ont été également désavoués par le président du cadre des Chefs traditionnels et coutumiers de Gao, Abouzeydi Ousmane Maïga, qui a déclaré dans un communiqué sur des radios locales qu’ils n’ont délégué personne pour rencontrer en leurs noms le président de la République.
Le dernier soutien en date est celui du 19 mars dernier d’Habib Sylla, le président du Haut Conseil des Maliens de l’extérieur (HCME) qui fédère des associations des Maliens de l’extérieur. Un positionnement qui a indigné plusieurs associations de la diaspora qui invite le président du HCME a démissionné sachant que l’organisation est apolitique.
Par Ousmane Sagara, envoyé spécial du Groupe Renouveau