A Tombouctou, la semaine dernière a été marquée par l’arrivée d’une délégation de la Croix Rouge malienne conduite par son président d’honneur, Adama Diarra, qui était accompagné du président de l’Assemblée Régionale de Tombouctou et d’autres personnalités de la ville.
C’est sous escorte du MNLA que la délégation est arrivée avec un camion contenant 5 tonnes de riz et quelques cartons de médicaments. Dès que le camion a franchi les portes de la ville, il est passé sous le contrôle des islamistes d’Ançar-dine qui l’ont placé sous bonne garde jusque dans la matinée du vendredi 20 avril. Ils l’ont alors conduit à l’hôpital pour y décharger les médicaments. Les notabilités de la ville ont décidé de remettre les 5 tonnes de riz aux malades de l’hôpital. Le président d’honneur de la Croix Rouge malienne a expliqué que ce premier appui n’est que l’amorce d’une aide humanitaire de plus grande envergure. Sa visite à Tombouctou, a-t-il estimé, a été un succès car elle lui a permis de recenser les besoins des populations dans tous les domaines et de négocier un couloir humanitaire avec Ançar-dine et le MNLA.
Sur un tout autre plan, le même vendredi, plus d’un millier de jeunes ont pris part à une marche pour exprimer leur colère contre la situation qu’ils vivent actuellement. Sur des banderoles et des pancartes, on pouvait lire : « Jeunesse mobilisons-nous pour sauver nos familles et nos biens » ; « 20 jours sans Etat, où est l’Etat, nous sommes abandonnés ». La marche est partie de la dune Sankoré, passant par la rue Kalémé, la foire Yobou pour aboutir à la Place de l’indépendance où elle a été dispersée par des tirs de sommation des éléments d’Ançar-dine qui avaient été accueillis par des jets de pierre alors ils accouraient pour comprendre ce qui se passait. Depuis plusieurs jours, les émetteurs de l’ORTM sont hors tension, la statue d’Alfarouk a été saccagée, les magasins contenant les semences pour les plaines rizicoles ont été vidés et les grains bradés à des commerçants.
De temps en temps, des maisons de particuliers sont attaquées malgré les patrouilles de nuit comme de jour des éléments d’Ançar-dine. Il y a aussi le casse-tête posé aux parents d’élèves dont les enfants sont en classe d’examen et qui n’ont ni argent ni bonne adresse pour les envoyer se faire évaluer ailleurs. Beaucoup de gens ont perdu leur emploi et sont contraints à l’oisiveté. L’argent se fait rare dans la ville. Du coup, les boutiques connaissent la mévente. Même les animaux souffrent aujourd’hui de la rareté des pâturages. Ce qui entraîne la diminution de la viande de qualité chez les bouchers. Les Tombouctiens souffrent le martyr et implorent Allah le Tout-Puissant pour un retour à la normale sans effusion de sang.