Bamako, 6 avr 2018 (AFP) - Quatorze jihadistes présumés arrêtés dans le
centre du Mali ont été tués vendredi dans une "présumée tentative d'évasion",
a annoncé l'armée malienne dans un communiqué.
"Suite à une présumée tentative d'évasion, quatorze suspects terroristes
ont trouvé la mort le 6 avril 2018 à Dioura", selon la Direction de
l'information et des relations publiques des armées, ajoutant qu'ils avaient
été interpellés le 5 avril avant d'être remis à des militaires maliens dans
cette localité du centre du Mali.
Deux élus locaux de la région ont indiqué à l'AFP sous le couvert de
l'anonymat qu'une vingtaine de civils auraient été tués ou arrêtés à Dioura et
ont mis en doute la thèse d'une évasion.
Selon le communiqué de l'armée, "face à cette situation, le commandement a
pris toutes les mesures pour faire toute la lumière sur cette question,
conformément aux dispositions en la matière".
Amnesty International a appelé mardi les autorités maliennes à faire la
lumière sur des exécutions extrajudiciaires dans le centre du Mali, où six
corps ont été récemment retrouvés dans une fosse commune.
Une semaine auparavant, des associations peules et de défense des droits de
l'Homme, dont Human Rights Watch, ont réclamé l'ouverture d'une enquête après
la découverte à Dogo (centre) des dépouilles de six personnes, arrêtées
quelques jours plus tôt par l'armée, selon elles.
Amnesty a indiqué avoir recueilli des témoignages selon lesquels ces six
corps "découverts dans une fosse commune le 25 mars étaient ceux de personnes
arrêtées trois jours auparavant par l'armée dans le village de Dogo et
emmenées vers une destination inconnue".
"Cette découverte macabre intervient après des semaines d'une violence
croissante qui a placé les civils du centre du Mali entre deux feux, exposés
aux disparitions forcées et aux exécutions illégales de l'armée d'un côté, et
de l'autre aux bombes au bord de la route et aux enlèvements par les groupes
armés", souligne l'ONG.
En conséquence, Amnesty "exhorte les autorités maliennes à enquêter" sur
les agissements imputés à leurs forces et à "traduire en justice tous les
responsables de crimes présumés, devant des tribunaux civils ordinaires".
La Mission de l'ONU au Mali (Minusma) a exprimé le 29 mars dans un
communiqué sa "vive préoccupation" face à l'accroissement des "violations et
abus graves des droits de l'Homme à l'encontre de civils, dont des cas
d'exécutions sommaires" dans le centre du pays, où les groupes jihadistes sont
particulièrement actifs.
Elle s'était dite "également préoccupée par l'ampleur des violences
intercommunautaires dans les régions du Centre, lesquelles ont fait au moins
une cinquantaine de morts".
"Certains cas sont imputables aux groupes d'autodéfense communautaires",
soulignait la Minusma, saluant la visite fin mars du Premier ministre
Soumeylou Boubeye Maïga et les engagements du gouvernement à "faire toute la
lumière sur les violations et abus graves des droits de l'Homme et à traduire
en justice leurs auteurs".
La communauté peule accuse régulièrement les autorités de tolérer, voire
d'encourager les exactions de groupes de chasseurs traditionnels à son
encontre, au nom de la lutte contre les jihadistes, ce que démentent
catégoriquement les représentants de l'Etat.
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