Bilal Ag Achérif, secrétaire général du Mouvement national pour la libération de l’Azawa (MNLA) et président en exercice de la Coordination des mouvement de l’Azawad (CMA) revient d’une tournée d’un mois dans la région de Tombouctou. Grâce à l’alliance d’un mouvement, le MNLA devient la première force militaire dans cette région, parmi les groupes signataires de l’accord de paix de 2015.
Le 23 mars, alors que le Premier ministre malien Soumeylou Boubeye Maiga est reçu par des dignitaires et chefs coutumiers à Kidal, Bilal Ag Achérif est accueilli au même moment par les autorités de la région de Tombouctou en grande pompe. Il est reçu par le gouverneur de la région, Koïna Ag Ahmadou et le commandant de zone militaire de la région, le colonel Abbas Dembélé.
« Cette tournée en mars était programmée bien avant l’annonce de la venue du Premier ministre dans le Nord », assure Hassan Ag Fagaga, président des autorités intérimaires du conseil régional de Kidal et officier du MNLA. « C’est moi qui lui ai conseillé de se rendre à Tombouctou pour renouveler le contacts avec nos combattants et écouter les doléances de la population. »
Depuis la crise en 2012, c’est la première fois que Bilal Ag Achérif tient un meeting dans la ville de Tombouctou, sous le contrôle de l’armée et de l’administration malienne. Un scénario impensable, il y a encore quelques années à cause du conflit entre les mouvements armés du nord et le gouvernement central de Bamako.
Mais depuis la mise en place du régime de sanction au Mali par l’ONU, les relations semblent s’améliorer. Gouvernement et groupes armés s’activent sur le terrain.
La région de Tombouctou, abrite la base Ouest de la CMA. Située à Ber, à 60 km de Tombouctou, elle contrôle plusieurs localités de la région. « Bilal Ag Achérif y a installé l’État-major, mis en place le bureau politique de la CMA, désigné les coordinateurs de patrouilles mixtes de sécurisation de Tombouctou avec les forces armées maliennes (FAMA) et informé les militants de la coalition du niveau de mise en œuvre de l’accord », explique Boubacar Ould Hamadi, président des autorités intérimaires du Conseil régional de Tombouctou et membre de la CMA.
Fusion
Lors de cette tournée de près d’un mois, trois étapes importantes ont marqué la présence de Bilal Ag Achérif dans la région de Tombouctou. En plus de la visite de la ville de Tombouctou qui marque désormais l’accès à toutes les villes du nord aux leaders des groupes armés, l’étape de la localité de Gargando, à environ 150 km à l’Ouest de Tombouctou s’est avérée vitale pour les ex rebelles.
Bilal Ag Achérif a rencontré dans cette localité le 19 mars le colonel Abass Ag Mohamed Ahmed, chef d’Etat-major du Congrès pour la justice dans l’Azawad (CJA). Les échanges ont porté sur un éventuel ralliement du CJA au MNLA. « Les deux hommes ont essentiellement discuté des conditions de fusion entre les deux mouvements, c’est-à-dire, le nombre de postes qui seront ouverts aux membres de la CJA, au sein de la CMA ou dans d’autres organes prévus par l’accord de paix », nous confie une source bien introduite.
Quelques jours plus tard, le 31 mars, le colonel Abass Ag Mohamed Ahmed a publié un communiqué pour annoncer la fusion de son mouvement avec le MNLA. Ce ralliement change les rapports de force entre les mouvements armées dans la région de Tombouctou. « Le MNLA devient la première force militaire dans la région de Tombouctou parmi les mouvements armés signataires de l’accord de paix », affirme une source sécuritaire Ouest africaine.
Quelques jours plus tôt, Ag Achérif était à Bourem Chida, une autre localité de la région de Tombouctou. Dans ce petit village qui a montré une grande adhésion au projet de la CMA, Ag Achérif a bénéficié d’une cérémonie digne d’un chef d’État.
Drapeau du MNLA hissé, tribune officielle, danse traditionnelle, discours… Les notables de Bourem Chida appellent Bilal Ag Achérif, « le président de l’Azawad ». Il y a reçu du chef de village, le bouclier du guerrier touareg, symbole de la résistance touareg.
« Griffes de terroristes »
À mille kilomètres au sud de cette localité, Bamako ne montre aucun signe de gêne par cette tournée du secrétaire général du MNLA. « Nous savons que la CMA est en perte de vitesse à cause des activités des groupes terroristes. Les recrutements se font notamment parmi les populations locales. C’est une bonne chose si la CMA arrive à extraire les populations des griffes des terroristes », confie une source haut placée dans l’administration malienne.
À quelques mois de l’élection présidentielle, toutes les parties signataires de l’accord de paix semblent désormais résolues à avancer vers une pacification de leurs relations. Une des conditions indispensables pour la tenue d’un scrutin apaisé dans le nord du pays.