Quand les Hébreux sentaient peser trop lourd sur leurs épaules le poids du mal, ils chargeaient un bouc de leurs péchés et l’envoyaient dans le désert. Les textes sacrés ne disent guère un seul mot du sort ultérieur réservé à ce bouc qui a engendré l’expression tant usité de bouc-émissaire.
Mais l’actualité malienne jette une lumière nouvelle sur cette énigme, lorsque nous voyons que des bannis de la gestion des affaires publiques, dans un passé récent suite à deux scandales financiers de près d’une centaine de milliards de Fcfa, sont aujourd’hui projetés sous les feux de la rampe.
Ces hommes lourdement chargés et lâchés au milieu du gué par des compagnons de fortune ou d’infortune – c’est au choix- aux épaules suffisamment larges pour supporter la lourde charge, ont pu regagner la rive, non sans être aidés, loin des regards indiscrets, par ceux qui faisaient semblant de les bannir.
Voilà donc le vrai destin du bouc-émissaire. Ayant reçu du grand prêtre l’imposition des mains, il sortait coupable par la porte d’Orient, puis, ayant fait lentement le tour du Temple, rentrait purifié par la porte d’Occident, prêt à servir de nouveau à la prochaine occasion.
Je ne désigne personne, même si ceux qui se sentiront morveux se moucheront, en attendant qu’on ne vienne un jour m’inculper d’exercice illégal de la morale