Le Réseau des ONGs d’appui au processus électoral au Mali (Apem) a organisé, le samedi 31 mars, à son siège, une conférence de presse pour présenter son rapport d’observation préélectorale. Ladite conférence était animée par son président, Dramane Diarra, en présence des représentants de plusieurs organisations faitières du réseau.
Selon le conférencier, le réseau Apem, à travers ses coordinations régionales et du district de Bamako, a déployé des observateurs nationaux pour superviser les opérations de révision exceptionnelle des listes électorales du 25 février au 6 mars 2018. À le croire, le rapport de synthèse, basé sur les données qualitatives et quantitatives, collectées, traitées et analysées par les structures du réseau, permet de se rendre compte du déroulement des opérations, en déceler les imperfections et de proposer des solutions aux problèmes identifiés. “Cette opération vise le perfectionnement constant de notre processus démocratique en général et du processus électoral en particulier. Par ailleurs, le rapport intègre une analyse de l’environnement préélectoral axée sur les enjeux et les défis des élections générales de 2018, notamment l’élection présidentielle du 29 juillet prochain”, a-t-il ajouté.
Et de rappeler le contexte de la tenue des élections générales de 2013. Selon lui, au gré du consensus des acteurs, ces élections ont pu se tenir sur la base du fichier issu du Recensement administratif à vocation d’État civil (Ravec). Ce, malgré les insuffisances. Cependant, dit-il, certaines recommandations essentielles à l’issue desdites élections portaient sur la nécessité du recensement des primovotants. Ainsi, poursuit-il, en lieu et place de la révision annuelle des listes électorales et en vue de parachever le processus du Ravec, les autorités ont décidé d’organiser des opérations de finalisation du Ravec, en l’espace d’un mois (octobre 2014). À l’issue de ce délai, le travail était loin d’être terminé d’où une prorogation décidée par les mêmes autorités jusqu’au 31 décembre 2014.
Plusieurs insuffisances décelées
Il a saisi l’opportunité pour dénoncer qu’en dépit de cette prolongation de la période de recensement, il est ressorti des constats des observateurs du réseau Apem, notamment l’insuffisance de temps dans plusieurs localités (un jour de travail contre une semaine prévue), la défectuosité du matériel (panne des machines, batteries avariées) par endroits, le problème de pièces d’identité, la faible affluence des populations.
Il ajoutera que c’est par une décision que le ministre en charge des élections a autorisé la révision exceptionnelle des listes électorales qui a été diffusée dès sa réception et les autorités locales (préfets et sous-préfets) se sont mises à la tâche. C’est ainsi que les sous-préfets ont adressé des lettres aux partis politiques de leur ressort, invitant ces derniers à fournir la liste de leurs représentants devant siéger au sein des commissions administratives. Aussi, dira le conférencier, les sous-préfets ont décidé de créer des commissions administratives de révision exceptionnelle des listes électorales.
Manque d’intérêt des partis politiques
À l’entendre, en ce qui concerne les documents de la révision exceptionnelle des listes électorales, ils n’ont été réceptionnés souvent que le vendredi 23 février 2018, veille du démarrage des opérations et acheminés le même jour au niveau des arrondissements. “Dans l’ensemble, les opérations de révision exceptionnelle des listes électorales se sont déroulées sans incident majeur. Cependant, dans plusieurs communes du cercle de Koulikoro, il a été remarqué que les primovotants se sont vu attribuer le nom de famille de leur mère au lieu de celui du père. Ces opérations n’ont pas suscité d’engouement souhaité au sein de la population. Aussi, les partis politiques ne se sont pas montrés particulièrement intéressés”, a-t-il précisé.
Pour lui, les enseignements qu’il faut tirer de cette révision sont, entre autres, l’absence d’engouement des populations, le délai trop court pour une telle opération, l’insuffisance de moyens financiers, l’expression d’une dynamique de consolidation d’un climat consensuel, vital pour la démocratie et le processus électoral désormais mis en danger.
Les observateurs du réseau ont formulé des recommandations, à savoir la mise en œuvre d’une campagne de sensibilisation à l’adresse des électeurs avant les opérations, la prorogation du délai pour les inscriptions, les radiations et les transferts des électeurs, l’acheminement à temps des documents de révision au niveau des commissions administratives, la prévision de lignes budgétaires pour la prise en charge de l’acheminement des documents. Pour des élections générales transparentes, sécurisées, acceptables, crédibles et conformes aux standards internationaux, le Réseau recommande à tous les acteurs de s’inscrire dans la recherche et le renforcement d’un climat consensuel et inclusif tout le long du processus, dans la mobilisation générale contre la fraude, la corruption et la violence afin de contribuer aux mesures de prévention de l’insécurité et de renforcement de la sécurité.