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Politique : IBK face à ses alliés d’hier…
Publié le lundi 9 avril 2018  |  L’aube
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Le président Ibrahim Boubacar Keïta se trouve aujourd’hui dans une situation peu enviable. Il est décrié non seulement par la grande majorité des Maliens, mais aussi et surtout par ses soutiens politiques d’hier dont certains se dressent désormais en redoutables adversaires. D’autres, plus déterminés, tentent déjà de contrer le « Mandé Massa » dans ses élans et ambitions cachées, en cours de manifestation sous formes de cérémonials orchestrés depuis Koulouba pour préparer les esprits à une réélection en juillet prochain.

En effet, en 2013, la ruée des Maliens vers les urnes pour choisir le candidat du Rpm a étonné plus d’un. Aussi, les militaires et les religieux ne s’étaient autant affichés en faveur d’un candidat qui a su emballer tout le monde avec un projet de société irréaliste. Entouré et encensé par des laudateurs, IBK aura révélé, en moins d’une année d’exercice du pouvoir, ses limites. Depuis, il a perdu l’estime des Maliens. Même le petit cercle d’opportunistes, qui se veut mordicus une majorité présidentielle, tourne le dos au président IBK, devenu insupportable même au sein de sa famille politique. Et pour preuve… Depuis le début de la législature en 2013, plus de 5 députés ont claqué la porte du parti présidentiel. La dernière en date est celle du très populaire Niamé Keïta, élu à Nara. Celui-ci, en démissionnant du Rpm, a mis le doigt sur la plaie, en dénonçant la mauvaise gouvernance et l’incapacité du régime à répondre aux aspirations des populations.

Certes, ces « démissionnaires » n’ont pas affiché d’ambition présidentielle, mais il est évident qu’ils seront du côté des adversaires du probable candidat du Rpm, IBK, à la présidentielle de juillet 2018. Au-delà de sa famille politique, l’autoritarisme du « Mandé Manssa » et l’égocentrisme de certains de ses camarades politique ont fait voler la CMP en éclats. Elle ne compte plus qu’une poignée de partis politiques méconnus du tiers des Maliens. Certains ont quitté le navire pour avoir été snobés durant le mandat, et d’autres, pour avoir été sevrés alors que leurs appétits étaient loin d’être satisfaits. Quasiment tous nourrissent l’espoir d’occuper le fauteuil de leur « ami d’hier ». En première ligne, l’ADP-Maliba qui a déjà désigné son candidat en la personne de Alou Boubacar Diallo. Faut-il le rappeler, ce parti fut le premier à claquer la porte de la Convention de la majorité présidentielle. C’était en juillet 2016. Un coup dur pour la majorité présidentielle qui venait de perdre quatre députés. Et comme si cela ne suffisait pas. L’ADP-Maliba a étalé, dans la foulée, le régime sur la place publique : «Le processus de paix est à la traine, l’économie nationale ne profite pas aux populations, l’image du pays est fortement écornée par des scandales à répétition restés impunis», avait déclaré son président, Amadou Thiam. Ce fut un lever de boucliers. L’ADP-Maliba est vite rejoint par Sadi pour former un nouveau groupe parlementaire. Et Oumar Mariko, leader de ce parti, a aussitôt enfoncé le clou… Motif invoqué pour justifier son départ de la CMP ? L’échec de la gouvernance IBK. Et pour preuve, il déballe les mauvaises pratiques orchestrées à l’Assemblée nationale, où des députés auraient, par exemple, bénéficié de marchés en violation flagrante des textes.

Alors que les Maliens n’avaient pas fini de commenter le départ fracassant de l’ADP-Maliba et de Sadi, Racine Thiam abandonne son poste de Directeur de la communication de la Présidence. Le jeune Thiam, président du parti CAP, n’en pouvait plus de supporter son patron, carrément coupé des réalités du pays. Coup de tonnerre ! Racine formalise, le 28 octobre 2017, son rapprochement avec l’URD, principal parti de l’opposition.

Puis vint le tour du parti Yelema de l’ancien Premier ministre Moussa Mara de lâcher ses alliés d’hier. Retrait acté lors du 2è congrès du parti, les 18 et 19 novembre 2017 à Mopti. Contrairement au CAP, Yelema n’a pas rejoint l’opposition, préférant adopter une position médiane. Et dernière fissure au sein de la majorité présidentielle : le départ du Congrès d’initiative démocratique (CNID- Faso Yirawa Ton. On s’y attendait, depuis la cérémonie de présentation de vœux de Me Mountaga Tall, président du parti, à la presse. A l’occasion, il n’avait pas été tendre avec le régime en place. « La gouvernance en cours sera soumise à la sanction du peuple qui aura le dernier mot à l’issue d’élections démocratiques et transparentes », avait laissé entendre Me Mountaga qui a même souhaité la fin du régime d’IBK « afin qu’on mette un terme à la comptabilité macabre des Maliens et autres amis venus nous aider ».

Et depuis quelques semaines, Me Mountaga est devenu encore plus virulent. Il a même lancé un mouvement qui prône l’alternance. On pourrait dire qu’il a les mêmes ambitions que Moussa Sinko Coulibaly, cet autre « allié d’hier» d’IBK, qui ne rate plus aucune occasion pour fustiger sa gestion. « Pendant ces premières années, le pays n’a progressé dans aucun secteur de la vie de l’Etat. Au contraire, nous avons régressé dans tous les domaines. L’insécurité s’est généralisée, la corruption est devenue un mode de gouvernance, la justice est à plusieurs vitesses et les gouvernants (le président Keïta et son équipe) ne s’occupent que de leurs propres affaires », selon Moussa Sinko. Il estime que IBK doit démissionner pour abréger la souffrance des Maliens ou ne pas se représenter pour continuer de se moquer du peuple.

Entre IBK et Mohamed Ali Bathily, ancien ministre, la rupture risque de tourner en adversité. En effet, le ton est donné par Bathily qui ne mâche pas ses mots pour fustiger son désormais ancien patron.

Pour les uns, cette rupture entre le président Keïta et ses alliées est tout simplement le signe de la mauvaise gouvernance au sommet de l’Etat. IBK n’a pas su donner une réponse aux attentes légitimes du peuple malien.

Sambou Diarra

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