WASHINGTON - La France compte acheter deux drones de surveillance Reaper aux Etats-Unis pour une livraison avant la fin 2013 afin de soutenir ses opérations au Mali, a-t-on appris vendredi de sources concordantes en marge d'une visite du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian à Washington.
Il s'agit de matériels en cours de production et initialement destinés à l'US Air Force qui seront redirigés vers l'armée française, a-t-on indiqué à l'AFP dans l'entourage du ministre français de la Défense.
Le magazine Air et Cosmos avait révélé dans la matinée sur son site
internet que la vente portait sur "deux drones MQ-9 Reaper", dans une version
non armée.
Afin de disposer de cette nouvelle capacité le plus tôt possible, une vingtaine de militaires partiront dès juillet aux Etats-Unis pour y être formés à l'emploi du Reaper, précise le magazine.
M. Le Drian s'est refusé à confirmer tout accord sur l'achat de drones.
"Je ne suis pas venu pour ça (...). Il se trouve que parallèlement il y a des discussions pour l'achat de drones. Tout le monde sait que nous discutons avec les Américains, potentiellement aussi avec les Israéliens", a affirmé le ministre devant la presse.
Il a reconnu le "besoin urgent" pour la France de se doter de drones d'observation de théâtre. "Pour pourvoir le plus rapidement possible à cette lacune, il faut acheter sur étagères", c'est-à-dire tels quels, sans les adapter avec des technologies autres que celles fournies par le constructeur.
Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel et son homologue français
"ont discuté du sujet" lors de leur entretien au Pentagone qui a duré une
heure trente, a confié à l'AFP un responsable américain.
Tout achat de drones MQ-9 Reaper aux Etats-Unis suppose l'accord du Congrès. Lors de sa visite, M. Le Drian a notamment rencontré le président de la commission des Forces armées du Sénat, le démocrate Carl Levin.
Le Reaper, qui dispose d'une autonomie supérieure à 24 heures, est doté de nombreux équipements de surveillance, notamment des caméras. Il peut emporter bombes et missiles mais les Français ne veulent les utiliser que pour l'observation. "Nous n'avons jamais parlé d'autre chose", a assuré le ministre.
Les Etats-Unis ont 104 Reaper dans leur inventaire. Ils doivent encore en
acquérir une vingtaine cette année, et 12 en 2014, selon le Pentagone.
Au Pentagone, comme à la Maison Blanche, où il a rencontré le conseiller
adjoint pour la sécurité nationale Tony Blinken, Jean-Yves Le Drian a présenté
les conclusions du Livre blanc français sur la défense.
"(Tony) Blinken a salué l'engagement du président (français François) Hollande de maintenir le niveau actuel de dépenses de défense ainsi que les importantes contributions de la France à la paix et à la sécurité mondiales, notamment au Mali", a fait savoir la Maison Blanche.
Lors d'une intervention devant la fondation Carnegie, le ministre français a par ailleurs dit souhaiter que Etats-Unis et les pays européens prennent des "sanctions décisives" contre l'Iran et son programme nucléaire controversé.
Sur la Syrie, également évoquée lors de ses entretiens, M. Le Drian a noté que "la vraie sortie (de la crise, ndlr) ne peut être que politique", tout en rappelant le "soutien indéfectible" au Conseil national syrien. Il a dit soutenir l'initiative américano-russe d'organiser une conférence
internationale sur la Syrie à Genève.
"Il y a quelque chose d'assez insupportable de voir que Moscou peut livrer des armes alors qu'il y a un embargo" de l'Union européenne, que la France souhaite revoir, a-t-il toutefois dénoncé, interrogé sur la livraison de missiles de croisière antinavires au régime de Bachar al-Assad.