En décidant d’aller, en rangs dispersés, à l’élection présidentielle du 29 juillet prochain, l’opposition risque, non seulement, de se faire battre à plate couture par le président sortant ; mais aussi, de reléguer aux calendes grecques l’alternance souhaitée par le peuple malien.
Tant souhaité par nos populations, le changement de gouvernance n’est peut-être pas pour demain. Dirigés, depuis un quart de siècle, par la même classe politique, les Maliens souhaitent, cette année, le changement : changement de l’équipe dirigeante, changement de gouvernance.
Enterrer le « système Adema »
Prévue pour le 29 juillet prochain, l’élection présidentielle semble être tout indiquée pour ce faire. Surtout, après 25 ans de mal gouvernance. Avec les résultats que l’on sait.
Partout, le même refrain : « mange et tais-toi ! Et s’il en reste, la nation pourrait en bénéficier ».
La corruption est d’un naturel insoupçonné. Et le pillage des finances publiques, un sport national.
L’année 2014 a été décrétée, par le président de la Rue publique, « année de lutte contre la corruption ». Mais, coup de théâtre : cette même année 153 milliards CFA ont été passés à la casserole par les « Bouffecrates ». Du moins, si l’on en croit le rapport du Vérificateur général.
Devenues des fabriques de chômeurs, les universités déversent, chaque année, sur le marché du travail des milliers de diplômés qui savent, à peine, lire et écrire.
S’y ajoutent une pauvreté et une misère endémiques. Dans certains quartiers de notre belle et sale capitale, la misère est si forte que certains chefs de famille se voient obligés de quitter le domicile conjugal dès l’aube. Et sur la pointe des pieds. Parce qu’ils ne disposent pas des 500 ou 1.000 CFA nécessaires pour faire bouillir la marmite.
Quant à l’eau, l’électricité et les soins de santé, ils restent un luxe en ce 21e siècle pour l’écrasante majorité de nos concitoyens.
C’est pour inverser cette tendance, pour le moins suicidaire, que les Maliens souhaitent le « changement » : changement dans le mode de gouvernance, changement aussi au sein de l’équipe dirigeante.
En effet, depuis la révolution de mars 1991, qui a renversé le régime dictatorial du général Moussa Traoré, le Mali est dirigé par la même classe « pourritique », pardon politique. Après un quart de siècle de tâtonnement et d’amateurisme, elle a montré ses limites.
Mais au lieu de reconnaître son échec et de présenter ses excuses au peuple malien pour n’avoir pas honoré ses « promesses électorales », elle entend remettre le couvert le 29 juillet prochain.
Plus grave, les ex-compagnons d’IBK, qui se présentent comme les « champions de l’alternance » jouent les trouble-fête dans cette élection, censée être un tournant décisif. Pour le Mali. Et pour les Maliens.
Censés profiter de l’impopularité d’IBK, faute d’un bilan digne de ce nom, les candidats indépendants peinent à émarger du lot. A cause, notamment, de leur amateurisme.
Prônant l’alternance au sommet de l’Etat, l’opposition s’est montrée incapable de parler d’une voix. Emise depuis plus de trois mois, l’idée d’une candidature unique des partis politiques de l’opposition n’est plus dans l’air du temps. Chaque leader de l’opposition croit voir son heure sonner pour occuper le « trône de Koulouba ».
Autant de manquements et d’égoïsme, qui risquent de profiter au président sortant.
Malgré son bilan jugé « catastrophique », il risque de rempiler pour un second et dernier mandat. Au grand dam des populations, qui souhaitent un changement au sein de l’équipe dirigeante, dont la moyenne d’âge est de 65 ans.
Rôle de la jeunesse
Aujourd’hui plus qu’hier, c’est l’existence même du Mali qui est menacée. Le nord et le centre du pays sont occupés par les groupes djihadistes. Et comme si cela ne suffisait pas, 2/3 du pays échappe au contrôle de l’Etat.
Seule la jeunesse, organisée au sein des associations et mouvements politiques, peut sauver le Mali de l’emprise des djihadistes et des politicards, dont le seul objectif est de jouir des délices du pouvoir.