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Accusations des FAMA: la lâche instrumentalisation …
Publié le mercredi 11 avril 2018  |  Info Matin
Patrouille
© AFP par PHILIPPE DESMAZES
Patrouille de l`armée malienne et française à Goundam
Patrouille de l`armée malienne et française entre Goundam et Tombouctou
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Entre l’enfer des mines anti personnelles et celui des pyromanes suppôts de la division de notre pays, les Forces armées maliennes (FAMA) payent indiscutablement un lourd tribut à cette guerre antiterroriste imposée à notre pays. Et la disparition récente de 14 présumés djihadistes n’est pas pour arranger les choses pour elles.





Comme on pouvait s’y attendre, la polémique est relancée de plus belle quant à la responsabilité des FAMA dans la mort de présumés djihadistes à Dioura, dans le Cercle de Ténenkou. ’’Exécutions sommaires’’ ; ‘’bavure de l’armée malienne’’, les qualificatifs se bousculent pour accabler les FAMA manifestement pour délit de faciès.
A ce stade, le Gouvernement est toute à l’aise.

D’abord, il n’a pas connaissance du nombre exact des présumés djihadistes tués. Il n’a pas non plus connaissance « d’exécutions sommaires ». C’est ce qu’a affirmé le ministre de la Défense et des anciens combattants, Tienan COULIBALY, dans une interview accordée à un confrère. Ce qui revient à dire qu’il laisse l’entière responsabilité du nombre 14 à ceux qui l’ont avancé de même que celle de l’accusation ‘’d’exécutions sommaires’’ qui seraient perpétrées par les FAMA.

Ensuite, il fait une mise au point de taille : ce ne sont pas des éléments égarés qui sauraient répondre au nom de toute l’Armée.

Enfin le ministre COULIBALY a annoncé que le Procureur militaire va clarifier la situation. Il s’agira pour ce magistrat de dire effectivement qui a tué, par qui ils ont été tués et comment cela a été fait.
A priori, au regard de ce qui précède, il n’y a pas matière à polémiquer. Les responsabilités seront situées et les auteurs éventuels punis conformément à la loi.

Par contre certains éléments peuvent paraître incommodants et dangereux.
D’abord, à peine données, les assurances du ministre de la Défense quant à l’ouverture d’une enquête par le Procureur militaire que les mêmes inquisiteurs des FAMA se précipitent au créneau pour réclamer l’ouverture, parallèlement à celle-là, d’une enquête par un juge civil.

Veut-on insinuer que le Procureur militaire du fait de son statut ne peut faire montre d’objectivité ?
Rien n’est moins sûr, d’autant plus que l’ONG Human Rights Watch demande aux autorités maliennes de conduire des investigations « crédibles ».

Ensuite, il y a la tendance évidente de victimisation d’une ethnie. Ainsi les FAMA seraient les bras séculiers d’une purge ethnique au nom de la lutte antiterroriste.

La preuve ? D’abord, le 25 mars 2018 une fosse commune contenant 6 corps était découverte près du village de Diogo, dans le Cercle de Youwarou. Par le truchement d’un raccourci spectaculaire, les FAMA ont été mis en l’index. Et que dire de cette déroutante affirmation du maire de Diogo, Oumar DICKO, depuis son exil doré à Sévaré : « on les connaissait. Ils n’étaient pas des djihadistes, ce sont des vendeurs, des commerçants. Tous sont des Peuls ». Il y a une claire allusion au fait que l’Armée a exécuté d’innocents commerçants. Pourtant il n’y avait aucune conclusion d’enquête allant dans ce sens. C’est la présomption de culpabilité qui a prévalu.

Ensuite quand il a été question de présumés djihadistes tués à Dioura, le même confrère a tendu son micro à un responsable d’un mouvement associatif à l’appellation typiquement peulh. « Il y a 14 personnes qui ont été arrêtées et exécutées par des militaires maliens. Le communiqué de l’armée dit qu’ils essayaient de s’évader, chose qui n’est pas vraie. Ce sont des exécutions sommaires ; il n’y a pas eu de tentatives d’évasion. J’ai eu des sources sûres. Ces gens ont été arrêtés dans le village de Nebal, près de Dioura ». Même s’il fait référence à satiété à des ‘’sources sûres’’, il n’en demeure pas moins que c’est de Bamako qu’il porte l’accusation et que la fiabilité de sa source ne tient que de seule la confiance qu’il a en elle.

Le comble de l’accusation facile chez ce responsable associatif, c’est que même le maire de Nampala, d’où sont originaires les présumées victimes, est moins expéditif : « Vendredi, une patrouille de l’armée arrivait dans le village de Nebal dans l’après-midi et ont trouvé beaucoup de personnes dans le campement. Selon les informations, cela s’est passé entre 15 heures et 17 heures. Là, ils ont arrêté 14 personnes, dont deux personnes de plus de 65 ans. Les femmes et certains ont pu fuir et nous ont donné les informations à travers les responsables locaux. Ils sont tous des citoyens de Nampala, bien qu’ils soient dans la zone de Dioura. Certains sont de la même famille. Pour l’instant, nous ne parvenons pas à voir les corps, mais on espère les retrouver ». Lui, le maire, se garde soigneusement de parler « d’exécutions sommaires ». Il espère même retrouver les personnes portées disparues.

Cette contradiction laisse clairement apparaître la volonté d’instrumentalisation de situations non encore élucidées par certains responsables tapis dans la capitale, à la seule fin de mettre à rude épreuve l’unité nationale.

Faudrait-il les qualifier d’agents de l’étranger dont la mission est de faire voler en éclats l’unité nationale, en transformant une guerre antiterroriste en une guerre contre une ethnie ? La tentation serait grande de franchir le pas.

En tout état de cause, l’État malien ne semble pas se détourner de sa mission de protection des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire national. « L’Armée du Mali est là pour tous les Maliens. L’Armée du Mali n’est là contre personne. Nous demandons à l’Armée d’exécuter sa mission dans le respect strict de la loi », a soutenu le ministre de la Défense et des anciens combattants au cours de son interview.

In fine, il est vital d’arrêter de jouer avec le feu de la division. L’heure devrait être plutôt à l’union sacrée autour des FAMA qui bravent à chaque instant la mort pour que les autres citoyens puissent vivre dans une sécurité relative.

Par Bertin DAKOUO

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