Pour commencer avec sa carrière, Mariam Sangaré dédie un son à sa mère Tata Diakité, décédée alors qu’elle n’avait que trois ans.
En solo, avec une voix blanche, Mariam Sangaré chante sa mère. “Tata Saya”, la mort de Tata en bambara. Le single de sept minutes cinq secondes ne retrace pas la vie de sa regrettée maman, mais évoque sa peine à surmonter sa mort. Elle parle aussi des difficultés auxquelles les enfants orphelins sont confrontés dans la société. “La méchanceté n’a pas de sens. Chacun mourra un jour. Prenez soin les uns des autres”.
Mince et moyenne en taille et un visage placide, la jeune fille de 18 ans, annonce le top départ de sa carrière dans la musique avec à la clé ce première single dédié à sa mère.
“J’ai décidé finalement d’évoluer dans la musique. Cette chanson, c’est pour remémorer ma mère. Elle est aussi une façon pour moi, de me présenter au grand public avant de débuter ma carrière d’artiste”, explique-t-elle, au cours d’un déjeuner ce week-end au restaurant Fany.
Mariam Sangaré n’est pas novice sur la scène de la musique malienne. En 2011 déjà, elle avait ému le grand public en imitant sa défunte mère à l’émission de téléréalité “Mini Star” qui met les enfants en compétition musicale. A 11 ans, elle a remporté le premier prix. Mariam Sangaré a également participé à l’édition 2014 de la même compétition. Avec son talent connu dès à bas âge, la fille de Tata Diakité n’avait pas accepté faire carrière dans la musique malgré les encouragements des proches de sa mère.
“Mon rêve était de finir avec mes études et devenir un cadre. Mais les conditions ne m’ont pas permis de réaliser ce rêve. J’ai beaucoup souffert ! Rien qu’en 2016, je n’ai pas pu me présenter au bac parce que j’étais très malade”, regrette-elle
“La musique, dernier de mes rêves, est devenue aujourd’hui mon premier espoir”, souligne-t-elle le sourire forcé. Mariam voit autrement sa vie si sa mère était en vie.
“Je n’allais pas chanter ou je serais déjà une star de la musique malienne. Si elle n’était pas morte, j’allais étudier dans des écoles où les maîtres ont le temps pour chaque élève et non dans les établissements où les maîtres ne connaissent pas tous les élèves de leurs classes”, regrette Mariam Sangaré.
A peine sortie, “Tata Saya” propulse déjà la jeune Mariam. Les radios et les chaînes de télé se bousculent pour l’avoir sur leurs plateaux.
“Elle nous a été recommandée par les téléspectateurs. C’est une étoile montante. Sa chanson et son histoire sont émouvantes. Je n’ai pas pu contenir mes larmes quand elle a commencé à chanter sur le plateau. Je me suis souvenue immédiatement le jour où Tata est décédée”, confie Awa Konta, animatrice de l’émission “Bon appétit” sur Renouveau TV.
A l’image de Samba Diallo, Djénéba Seck et Oumou Sangaré, beaucoup d’artistes voient en Mariam un talent prometteur dans la musique. “Elle a du talent. Elle deviendra une artiste de renommée avec un peu de persévérance”, prédit l’artiste Samba Diallo.
En route pour un concert à San, Tata Diakité, la mère de Mariam Sangaré, a été victime d’un grave accident. Quelques jours après, le 24 janvier 2003, elle est décédée à Bamako laissant derrière elle Mariam Sangaré, âgée à l’époque de trois ans et son jeune frère, Ladji Sangaré, un an à peine. Tata venait de divorcer. Le père de ses enfants avait déjà quitté le Mali. Elle raconte son enfance avec amertume.
Mariam et ses frères ont été confiés à Baya Diakité, la petite sœur de leur grand-mère maternelle. Cette dernière n’avait pas de moyens comme Tata Diakité pour s’occuper d’eux.
“J’ai changé de jardin d’enfants faute de moyens. Je n’oublierai jamais ça. C’est dur de perdre sa mère si tôt”, lâche-t-elle d’une voix triste.
Malgré les difficultés, elle a pu passer le bac en 2017. Elle étudie présentement au Conservatoire Balla Fasséké. Né aux Etats-Unis, son petit frère Ladji a pu avoir son passeport américain et vit là-bas depuis deux ans.