L’alliance MSA-Gatia accuse le directeur de la division des droits de l’Homme de la Minusma, Guillaume Ngefa. Les deux basés à Ménaka voient dans les déclarations de ce dernier des “allégations scandaleuses”.
Le MSA et le Gatia qualifient de “scandaleuses” et “fausses” les allégations rapportées par un haut responsable de l’ONU, les accusant d’être responsables d’une centaine d’”exécutions sommaires” dans la région frontalière avec le Niger qu’ils contrôlent.
Lors d’un point de presse jeudi à Bamako, Guillaume Ngefa, directeur de la division des droits de l’Homme de l’ONU et représentant du Haut-commissaire aux droits de l’Homme au Mali, avait indiqué avoir reçu des informations faisant état notamment “d’exécutions sommaires d’au moins 95 personnes, qui seraient accusées de terrorisme ou de banditisme, et qui auraient été tuées lors des opérations menées par une coalition de groupes armés” dans la région de Ménaka.
Il avait ajouté s’être entretenu ensuite notamment avec des “victimes du terrorisme et des opérations antiterroristes dans huit localités”, rappelant que “depuis le 8 février, dans la région de Ménaka, il y a des opérations antiterroristes qui sont conduites par la coalition MSA-Gatia”.
“La coalition MSA-Gatia, très présente sur le terrain, n’a jamais eu connaissance d’une mission de Guillaume Ngefa dans ces localités. Alors, où a-t-il pu réaliser le décompte des 95 personnes dont il rapporte l’exécution sommaire ?”, a-t-elle réagi dans un communiqué.
Présents sur la frontière entre le Mali et le Niger, le MSA (Mouvement pour le salut de l’Azawad, issu de l’ex-rébellion) et le Gatia (Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés, pro-Bamako) participent à des opérations de sécurisation aux côtés de la force française Barkhane et de l’armée malienne. Le 1er avril, une telle opération avait causé la mort de 30 jihadistes, selon l’état-major français.
Qualifiant les allégations du représentant de l’ONU de “fausses” et se disant “prête à accompagner et sécuriser toute mission d’enquête indépendante”, la coalition avertit qu’elle “ne recevra plus M. Ngefa après ses allégations scandaleuses et honteuses”.
Elle promet de continuer ses “missions” dans “le strict respect de la loi malienne et du droit international”, assurant avoir toujours “bien traité et ensuite remis tous les malfrats immobilisés aux autorités compétentes”.
La coalition est soupçonnée de profiter de sa proximité avec Barkhane pour régler de vieux contentieux territoriaux, notamment avec la communauté peule.
Une association de défense des droits de l’Homme au Sahel, Kisal, avait tiré la sonnette d’alarme début avril en rapportant des “exactions dont seraient coupables le MSA et le Gatia” et qui viseraient “des hommes des différentes communautés peules rivales du MSA et du Gatia”.