La présidentielle de juillet se prépare. Au sein du parti Adema, la situation devient cornélienne. Dioncounda Traoré, ancien président de la transition sera-t-il candidat du parti ? A défaut d'une réponse claire et nette de l’intéressé la confusion règne dans les rangs du parti désormais divisé entre les différents candidats qui ont postulé à la candidature de l'Adema pour la présidentielle du 29 juillet prochain.
La présidentielle à venir continue de faire bourdonner dans la Ruche où plusieurs courants (clans ?) se livrent bataille. Après moult péripétie et l'organisation d'une primaire qui a vu plusieurs candidats jeter l'éponge. En effet, en mars dernier, Kalfa Sanogo, Moustapha Dicko et Dramane Dembélé, tous candidats à l'investiture de l'Adema ont suspendu leur participation au processus de désignation du candidat à l'élection présidentielle de 2018. Ils dénoncent tous des manoeuvres visant à imposer la candidature de Dioncounda Traoré. Et comme pour donner raison à ceux qui dénoncent des primaires truquées, la direction du parti a validé une seule candidature la semaine dernière. Point de surprise. C'est celle de Dioncounda Traoré.
Cependant, il doit encore se présenter devant le Comité exécutif du parti pour un oral de principe, avant l'organisation de son investiture. Et depuis, il n'a pas commenté. Qu'en cela ne tienne des membres du part, à l'occurrence, Yaya Sangaré, porte-parole du C.E de l'Adéma-PASJ a annoncé le 9 avril dernier, la candidature de Dioncounda Traoré à l'élection présidentielle, sur sa page facebook.
“La candidature de Dioncounda Traoré a été validée, car respectant tous les critères énoncés dans les textes du parti. Toutes les autres candidatures ont été disqualifiées pour non-respect des critères… Dioncounda est le seul candidat du parti…”, a précisé M. Sangaré. Celui-ci a cependant tenu à préciser :”il n’est pas encore le choix définitif du comité exécutif et le processus de choix du candidat se poursuit sereinement dans le respect strict des textes du parti”.
Cependant, Dioncounda Traoré a réagi à travers un entretien téléphonique avec notre confrère Dramane Aliou Koné. L'ancien président de la transition dément avoir accepté l'offre du comité exécutif de l'investir candidat de l'Adéma/PASJ à la présidence de la République pour le scrutin du 29 juillet 2018. « Je n'ai dit à personne que j'ai accepté d'être candidat. Tout ça est faux », a-t-il dit. Que cache l'entêtement du CE à maintenir la candidature de Dioncounda malgré son peu d'empressement ? Pour des calculs politiciens, répondent les autres candidats à la primaire qui dans un communiqué affirment : «Le grand frère Dioncounda n'est donc pas partant. Il l'a réaffirmé à plus d'un camarade. La stratégie est claire : le désigner coûte que coûte pour constater plus tard qu'il n'a pas accédé à la demande expresse de la majorité des membres des sections ou qu'il a désisté en faveur d'IBK».
Force est de constater que cette situation plonge ainsi l'Adema dans la confusion, l'expectative et fait craindre le retour de la guerre des clans qui mine ce parti depuis des années. Et cela à cause de conflits d'intérêts, qui resurgissent à travers chaque scrutin présidentiel.
Un rappel des faits : Le 28 avril 2002, Soumaïla Cissé, candidat officiel du parti, arrive second au premier tour de l'élection présidentielle avec 21,32 % des voix derrière Amadou Toumani Touré (28,71 %). Entre 2002 et 2012, l'Adema est resté un parti dominant, allié au président Amadou Toumani Touré. Aux élections législatives d'août 2002, l'Adéma-PASJ se maintient comme première force politique du pays en obtenant 51 députés. Mais la division de l'Adema-Pasj se poursuit. Soumaïla Cissé, candidat à l'élection présidentielle quitte le parti pour former le 1er juin 2003 l'Union pour la république et la démocratie (URD).
Pour l'élection présidentielle de 2007, l'Adema-Pasj constitue avec l'Urd et 12 autres partis politiques, l'Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) pour soutenir la candidature d'Amadou Toumani Touré.
Soumeylou Boubèye Maïga qui décide de se présenter contre le président sortant est exclu du parti lors de la conférence nationale des 24 et 25 février 2007 avec plusieurs de ses sympathisants.
Et à l'épreuve de la présidentielle de 2013, la désignation de Dramane Dembélé comme candidat du parti a occasionné une véritable saignée. Petit à petit, l'Adema s'est vidé de ses hommes. Soumeylou Boubeye Maïga (revenu dans la ruche) et Sékou Diakité ont quitté avec des milliers de militants. Le premier a créé l'ASMA-CFP et le second a déposé ses bagages à la CODEM. Quelques mois après, d'autres grosses pointures quittent le navire. Il s'agit d'Iba N'Diaye qui a rejoint l'URD et Oumarou Ag Mohamed Ibrahim, alors président en exercice du HCCT, qui a déposé ses valises au RPM. Ce parti (RPM) aussi bien que l'URD, sont tous sortis des entrailles de l'Adema-Pasj.
C'est dire qu'à chaque élection présidentielle, c'est le clash au sein de l'Adema.