L’apprenti sorcier
INTOX
Mohamed Ali BATHILY, ancien ministre de la Justice, et ancien ministre des Affaires foncières et de l’Habitat déclare sur les antennes de RFI : « J’accepte d’être candidat ».
DÉSINTOX
Ah ! L’apprenti sorcier. Pour accepter d’être candidat, il faut au préalable que la candidature soit suscitée par un Parti politique ou un Mouvement politique. Or, à ce qu’on sache, le gros Sarakolé n’a été commis par aucun Parti politique et l’Association pour le Mali (APM), le seul Mouvement sur lequel il devrait pouvoir s’appuyer, l’a flanqué à la porte pour déloyauté envers celui qui lui avait voué une confiance aveugle. Le cercle restreint de ses fidèles lieutenants semble beaucoup plus obligé que tenu. Pas étonnant qu’il se mure dans un silence assourdissant. Alors qui a demandé au Gros Sarakolé d’être candidat à l’élection du président de la République pour qu’il réponde par un gros oui ?
Pis, c’est sur une station internationale de radio que le néo-candidat annonce, de sa façon la plus sérieuse et la plus péremptoire, sa candidature à la présidentielle de juillet prochain, après avoir, à un moment donné, flirté avec un minier à l’toile palie. Le complexe d’une station internationale ? En tout cas, ce ne sont pas les relais locaux qui manquent pour annoncer sa candidature de la plus belle des manières.
« (…) pour dire qu’il est temps qu’on cesse ».
Qu’on cesse quoi ? On ne va pas être léger et superficiel au point de balancer des idées inachevées au sujet de questions aussi sérieuses. Vraiment, dommage pour quelqu’un qui était jusque-là à la loge des personnes les plus rigoureuses dans leur démarche intellectuelle. En effet, ce bout de phrase ouvre la porte à toutes les interprétations possibles, des plus farfelues aux plus crédibles. En tout cas, il ne véhicule pas le fond de la pensée de son auteur. Le baroudeur d’IBK pendant la campagne électorale de 2013 a-t-il, à présent, la frousse d’assumer ses convictions ? Il ne doit pas être évident de s’embarquer dans une aventure avec quelqu’un qui se drape de mystère.
INTOX
« J’ai horreur d’une gouvernance qui finit par être patrimoniale, personnalisée. »
DÉSINTOX
Teins ! C’est étrange. Pendant presque 5 ans, le Gros Sarakolé n’avait horreur de rien du tout. Tout était bien pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Mais aussitôt viré du Gouvernement, il a la nausée d’une gouvernance dont il est incontestablement l’une des vitrines. La gouvernance actuelle est indissociable du nom de Mohamed Ali BATHILY, la seule personne dont l’entrée au Gouvernement était garantie à 100 % si IBK accédait à la magistrature suprême de l’État en 2013. Le Département qu’il allait diriger était même connu à l’avance. Voici l’homme qui parle de gouvernance patrimoniale et personnelle, comme si l’or s’était subitement transformé en cuivre. Cette gouvernance-là, c’est celle dont il a savouré les délices pendant près de 5 sans jamais trouver à redire.
Pendant qu’on y est, pourquoi ne pas aussi parler de gouvernance d’amitié ? Parce que de tous ceux ont soutenu IBK, le Gros Sarakolé n’était certainement pas le seul foudre de guerre politique et du point de vue de l’outil du droit.
Ce qui amène à rappeler cette citation : ‘’l’ingratitude est un crime odieux. Voyez l’animal le plus féroce, il connaît la main qui lui fait du bien’’. Citation de Jean-Louis Moré ; Le petit livre pour le premier âge (1840). Aussi, ne dit-on pas que si l’arbre savait ce qui lui réservait la hache, il n’allait pas lui offrir une manche. Oh, Sacré BATHILY !
Les cris d’orfraie
INTOX
« Je vais me lâcher (…) »
DÉSINTOX
Est-ce une menace ? Un chantage ? Parce qu’avec un Gros Sarakolé à la rage dégorgée, il faut désormais s’attendre à tout. Au regard de l’évolution de la situation, le Gros Malinké a tout intérêt à réviser rapidement ses cours de Karaté pour contenir une éventuelle marée déferlante. Parce que pour se lâcher, le Gros Sarakolé avait commencé à le faire dès qu’il a eu vent de son éviction prochaine du Gouvernement. À Koutiala, il décrète d’attacher à la ceinture un serpent qu’il avait oublié pendant plus de 40 ans. Il a revêtu sa toge d’avocat pour défendre un fils passablement malmené dans l’opinion. Cela s’appelle se lâcher. À présent, si le Gros Sarakolé veut en rajouter une couche, en étalant sur la place publique des confidences, des secrets d’État qu’il peut y aller sans que cela ne surprenne désormais personne en République du Mali, en raison de l’opinion que l’on se fait désormais de sa personne.
Le procès d’intention
INTOX
« (…) j’ai eu le sentiment que M. le président aime les belles formules, ils les adorent ».
DÉSINTOX
Au moins, il fallait plutôt reconnaître que vous avez tous les deux cela en partage. D’ailleurs, à y voir de près, cette capacité à faire des envolées lyriques a dû sérieusement peser dans la balance pour la longévité du Gros Sarakolé dans le Gouvernement. Mais bon, aujourd’hui, seul Ladji Bourama affectionne les belles formules. En tout cas, ce n’est pas le Gros Malinké qui a poussé les populations à s’opposer à des décisions de justice qui sont rendues au nom du peuple. L’avocat qu’est le Gros Sarakolé le sait et sait parfaitement que son incitation à la désobéissance est une violation de l’État de droit. Pourtant, il prétend vouloir présider aux destinées de ce pays. Il faut se rappeler cette citation : ‘’quand le devoir ne se concilie pas avec la justice, il n’y a plus de devoir’’. Citation de Hypolite de Livry ; Pensées et réflexions (1808).
« Mais quand je mets la pratique à côté, elle est en décalage total de ce verbe ».
Ainsi, c’est le Gros Sarakolé qui est en phase avec la réalité. Le Gros Malinké, lui, plane. Mais il se trouve que ce dernier nomme des ministres pour mettre en œuvre son projet de société. Or, un projet de société, ce ne sont pas encore des actes concrets. Alors, s’il y a décalage entre la parole et l’acte, c’est que l’exécutant a failli. Point barre. Il ne faut vraiment pas chercher noise à quelqu’un pour ça.
Du yo-yo au yo-yo-yo
INTOX
« C’est du yoyo permanent. »
DÉSINTOX
S’il faut entendre par ‘’yoyo’’ un mouvement alternatif de hausse et de descente, c’est bien le cas. Le Gros Sarakolé qui a oublié qu’être ministre de la République n’est pas une carrière est descendu de son trône. Comme d’autres ministres avant lui et peut-être d’autres après lui, il est descendu, pardon tombé trop bas en mordant la main nourricière. Pis, avec le Gros Sarakolé, on passe du yoyo au ‘’yoyoyo’’, avec exactement le même discours que celui développé dans la rue : ‘’gestion paternelle’’, ‘’gestion patrimoniale’’, et tutti quanti. Dans un monde normal, c’est le fils qui s’identifie au père et cherche à le dépasser et non l’inverse. Que c’est affligeant de disette l’accusation de l’avocat qui fait du yo-yo-yo.
L’esquive
INTOX
À la question de savoir s’il ne hausse pas le ton parce qu’il n’est plus membre du Gouvernement l’ex indéboulonnable ministre botte en touche : « oh, tout le monde sait mon avis ».
DÉSINTOX
Que nenni ! Tout le monde ne sait pas l’avis du Gros Sarakolé. Par contre, pour tout le monde sérieux, avec un zeste d’éthique, quand on quitte le Gouvernement, la grandeur d’âme devrait imposer qu’on la boucle. Manifestement, ce n’est pas le cas de celui qui a décidé de « se lâcher » on ne sait contre qui ou quoi. Parce qu’aller au fond de ses idées, c’est ce qui manque le plus au Gros Sarakolé qui surfe allègrement sur la vacuité.
« (…) y compris le président de la République. Il sait ce que je pense. ».
Ah bon ! Ainsi, le Gros Sarakolé a peut-être prévenu le Gros Malinké qu’il s’exposerait à subir sa foudre au cas où il s’aviserait de le mettre à la porte du Gouvernement. Ceci expliquerait donc tout ce tintamarre. Oui, il sait le président de la République. C’est pourquoi il multiplie par zéro ceux qui ont fait le choix de ne pas voler très haut dès qu’ils sont sevrés des avantages liés à la charge gouvernementale.
La complotite
INTOX
Pour battre campagne, le Gros Sarakolé compte notamment sur ces clubs de soutiens nommés Association pour le Mali (APM). Le problème, c’est qu’il vient d’être suspendu de la direction des APM. Pour lui, aucun doute, c’est une machination : « Il y a un député qui a orchestré tout ça et deux membres du gouvernement, j’ai les noms. »
DÉSINTOX
Tiè, il faut arrêter avec la manipulation mentale. Il ne s’agit ici ni de député ni de ministre. Il n’y a aucun complot contre qui que ce soit. C’est une question d’éthique et de loyauté pour les autres membres de l’APM qui ont souverainement fait le choix de rester eux-mêmes, de rester fidèles à leur conviction de départ. Pour cette raison, le président suspendu ne peut pas compter sur eux.
D’autre part, les APM sont loin d’être une propriété privée, encore moins celle du gros Sarakolé. D’ailleurs, il sait comment il a été imposé à la tête de l’Association qui a été formée sur instruction du Gros Malinké qui voulait que la quarantaine d’associations éclectiques de soutien se fonde en une seule. Il n’oublie certainement pas que dès le départ, il a fait l’objet de contestation et que le soutien du Gros Malinké a été déterminant pour son maintien à la tête du regroupement. Il sait aussi très bien que sa personne a été au centre de la scission de l’Association sans que la dissidence ne se détourne de son objectif de soutenir IBK. Il sait qu’il est toujours contesté puisque suspendu désormais. C’est donc clair que les APM, c’est pour un soutien à IBK et non à un quelconque usurpateur.
INTOX
Aliou Boubacar DIALLO, président d’honneur de l’ADP Maliba, dans son discours d’investiture, à Nioro du Sahel, dénonce : « Face à un système de terreur, organisé et qui se développe, les atermoiements et la navigation à vue du gouvernement sont insupportables et nourrissent malheureusement le désespoir de certains de nos compatriotes ».
DÉSINTOX
Avant de parler du pilotage à vue du Gouvernement, parlons d’abord du pilotage de la société Wassoul’or, dont il est le Président directeur général. Voici quelques extraits de ce qu’a écrit MEDIAPART, dans un article intitulé : ‘’Mali : Aliou Diallo et Wassoul’Or : La justice enquête sur une mystérieuse mine d’or d’Airbus au Mali’’
‘’C’est une nouvelle affaire très embarrassante pour Airbus Group, l’ex-EADS. Selon nos informations, le géant franco-allemand de l’aéronautique et de la défense est cité dans une information judiciaire pour « escroquerie et abus de confiance», ouverte le 3 mars par le parquet de Paris. L’enquête, confiée à la brigade financière, porte sur l’homme d’affaires franco-malien Aliou Diallo et sa société Wassoul’or, qui contrôlent la mine d’or de Kodiéran, au sud du Mali. La société, en dépôt de bilan depuis deux ans, n’a quasiment jamais rien produit. D’où, la plainte déposée par la société allemande Pearl Gold, qui détient 25 % de Wassoul’or et dont les actionnaires ont perdu la quasi-totalité de leur mise. Ils sont d’autant plus remontés que Diallo a bénéficié, par le biais d’une opération financière trouble, d’un pactole de 60 millions d’euros en actions, qui n’a, à ce jour, pas été remboursé’’.
‘’Selon nos informations, à la mi-2012, M. Diallo disposait d’informations confidentielles issues de Wassoul’or, faisant état de nombreux problèmes liés à la mine (problèmes techniques, fournisseurs impayés, concentrations d’or trop faibles, etc.). Pourquoi ces informations n’ont-elles pas été dévoilées aux actionnaires de Pearl Gold ?’’
Société, en dépôt de bilan, depuis deux ans, opération financière trouble, dissimulation d’information, voici le pilotage exemplaire de DIALLO.
Pour parler du pilotage à vue du Gouvernement, lorsqu’on vote une Loi d’orientation et de programmation militaire qui prévoit un immense investissement pour l’armée d’un montant de 1 230 563 972 349 FCFA, pour la période 2015-2019, peut-on parler de pilotage à vue ?
Lorsqu’on adopte une Loi de programmation sur la sécurité intérieure, d’un montant de 446 milliards FCFA, pour la période 2017-2021, peut-on raisonnablement parler de pilotage ? Évitons de parler de ce qu’on ne sait pas. ‘’De tous ceux qui n’ont rien à dire, les plus agréables sont ceux qui se taisent’’. (Coluche)