Dioncounda Traoré a nommé Tiébilé Dramé conseiller spécial chargé d’engager des contacts avec les groupes armés du Nord. Président du Parena, Dramé a mission de négocier pour que les élections puissent se tenir à Kidal où sont installés les rebelles du MNLA.
En décidant de nommer un émissaire pour tenter de sortir de l’impasse avant les élections, Dioncounda envoie un signal, le premier, que l’Etat malien veut s’investir dans le règlement pacifique de la question touarègue au Nord. Dramé va devoir trouver un compromis avec le MNLA qui refuse le retour de l’administration et de l’armée malienne à Kidal. Il à quelques atouts en main. Il connaît le nord.
En 1996, ministre des zones arides et semi-arides, il a parcouru le septentrion et rencontré ses communautés. Le Parena, son parti, s’intéresse à la question du Nord. En octobre 2012, le parti organise des assises à Bamako, qui réunissent 500 personnes venues du Nord pour témoigner sur l’occupation de leurs villes par les groupes rebelles et jihadistes.La présidence malienne souhaite que son émissaire devienne l’interlocuteur des initiatives diplomatiques menées par les multiples médiations régionales et internationales. Le président malien entend obtenir que les médiations de la Cédéao, de l’Union africaine ou des Nations unies n’opèrent plus chacune dans leur coin mais en synergie avec Dramé.Pour ne pas froisser les susceptibilités,celui-ci devrait se rendre auprès des chefs d’Etat impliqués dans le dossier.
En annonçant son intention de négocier avec le MNLA alors qu’il reste armé, Dioncounda a reculé par rapport à la ligne jusqu’ici défendue par son gouvernement. Le MNLA, qui se sait encerclé à Kidal par l’armée malienne, a sauté sur l’occasion. Tout montre qu’il se révélera flexible, n’ayant plus la force de monter les enchères. Dans l’attaque d’Anéfis par le MAA, le MNLA a perdu 40 hommes; il ne lui reste plus assez de forces pour se mesurer au Mali.D’ailleurs, il a la chance que l’Etat malien n’ait pas compris le message indirect de la France : ce pays a transporté (pour la seconde fois!) l’armée malienne jusqu’aux portes de Kidal et a demandé aux Tchadiens de quitter la zone, signifiant par là qu’il autorisait implicitement l’armée malienne à attaquer. Mais cette dernière a préféré attendre une autorisation expresse que la France ne donnera sans doute jamais…
Tiékorobani