Prôné par la France, qui a beau jeu de mettre ainsi en avant son attachement à la résolution 2085 du 20 décembre 2012 du Conseil de sécurité dont elle a été l’inspiratrice, le dialogue entre Bamako et le MNLA est en bonne voie de s’imposer comme outil privilégié de vider le contentieux kidalois et de rétablir la pleine souveraineté du Mali sur l’entièreté de son territoire.
La déclaration faite par Dioncounda Traoré, vendredi dernier, sur le perron de l’Elysée, au sortir d’une audience chez François Hollande, l’ami et le protecteur de son pays dans la crise existentielle dont il sort à peine, en est l’illustration ardente.
Jusque-là, le président de la République par intérim, en phase avec toutes les autorités civiles et militaires, voire le citoyen lambda, semblait plutôt pencher pour une intervention militaire pour libérer Kidal et la ramener dans le giron national. Le ministre directeur de Cabinet du Premier ministre, Boubacar Sow, un homme réputé pour sa discrétion, avait affirmé publiquement que cette libération devait intervenir à la mi-mai. Avant lui, des responsables militaires avaient annoncé, eux aussi par voie de presse, que l’armée malienne n’attendait que la logistique appropriée dont elle avait passé commande pour donner l’assaut libérateur de l’Adrar des Ifhogas.
Cette litanie belliciste n’est plus de saison. Le ton est désormais au pacifisme et il ne saurait en être autrement. Que peut-on refuser à l’homme qui a sauvé le Mali du péril obscurantiste et qui, pour le remettre en état de marche, vient de mobiliser en sa faveur plus de 3 milliards d’euros, une manne dont il n’aurait jamais rêvé, n’eûssent été ces circonstances dramatiques ?
Reste maintenant à mettre ce dialogue en œuvre et le moins que l’on puisse dire est que cela n’est pas gagné d’avance.
Le premier écueil à surmonter sera la question de savoir si le MNLA acceptera de déposer l’arme au vestiaire avant de prendre place autour de la table des négociations ou si, au contraire, il s’y installera le doigt posé sur la gâchette. Le résultat sera différent, selon l’un ou l’autre cas.
Le second obstacle, qui ne manquera pas de surgir, sera la définition du champ d’application des négociations.
A l’évidence, dans l’esprit du président intérimaire, celui-ci se limite à la seule région de Kidal, sempiternel point de départ de toutes les rébellions armées qui se sont produites au Mali depuis l’indépendance en 1960 et abusivement désignée comme « le fief » du MNLA. Ce dernier, en ce qui le concerne, parle de « l’Azawad » qui, dans son discours et dans son entendement, recouvre les trois régions du Nord Mali, y compris Gao et Tombouctou, même s’il n’y a jamais contrôlé un arpent de sable.
Enfin les deux parties sont loin de partager la même vision de ce qui pourrait résulter d’éventuelles discussions. Dioncounda pense qu’une décentralisation plus hardie, concédant de plus larges prérogatives et des moyens accrus aux autorités locales est la clé pour stabiliser la région de Kidal et la réconcilier avec le reste du pays.
Le MNLA voit plus loin. A défaut de l’indépendance dont il a dû faire son deuil face à la fin de non recevoir vigoureusement opposée par la communauté internationale, il réclame « un statut juridique spécial » qui renvoie à l’autonomie.
Une matière qui, à l’évidence, dépasse les compétences des autorités transitoires puisqu’exigeant une modification de la Constitution, qui devra être de surcroit validée par un référendum.
C’est dire combien s’annonce épineuse la voie qui conduit au dialogue.
Saouti Labass HAIDARA