Les enseignants de la Commune VI du District de Bamako ont déposé un préavis de grève de 72 heures à compter du 23 avril. Objectif : exiger la libération du domaine scolaire de Magnambougou projet, occupé par un particulier.
Au groupe scolaire de Magnambougou projet, la tension est palpable entre la direction de l’école, les enseignants, le comité de gestion scolaire (CGS) et un individu du nom de M’Fa Koné. Au centre de la discorde : une maison située dans la cour de l’école construite par le projet urbain.
« Le projet a exécuté le lotissement du quartier de Magnambougou dans les années 1980. Et le bâtiment servait de bureau à son personnel. Trois magasins et un hangar ont été également construits pour stocker les équipements du projet. Le groupe scolaire de Magnambougou-projet a été construite par le même projet quelques années après », explique Adama Abdoulaye Dembélé, directeur du groupe scolaire I.
Problème : le bâtiment litigieux et les magasins sont situés dans la cour de l’école. Cependant, si les magasins ont été cédés après la fin du projet urbain, tel n’est pas le cas pour le bâtiment qui servait d’entrepôt aux services des domaines. Dans une lettre en date de 1996, adressée au ministre de l’Urbanisme, de la Construction et l’Habitat, le directeur d’alors de l’école, Maurice Keïta a demandé de mettre le local à la disposition de son établissement. Mais sa demande est restée sans suite. Depuis 2008, la maison est occupée par M’Fa Koné, menuisier métallique de bâtiment. « Je suis venu ici à travers Dramane Samaké, employé aux services des domaines pour garder les documents stocker dans le bâtiment», précise M’Fa Koné.
Contacté, ce dernier dégage toute responsabilité. « Je ne suis qu’un intermédiaire. Après le décès du premier gardien, le patron m’a instruit de chercher quelqu’un pour le remplacer. M’Fa Koné est venu dans ces conditions », se défend Dramane Samaké.
Mais là où le bât blesse : au lieu de se contenter de garder les lieux, M’Fa Koné a installé un atelier de menuiserie dans la cour de l’école. Les ouviers dormaient dans la maison et travaillaient dans la cour pendant la journée. En octobre 2016, le directeur du Centre d’animation pédagogique (DCAP) de Sogoniko, Alpha Mahamane Touré, au cours d’une visite est tombé des nues en découvrant l’atelier dans la cour de l’école.
« J’ai immédiatement saisi la police pour libérer les lieux. Outre la menuiserie, la nuit, certains garaient leurs véhicules dans la cour de l’école. Le domaine scolaire est inviolable. Nous avons exigé sa libération », raconte le DCAP.
L’endroit est libéré par les menuisiers, mais le problème n’est pas résolu.
« Après la visite du DCAP, M’Fa Koné a érigé une haie pour tenter d’isoler le bâtiment de l’école. La direction n’a pas réagi. Mais avec les travaux de bitumage de la route qui passe devant l’établissement, une des entrées était inaccessible. Les élèves et les enseignants étaient obligés d’emprunter la seconde porte située en face du bâtiment litigieux », précise le directeur de l’école, Adama Abdoulaye Dembélé. C’est ainsi qu’un jour, un incident a éclaté entre Sidi Coulibaly, enseignant et le petit frère du supposé gardien M’Fa Koné.
« M’Fa et son petit frère ont tenté d’empêcher l’enseignant de traverser la haie. Le jeune aurait insulté l’enseignant. Une bagarre a éclaté et les élèves sont sortis pour soutenir le maître. Mais je n’étais pas présent ce jour », raconte le directeur.
Après l’incident, M’Fa Koné porte plainte au tribunal de la Commune VI du District contre le directeur Adama Abdoulaye Dembélé, le président du comité de gestion scolaire (CGS), Mamadou Dembélé et l’enseignant Sidi Coulibaly. Et pour cause : il accuse ceux-ci d’avoir poussé les élèves à saccager ses biens et affirme avoir perdu plus de quatre millions FCFA.
Mais pour le directeur Adama Abdoulaye, cette accusation « n’est qu’un pur mensonge ».
La mairie du district pointée du doigt
« Je ne peux pas citer des noms au stade actuel des choses. Mais nous avons vu un titre de propriété établi par la mairie du District sur l’endroit. Nous avons également appris qu’un particulier voudrait y construire une pharmacie », confie, Abdallah Diarra, 5ème adjoint au maire de la Commune VI.
Au cadastre Ibrahim Konaté, est formelle : « l’endroit n’appartient pas à la mairie du district. Elle ne doit en aucune manière établir un document de propriété pour l’attribuer à quelqu’un »
Du côté de la mairie de la Commune VI, le CAP de Sogoniko, la direction de l’école, le comité de gestion scolaire et les enseignants s’étonne de l’aveu d’impuissance de l’autorité communale.
« La mairie de la Commune VI a reçu l’instruction du gouvernorat de résoudre le problème. Mais elle affirme qu’elle est trop petite. C’est pourquoi, nous maintenons notre mot d’ordre de grève de 72heures à partir du 23 avril pour exiger la libération totale de l’endroit » a déclaré Mamadou Sidibé, le secrétaire général du Syndicat National de l’Eduction (SYNEB) en Commune VI.
Et curieusement à la mairie du district, certains agents défendent mordicus que le bâtiment n’est pas dans la cour de l’école. Nos questions posées au maire du district à travers son attaché de presse sont restées sans réponse.