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Instruments de mesure : l’équation de la fiabilité
Publié le mercredi 18 avril 2018  |  L’Essor
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La métrologie reste un passage incontournable pour la garantie de la loyauté des transactions commerciales et de la protection des consommateurs. Chez nous, il a été constaté que beaucoup d’instruments de mesure sont hors normes. L’application de la nouvelle réglementation en la matière est confiée à l’Agence malienne de métrologie





Les instruments de mesure sont omniprésents dans notre vie quotidienne. Des balances ordinaires aux pompes à essence, en passant par les taximètres, les instruments de pesage, les compteurs, les chronotachygraphes, les tensiomètres, ces instruments sont désormais incontournables dans la vie. Cependant, leur exactitude et leur précision qui sont pourtant fondamentales, restent un problème réel dans notre pays. Pourquoi ? Parce que la plupart de ces instruments présentent des irrégularités, sont sciemment estampillées ou tout simplement obsolètes. Par conséquent, le kilogramme d’un produit varie d’une balance à une autre ou d’un commerçant à l’autre.

Conscient de cette problématique, le gouvernement, à travers le département en charge du Commerce et de la Concurrence, a créé l’Agence malienne de métrologie pour mettre en œuvre la Politique nationale en matière de métrologie. Qui contrôlent les mesures ? Comment les services de métrologie procèdent-ils au contrôle? Comment choisir les bons appareils de mesure? Comment gérer l’étalonnage et le contrôle des appareils de mesure ou encore assurer la maintenance curative ? Autant de questions à se poser dans notre pays.

La métrologie est la science de la mesure. Elle regroupe l’ensemble des techniques permettant d’effectuer des mesures, de garantir leur exactitude et de les interpréter. Pour le monde économique, elle permet d’assurer la traçabilité et la fiabilité des mesures économiques et s’avère essentielle pour maîtriser les procédés de fabrication et veiller à la qualité des produits. La métrologie peut donc apporter une contribution majeure à la compétitivité des entreprises.

La libéralisation progressive de l’économie et du commerce ainsi que l’évolution rapide des sciences et techniques dans divers domaines du pesage et du mesurage ont rendu nécessaire voire fondamental l’intégration de cet outil économique dans la réglementation commerciale et industrielle. En outre, le nouvel environnement commercial et économique mondial impose à notre pays une harmonisation avec les dispositions régionales et internationales en matière de métrologie.

La loi instituant les systèmes de mesure dans notre pays date de plus 40 ans. Il s’agit de l’ordonnance n°37/CMLN du 2 juillet 1975 définissant les unités de mesure et réglementant le contrôle des instruments de mesure et ses textes d’application. Compte tenu des réalités, le gouvernement a procédé à la relecture de cette ordonnance et de ses textes d’application afin de les adapter à la situation économique actuelle.

Le ministre du Commerce et de la Concurrence explique que l’ordonnance en question avait révélé plusieurs insuffisances et ne répondait plus à l’évolution économique de notre pays. «L’ordonnance de 1975 n’avait pas pris en compte certaines catégories d’instruments de mesure qui sont de plus en plus utilisés dans le commerce et dans l’industrie ainsi que des activités de la métrologie industrielle qui sont, aussi, de plus en plus sollicitées par les usagers (industries/entreprises, laboratoires d’essai, d’analyse et d’étalonnage, etc.) et les consommateurs.

On notait également une incohérence des grandeurs de base reprise dans l’ordonnance avec celles du système international d’unités en vigueur à travers l’attribution à l’administration publique de certaines missions qui, aujourd’hui, sont dévolues au secteur privé, une incohérence dans certaines dispositions de l’ancien texte, notamment celle relative à la fixation des conditions d’agrément des réparateurs balanciers et l’assignation des nouvelles missions à la division de la métrologie dans le cadre de la restructuration de la direction nationale du commerce et de la concurrence», détaille Abdel Karim Konaté.

Selon lui, la métrologie est encore à l’état embryonnaire dans notre pays. «Toutefois, elle reste un passage incontournable pour la garantie de la loyauté des transactions commerciales, la protection des consommateurs, de la santé et de l’environnement. De par son nom, la métrologie est aussi un ensemble de disciplines et techniques qui permettent d’effectuer des mesures et d’avoir une confiance suffisante dans leurs résultats. A cet égard, elle joue un rôle important à tous les stades de la démarche qualité par ses aspects règlementaires», souligne le ministre.

LA SENSIBILISATION, ENSUITE LA RÉPRESSION – L’application de la nouvelle réglementation en matière de métrologie est confiée à l’Agence malienne de métrologie. Elle est chargée de déterminer les unités de mesure légales et les instruments de mesure légaux et de fixer les conditions de leur utilisation, de déterminer les conditions de fabrication, de réparation, d’importation, d’exportation, de vente, de détention et d’utilisation des instruments de mesure soumis au contrôle métrologique. L’agence a aussi en charge la définition et la fixation des conditions du contrôle métrologique ainsi que les organismes compétents en matière de métrologie, d’instituer la redevance métrologique et de définir les infractions à la réglementation métrologique.

Pour son directeur général, Lassana Togola, dès sa création, il y a moins d’une année, l’Agence a véritablement engagé ses activités. «Ici, nous avons d’abord opté pour la sensibilisation. Car il s’agit d’établir, aussi bien pour les consommateurs que pour les utilisateurs, des instruments de mesure, les conséquences de la défaillance et de la non conformité de ceux-ci dans la vie de tous les jours. Un instrument de mesure défaillant peut même causer la mort d’un patient. Imaginez-vous un tensiomètre qui est mal ajusté, cela peut créer une situation dramatique. C’est pourquoi, nous avons initié une campagne d’information et de sensibilisation du 1er janvier au 30 Mars.

Concomitamment, les agents de terrain ont véritablement entrepris le contrôle des instruments», a t-il fait savoir.

Cette première opération, poursuit notre interlocuteur, a concerné le secteur commercial, à savoir les céréaliers, bouchers, boulangers et boutiquiers. «L’opération se poursuivra jusqu’au 30 juin. Elle concerne aussi bien le District de Bamako que l’intérieur du pays. Qu’ils s’agissent des entreprises, des transactions commerciales, des prestations de jaugeage de récipients-mesures concernant les réservoirs de stockage fixes, les camions citernes, l’opération ratissera tous les acteurs de la métrologie.

Au cours des ces sorties, nous contrôlerons, sensibiliserons et ajusterons les instruments détraqués et conseillerons sur ceux défaillants et non conformes aux normes. Après cette étape de sensibilisation et de surveillance du marché, nous engagerons une surveillance répressive face aux instruments défaillant qui pourront être saisis, retirés du marché et les récalcitrants passibles de poursuites judiciaires», a averti le directeur général de l’Agence malienne de métrologie.

Lors de la première opération, les équipes de l’Agence ont constaté que beaucoup de nos instruments de mesure étaient défaillants. «A chaque sortie, nous avons invité les acteurs concernés, entre autres, les commerçants, pharmaciens, gérants de stations-service, chefs d’unités industrielles et les médecins à respecter les normes en matière instruments de mesure», indique Lassana Togola.

Comparativement aux autres pays de l’UEMOA, la métrologie est longtemps restée à la traine au Mali. Ce qui constitue un grand handicap non seulement pour l’économie, le système de santé et pour l’environnement.

Doussou DJIRÉ




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