Les festivaliers ont vibré aux rythmes des instruments traditionnels pendant les trois jours de l’événement, à savoir le M’bolon, le Bara, Niobasso, le Ngoni
Des milliers de personnes se sont donné rendez-vous à Kolondièba, du 13 au 15 avril dernier, pour vivre en direct la 2ème édition du festival international du M’Bolon qui avait pour thème : «Immigration et développement local». La cérémonie de lancement a été présidée par le ministre de la Culture, N’Diaye Ramatoulaye Diallo. C’était en présence de l’initiateur du fesstival, Sikidi N’Fa Konaté, de la marraine de l’événement Mme Diawara Mariame Kondé et du président de la commission d’organisation, Abdoul Berthé.
Après une première édition réussie en 2017, les organisateurs ont décidé de pérenniser le festival en vue de créer un espace d’échanger, de retrouvailles et de cohésion autour d’un instrument traditionnel très significatif : le M’bolon. Plusieurs autres instruments traditionnels en voie de disparition ont été aussi joués lors de cette édition comme le Bara et Niobasso. Le festival a permis à ces instruments traditionnels de revivre au plus grand bonheur du public. L’artiste Abdoulaye Diabaté, invité vedette de ce festival, donne ses impressions. «J’ai vu un instrument traditionnel très ancien qui m’a beaucoup touché. Il s’agit du Niobasso. Je l’ai vu pour la dernière fois en 1976 lors de la Biennale artistique et culturelle. Ce festival est une occasion pour la nouvelle génération de découvrir ces instruments qui sont aujourd’hui en voie de disparition», dit-il. Seydou Koné est un fin connaisseur du M’bolon. Il explique que cet instrument de musique à trois cordes servait à galvaniser les cultivateurs au champ ou à récompenser les plus grands d’entre eux. «Pendant plusieurs décennies, dit-il, le son du M’bolon était considéré comme un mérite national. C’est un héritage culturel qui a été légué par nos ancêtres pour encourager le travail bien fait. Malgré la mécanisation de l’agriculture le M’bolon reste toujours un instrument qui salue le mérite des plus grand cultivateurs. C’est une fierté dans la localité de Kolondièba».
Les festivaliers ont ainsi vibré aux rythmes des instruments traditionnels pendant les trois jours de l’événement. Au-delà des instruments traditionnels, le répertoire musical était aussi bien fourni avec des artistes à dimension internationale comme Abdoulaye Diabaté, Iba One, Doussou Bagayako, Prince Solo, Groupe Binzani, groupe de Tingrela Nahawa Deni, Yoro Diallo. Le festival a été un espace d’échange et de promotion des commerçants, artisans et transformateurs des produits locaux. Amadou Diall est vendeur de chaussures en cuir et de colliers. Selon lui, ce festival a été une occasion pour les artisans de faire connaître leurs produits et de les vendre aussi. «Il y a de l’affluence, mais personnellement je n’ai pas beaucoup vendu. J’ai même établi beaucoup de contacts», raconte-t-il. En plus de la foire, le festival international du M’bolon est aussi un espace de réflexion pour dégager des pistes de développement à travers des conférences-débats animés. Le thème: «Immigration et développement local» a été développé par Marc Dabou, secrétaire général du ministère du Développement local, Mme Sidibé Mahaya Haïdara, conseiller technique au ministère des Maliens de l’extérieur et Sikidi N’Fa Konaté, initiateur et président du festival. Les animateurs ont expliqué les causes et le contexte de l’immigration qui est devenue un handicap pour le développement de Kolondièba. Cette conférence a permis à la population locale d’exprimer des préoccupations pour que le cercle de Kolondièba puisse se développer.
Dans son discours d’ouverture, le ministre de la culture a salué la chaleur et la fraternité de Kolondièba. «En venant ici, chez nous à Kolondiéba, je savais être en terre de cultures», a dit N’Diaye Ramatoulaye Diallo. «La culture de la générosité, la culture de l’hospitalité, la culture de l’honneur, la culture du bonheur, entretenue autour du M’bolon. Ce merveilleux instrument à percussion est davantage un outil de cohésion qui anime les prières, les fêtes religieuses. Il servait à accompagner les rites de passage et d’initiation, exalte la bravoure des travailleurs, ressasse les souvenirs, dénonce les tares de la société. Ce festival entre en droite ligne de la politique gouvernementale de revitalisation des valeurs socio-culturelles fondamentales qui ont fait la grandeur et l’honneur du Mali, et que le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a entrepris de restaurer à travers son Programme d’urgences sociales pour remettre le Mali sur le chemin de l’émergence. Notre culture, c’est ce que nous avons de plus précieux à sauvegarder», a-t-elle indiqué.
L’initiateur du festival, Sikidi N’Fa Konaté, a rendu un hommage à toute son équipe, particulièrement à l’Association Kewalé Ani Sabali. Une mention spéciale a été aussi décernée à Bakary Togola pour son engagement en faveur de la promotion de ce festival. Par ailleurs, Sikidi N’Fa Konaté a exprimé l’engagement du président de la République à faire de Kolondièba, un pôle attractif à travers la construction de la route reliant la ville jusqu’à la frontière de la Côte d’Ivoire.
Les activités de lancement du festival ont été aussi marquées par la remise de boîtes de pharmacie aux 9 communes du cercle et la dotation de la bibliothèque d’un panneau solaire. Le correspondant de l’AMAP a bénéficié d’un ordinateur et d’une imprimante. Les organisateurs ont également donné des attestations de participation et de reconnaissance à plusieurs structures et personnes qui se sont distinguées par leur engagement pour la réussite de l’événement. La 2ème édition du festival a ainsi permis à la population de Kolondièba de s’ouvrir au monde et la mobilisation était au rendez-vous. Partout dans la ville, c’était l’ambiance. Les festivaliers venus de Bamako et de la Côte d’Ivoire se sont côtoyés dans la fraternité. Rendez-vous est donné pour 2019.
Amadou SOW