Alors que des informations selon lesquelles un assaut de l’armée malienne serait imminent pour reprendre le contrôle de la ville, la nomination d’un conseiller spécial par le Pr. Dioncounda Traoré, président de la République par intérim, chargé d’établir des contacts pouvant déboucher sur des négociations politiques avec les groupes armés du Nord, le MNLA surtout, vient remettre en cause cette option. Désormais, il semble bien que Bamako privilégie la voie politique plutôt que l’action militaire.
Bamako doit s’activer pour résoudre le premier défi qui se présente à lui, qui est l’organisation des élections notamment la présidentielle prévue le 28 juillet prochain. Premier obstacle à sa tenue, le cas du MNLA qui refuse l’accès de la ville de Kidal à l’administration malienne aussi bien qu’à l’armée.
Tout juste donc, après le formidable engagement de la communauté internationale en faveur de notre pays, Bamako se met immédiatement au boulot. Et pour cause, la somme mobilisée ne sera décaissée que lorsque le Mali aura fourni des efforts dans le sens de la démocratie et du retour à la légalité constitutionnelle.
Premier acte fort, cette nomination qui vise à résoudre le problème touareg. La personne choisie est Tiébilé Dramé qui connait bien la partie septentrionale de notre pays. En 1996, lorsqu’il occupait le ministère des Zones arides et semi-arides du gouvernement d’IBK, il a rencontré les diverses communautés du Nord malien. Autre expérience, c’est grâce à son initiative d’organiser des assises qu’en octobre 2012, cinq cent personnes venues du Nord malien se sont réunies pour témoigner de l’occupation jihadiste.
Certainement, Dioncounda Traoré ne voulait pas froisser les relations franco-maliennes surtout après l’énorme succès de la conférence des donateurs qui s’est tenue justement à l’initiative de la France. En optant pour la solution politique négociée, le président de la République par intérim efface tous les risques qui peuvent faire perdre à notre pays cet alliée de taille aussi bien sur le plan international qu’interne.
Il a donc opté pour la prudence et balaie du coup, du moins pour le moment, toutes les informations qui annonçaient un assaut imminent de l’armée malienne sur Kidal.
Par cette nomination, Bamako entend prendre le devant des futures négociations. Tiébilé Dramé sera l’unique passage des initiatives régionales et internationales. Les diverses médiations, celles de la Cédéao, de l’Union africaine ou encore des Nations unies n’opéreront plus chacun de leur côté mais en synergie avec le conseiller spécial. Dioncounda à l’Elysée
A l’issue d’un entretien avec son homologue français vendredi dernier, le président de la République par intérim a déclaré : « je suis sûr qu’au moment où je vous parle, le MNLA est prêt à s’engager dans un dialogue sincère et profond avec le reste du Mali ». Tout en insistant sur le fait « de ne pas s’accrocher à des termes tel que l’autonomie ». Il a affirmé que « Le MNLA est constitué de Maliens, de compatriotes à nous auxquels nous avons réservé un traitement différent de celui réservé aux Jihadistes, et avec lesquels nous allons dialoguer, discuter ».
Il va encore plus loin en disant que le MNLA fera partie de ceux qui participeront à la future reconstruction du Mali. « Dans la décentralisation que nous envisageons, qui prévoit des transferts importants de compétences, de responsabilités et de moyens, je suis certain que le MNLA trouvera son compte et que l’ensemble du Mali en tirera bénéfice », a-t-il ajouté.
La perche est tendue, au MNLA de la saisir.