1- Les élections générales de 2013 au Mali ont fait l’objet de nombreuses critiques non seulement de la part des acteurs et observateurs nationaux mais aussi et surtout des observateurs internationaux dont l’Union Européenne.
La mission d’observation de l’Union européenne a formulé 18 recommandations au gouvernement du Mali pour contribuer à la transparence des prochaines élections.
2- Le 31 janvier 2018 , au cours de la réunion du cadre de concertation Administration territoriale - partis politiques , le Ministre de l’Administration territoriale a proposé la création d’un comité d’experts de 15 membres comprenant : 4 experts de l’Opposition , 4 experts de la majorité, 4 experts des non alignés et du centre et 3 experts de l’administration ; ce Comité d’experts a été chargé d’étudier , analyser , discuter les différentes propositions de la classe politique afin d’en tirer une synthèse consensuelle qui constituera le projet de modification de la loi électorale 2016-048 du 17 octobre 2016 .
3- La première réunion du Comité d’experts s’est tenue le 5 février 2018 en présence du Ministre de l’Administration territoriale, avec la participation des experts du Ministère de l’administration territoriale, de l’Opposition, des partis non alignés et du centre.
4- La majorité présidentielle a boycotté la réunion malgré les appels téléphoniques du Secrétaire général du Ministère. La majorité présidentielle a refusé de désigner ses experts.
5- Le Comité d’experts s’est réuni tout le long du mois de février 2018 au ministère de l’administration territoriale en l’absence de la majorité présidentielle, pour aboutir à l’élaboration d’un document consensuel de propositions de relecture de la loi électorale comportant 23 articles.
6- Les 1er et 2 mars 2018 s’est déroulé au Grand Hôtel de Bamako l’atelier de validation des travaux du Comité d’experts avec la présence de 5 experts de l’Opposition , 5 experts et 2 députés de la majorité présidentielle, 5 experts des partis non alignés et du centre , des représentants de la société civile,des représentants des groupes armés .La facilitation était assurée par Mr Martin Nadon directeur de division électorale de la MINUSMA.
7- Au cours de cet atelier tous les amendements proposés par le comité d’experts ont été discutés , amendés et adoptés en séance plénière .
Ce document signé par le facilitateur a été remis à chaque participant .
Le projet a été présenté et adopté par le conseil des Ministres du 21 mars 2018 . Il est actuellement sur le bureau de l’Assemblée Nationale. La commission des lois a commencé à recueillir les avis des acteurs politiques et civils à travers des séances de travail organisées à l’Assemblée Nationale.
8- Après qu’ils aient boycotté les travaux du comité d’experts, le RPM, puis la CMP ont réuni leurs cadres respectivement le 17 mars au CRES et le 18 mars au Grand Hôtel, pour rejeter 15 des 26 propositions du comité paritaire parmi lesquelles:
⁃ la carte d’électeur biométrique;
⁃ la prise en charge par l’État des assesseurs de la majorité et de l’opposition dans les bureaux de vote; la remise des procès verbaux signés aux représentants des candidats;
⁃ la composition de la CENI: le RPM souhaite que la majorité ait plus de représentants au sein de la CENI;
8- Lors de la séance d’écoute des partis politiques à l’Assemblée Nationale, le vendredi 13, les représentants de la majorité présidentielle ont émis des réserves sur les deux propositions qui visent à instaurer plus de confiance et de transparence dans le processus électoral à savoir :
⁃ La possibilité pour l’opposition et la majorité de disposer, d’un assesseur :
⁃ l’obligation faite aux préfets ,ambassadeurs ou consuls de consulter les partis politiques de leurs circonscriptions au moment du choix du nombre et de l’’emplacement des bureaux de vote.
⁃ A l’évidence, la majorité présidentielle souhaite continuer à faire du bureau de vote un lieu où le bourrage des urnes et la falsification des procès verbaux font légion par des agents choisis par la seule administration et où les délégués des candidats en lice sont relégués à l’arrière salle sans aucun pouvoir .
9- En 2013 , 962 bureaux de vote fictifs ont été découverts soit près de 500 000 électeurs, la majorité veut continuer à bénéficier de ce matelas de la fraude en 2018 .
10- Avant même l’adoption de la loi par l’Assemblée Nationale, certains préfets ont déjà commencé à dresser la liste des villages qui seront privés de bureaux de vote:
Exemple:
- Kayes :38 villages;
⁃ Kéniéba: 32 villages;
⁃ Yanfolila :18 villages;
- et il y en aura sans doute plus .
11- La nébuleuse des cartes NINA:
À l’intérieur comme à l’extérieur du Mali, la question de la carte NINA se pose avec acuité. Des dizaines de milliers de Maliens recherchent en vain leurs cartes NINA. En Europe , nombre de nos compatriotes ont perdu leurs emplois faute de NINA. Un rapport du BVG avait suscité des questions sur près de 900.000 cartes NINA.
Des stocks de cartes seraient dans la nature à Bamako et d’autres villes.
12- 1. 300 000 cartes NINA commandées en 2017 sont stockées quelque part à Bamako.
13- La campagne d’inscription des nouveaux majeurs n’a pas atteint les résultats attendus, faute de sensibilisation et de temps suffisant. Moins de 200.000 nouveaux inscrits ont été recensés.
14- On ne voit pas ce que font les autorités pour gérer ces difficultés qui s’amoncellent sur le chemin des élections.
15- La majorité présidentielle refuse la transparence.
Cette attitude doit interpeller toute la classe politique , la société civile, les partenaires au développement car une crise post électorale sera fatale à notre démocratie à notre pays .
16- Les pouvoirs publics maliens n’ont commencé véritablement à préparer l’élection présidentielle qu’à partir janvier 2018 comme s’ils ne s’attendaient à organiser cette échéance constitutionnelle cruciale.
D’où les tâtonnements qui caractérisent l’action du gouvernement en cette période. D’où un chronogramme d’actions incroyablement serré. Les risques d’élection bâclée sont bien grands.
17- L’insécurité est aussi un des gros nuages qui planent sur la présidentielle.