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Consommation du tabac en milieu juvénile : Plus d’engagement dans la lutte
Publié le vendredi 20 avril 2018  |  L’Essor
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© AFP par CHARLY TRIBALLEAU
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Selon une enquête réalisée en 2016 par la Direction nationale de la santé, le taux de prévalence de jeunes consommateurs du tabac est de 16,6% et 10,4% pour la cigarette

Nous avons poursuivi notre enquête sur la consommation du tabac au Mali, en nous intéressant cette fois-ci au cas des jeunes. Selon le rapport 2017 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le tabac tue chaque année dans le monde plus de 7 millions de personnes, dont 80% proviennent des pays en voie de développement. Au Mali, une enquête réalisée sur la consommation du tabac en milieu scolaire révèle ceci : le taux de prévalence des jeunes de 13 à15 ans est de 12% en 2013 ; 12,1% des adultes de 15 à 64 ans fument la cigarette. L’avenir de toute nation repose sur sa jeunesse. Il est donc important que la santé de cette frange de la population soit préservée.

Chez nous, il se trouve que la jeunesse se met en danger en s’adonnant à la consommation de la cigarette. Quelles sont les mesures prises par les pouvoirs publics pour lutter contre le fléau ? Afin de pouvoir répondre à toutes ces interrogations, nous avons rencontré les acteurs concernés par la question.

Un soir, autour de la tasse de thé au grin (cercle d’amis), nous sommes tombés sur Fily Dembélé qui avait arrêté de fumer avant de revenir à la cigarette. Confortablement assis dans son fauteuil, notre interlocuteur raconte que c’est la fierté enfantine et le mimétisme qui l’ont poussé à fumer depuis son plus jeune âge. Entre 15 à 16 ans, il était déjà devenu un grand fumeur. Voit-il une importance à fumer ? Le jeune Fily, avec le sourire, admet que fumer n’a aucune importance, et s’empresse d’ajouter que cela procure quand même du plaisir. Il sait que la nicotine que contient la cigarette, agit comme de la drogue. Comme toute drogue, elle crée de l’accoutumance. Et ce n’est pas le seul danger. Fumer quand il fait chaud, gène beaucoup voire étouffe.

GÉRER LE STRESS. Après avoir raté une bourse d’études, le jeune étudiant, Souleymane Koné, s’est mis à fumer pour pouvoir gérer son stress. Lui aussi pense que le fait de fumer ne procure aucun avantage. C’est pourquoi un jour, il a décidé de tout arrêter. « J’ai constaté que fumer coûte cher et ne procure aucun avantage. Je dépensais de l’argent dans quelque chose qui peut détruire ma santé. Depuis que j’ai arrêté de fumer, je mange et dors beaucoup mieux qu’avant. Maintenant, je me sens vraiment bien dans ma peau», témoigne-t-il.

Tirant expérience de son propre cas, l’étudiant demande aux jeunes de faire attention. «A un certain moment donné, on n’a la fougue, une certaine fierté ou on se sent capable de tout faire, même de déraciner un baobab de ses mains. C’est ce sentiment qui fait que les jeunes tombent généralement dans des situations négatives, notamment dans le tabac», raconte-t-il. Pour notre interlocuteur, le fait de fumer est une grosse erreur, et généralement c’est le regret qui vient après. Un autre jeune fumeur soutient que la cigarette lui permet de surpasser les douleurs, les énervements. «Quant je suis énervé ou choqué, mon envie de fumer me monte», a-t-il fait savoir. Un autre garçon est retourné à la cigarette après avoir pris une longue pause. «J’ai remarqué que quand je ne fume pas, je grossis. Mais en fumant, je perds du poids», exprime-t-il, ajoutant qu’il se sent à l’aise avec le tabac. Cependant, un autre jeune qui a fumé pendant près de 10 ans, a décidé de ne plus tomber dans le piège. « Je demande à mes camarades jeunes de ne pas s’amuser avec la cigarette, car elle est très dangereuse pour la santé», lance t-il .

DES TEXTES NON APPLIQUÉS. Les méfaits du tabac étant connus, les pouvoirs publics ont entrepris de le combattre depuis un certain temps. Cheickna Tounkara, chargé des maladies non transmissibles à la Direction Nationale de la Santé (DNS), rappelle que plusieurs lois et décrets ont été adoptés dans notre pays et cela, malgré la pression de l’industrie du tabac.

Il a cité, notamment le décret 012-MEF du 17 mars 2005, relatif à l’impôt spécial sur certains produits dont le tabac; le décret 97-162 du 07 mai 1977 portant restriction de la publicité et de l’usage du tabac, ou encore le décret 2012-343 du 27 juin 2012 relatif à la commercialisation et à la consommation du tabac. Il est vrai que sur le terrain, ces textes rencontrent quelques difficultés quant à leur application. A la Direction nationale de la santé, on s’intéresse au phénomène du tabagisme.

Selon une enquête qu’elle a réalisée en 2016, le taux de prévalence de jeunes consommateurs du tabac est de 16,6% et 10,4% pour la cigarette. M. Tounkara qui travaille à la Direction nationale de la santé expliqu’au Mali, 23,1% des garçons et 8,8% des filles consomment le tabac. Il existe un plan stratégique multisectoriel regroupant plusieurs ministères.

Ce plan, élaboré en 2016 pour la période 2016-2020, vise à lutter contre le tabac. Il est doté d’un budget initial de plus 800 millions de FCFA. Par manque de financement, ce programme n’est qu’à 5% d’exécution, a indiqué Cheickna Tounkara, avant de souhaiter plus d’engagement de l’Etat dans la lutte contre le tabac.

Un médecin spécialiste considère que le tabac, notamment la cigarette, constitue une réelle menace pour la jeunesse. «Parmi les fumeurs qui viennent pour des consultations, j’ai remarqué qu’il y a beaucoup de jeunes», dit-elle, tout en rappelant que le tabac nuit gravement à la santé, comme cela est mentionné sur les paquets de cigarette. En effet, les nuisances de la cigarette sont diverses et les plus fréquentes sont les maladies respiratoires.

Dans le but de décourager les jeunes fumeurs, notre médecin dit avoir l’habitude de leur montrer des images choquantes des maladies provoquées par la cigarette.

Amadou B. MAIGA
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