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Mauvais traitements infligés aux migrants maliens en Algérie: le ministre Sylla dénonce et accuse…
Publié le samedi 21 avril 2018  |  Info Matin
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© aBamako.com par A.S
Ministre des Maliens de l’Extérieur, Dr Abdramane Sylla
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Rafles, arrestations arbitraires, traitements inhumains et dégradants : des expéditions punitives des autorités algériennes contre les migrants subsahariens, y compris nos compatriotes, continuent de plus belle, au grand désarroi de nos autorités. Le ministre des Maliens de l’Extérieur, le Dr Abdramane Sylla, qui s’est saisi de la question, a manifesté son indignation tout en dénonçant, hier, au cours d’un entretien qu’il nous accordé, un tel mauvais traitement infligé à nos compatriotes. Entretien…

Le voisin algérien, avec qui le pays partage un lien séculaire, est une fois de plus cité sur la place publique. Ce pays, depuis l’arrivée du gouvernement d’Ahmed Ouyahia, a repris de plus belle sa politique d’expulsion des migrants subsahariens. Une politique qui commence à irriter ses voisins nigériens et maliens tant les conditions dans lesquelles s’effectuent ces expulsions sont inhumaines.
Alléguant sa volonté de sécuriser ses frontières, l’Algérie a ainsi entrepris une politique d’expulsion massive des migrants subsahariens vivant sur son territoire, notamment des Nigériens, des Sénégalais, des Guinéens et des Maliens en situation irrégulière.
Ces migrants, à les entendre, ont subi des traitements inhumains de la part des autorités algériennes. Affamés, ils sont dépossédés de leurs biens et battus.
Des témoignages poignants, à la limite, révoltants qui ont été confirmés hier par le ministre des Maliens de l’Extérieur, le Dr Abdramane Sylla, qui nous a accordé un entretien à ce sujet sur la situation de nos compatriotes qui sont confrontés quotidiennement à cette triste réalité.
Approché par nos soins, le ministre, qui n’a nullement esquivé la question, a assuré suivre l’évolution de la situation, à travers les images et la remontée des informations ainsi que les témoignages accablants de nos compatriotes victimes de cette barbarie.
« Les images que nous recevons et les nombreux témoignages de nos compatriotes expulsés de l’Algérie témoignent à suffisance toute la brutalité avec laquelle ils sont traités. C’est un fait très regrettable que nous avons constaté », a confessé le Dr Abdramane Sylla qui révèle par la même occasion que depuis le mois de janvier jusqu’au 3 mars 2018, son département a décompté 1 441 Maliens expulsés de l’Algérie.
« Beaucoup d’entre eux témoignent des conditions souvent très difficiles. Les traitements qui leur sont infligés ne sont pas tout à fait acceptables. J’exprime mon indignation à cet effet », a dénoncé énergiquement le ministre Sylla.

À la question de savoir quelles sont les mesures prises par les autorités maliennes pour faire face à cette situation, le ministre des Maliens de l’extérieur a révélé que le pays a d’ores et déjà réagi au plan diplomatique, à travers la tenue d’une réunion au niveau du ministère des Affaires étrangères sur le sujet. Une rencontre qui fait suite à la convocation en urgence de l’Ambassadeur à Alger et notre Consul général de Tamarasset pour consultation sur cette question par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Tiéman Hubert Coulibaly.
Outre ce rappel de nos diplomates pour consultation, le gouvernement, nous explique le Dr Sylla, entend également prendre, dans les prochains jours, d’autres décisions ou d’autres mesures appropriées pour faire face à cette situation.
« Ce que je peux vous dire, c’est que nous sommes assez préoccupés depuis un certain temps. Nous avons mis en place à partir de la frontière entre le Niger et l’Algérie un dispositif en partenariat avec l’OIM (Organisation internationale pour les migrations). Toutes les fois que les personnes expulsées arrivent au Niger, elles sont amenées à Agadez et d’Agadez, nous les transportons sur Bamako avec l’appui de l’OIM », a-t-il expliqué.
Malgré l’évidence de ces expéditions punitives contre les migrants subsahariens, les autorités algériennes semblent minimiser l’affaire tout en se confinant dans le déni de réalité. C’est le ministre Sylla lui-même qui relève ce comportement très singulier en rappelant l’audience qu’il a accordée à l’ambassadeur de l’Algérie à Bamako pour échanger sur cette question.
« Je crois qu’il semblait dire que ce n’était pas un fait réel, quand bien même aujourd’hui nous avons des chiffres et des images qui parlent. Je pense qu’en tout état de cause, l’Algérie est un pays ami et cette question trouverait vraiment son épilogue dans les échanges que nous envisageons très rapidement avec les autorités algériennes pour arrêter ce qui est en train d’être fait », a schématisé le ministre qui, malgré la gravité de la situation, a tenu à s’adresser à nos compatriotes en situation de détresse en leur conseillant à ne pas attendre qu’on vienne le chercher pour ensuite les expulser.
En tout les cas, pas plus que dans la nuit de vendredi 13 à samedi 14 avril, des arrestations de migrants ont été menées dans les quartiers des Amandiers, de Madina Jadida et de “Coca”, en périphérie d’Oran. D’après une association locale, près de 200 migrants subsahariens ont été emmenés dans des bus vers un centre de rétention du quartier de Bir El Djir dans la banlieue d’Oran. Quelques heures après, ils ont été conduits dans des camions à la frontière avec le Niger, à l’extrême sud-ouest du pays.
Depuis le début de l’année, les autorités algériennes ont expulsé plusieurs centaines de migrants subsahariens à ses frontières sud.
D’après un bulletin du bureau de coordination des affaires humanitaires (Ocha) de l’ONU, près de 28 000 personnes auraient été rapatriées d’Algérie vers le Niger depuis 2014.
Voilà pourquoi le ministre Sylla a rassuré que le gouvernement du Mali ne ménagera aucun effort pour accompagner les Maliens par rapport à leur rapatriement.
« Qu’ils prennent leur courage en main dès lors qu’ils ne se sentent pas en sécurité, qu’ils sortent de ce pays-là. Je voulais leur lancer l’appel qu’ils ne perdent pas leur temps et qu’ils décident dès lors qu’ils sont en situation irrégulière de quitter le pays », a conclu le Dr Abdramane Sylla.

Par Mohamed D. DIAWARA

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