Le secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, Dr Mama Coumaré, a lancé, vendredi dernier à Niamakoro, les journées nationales de vaccination contre la poliomyélite au Mali. Ces journées ont été synchronisées et couplées à l’administration de la vitamine A et de l’Albendazole. Ce sont des journées qui traduisent l’engagement des hautes autorités de notre pays à soutenir des activités en faveur de l’éradication de la poliomyélite, de la prévention et de la lutte contre la carence en vitamine A, de la lutte contre les parasitoses intestinales et l’anémie.
Elles sont aussi, pour l’Etat et ses partenaires techniques et financiers, l’occasion d’affirmer leur quête constante d’un état de bien-être physique, mental et social au profit des femmes et des enfants de moins de cinq ans. Ces Journées nationales se dérouleront en campagne intégrée avec l’administration de la vitamine A et de l’Albendazole, du 20 au 23 avril 2018, sur toute l’étendue du territoire du Mali. Le financement de la campagne coûtera à l’Etat et ses partenaires plus de 890 071 986 F CFA.
Le secrétaire général du ministère en charge de la Santé a rappelé que la poliomyélite est une maladie redoutable, très contagieuse, provoquée par un virus qui envahit le système nerveux et qu’elle peut entraîner, en quelques heures, une paralysie flasque aiguë fébrile, voire la mort. Elle touche principalement les enfants de moins de cinq ans. Une protection efficace de la population contre la maladie requiert une couverture vaccinale de plus de 95%, tant en vaccination de routine qu’en campagne de masse. Ceci exige donc l’administration de doses répétitives de vaccin polio oral.
L’éradication de la maladie est basée sur les stratégies comme l’organisation d’activités supplémentaires de vaccinations (AVS) ou Journées nationales de vaccination (JNV) de qualité, le renforcement de la vaccination de routine et de la surveillance des paralysies flasques aigues (PFA). Dr Mama Coumaré a souligné que la stratégie retenue pour les présentes journées est celle du «porte à porte». Les vaccinateurs passent de maison en maison, dans les hameaux, les sites et points de regroupement (marchés, gares, postes frontaliers, postes de contrôle, ports de pêche…), autant de fois que nécessaire pour vacciner tous les enfants cibles.
Selon le secrétaire général, les progrès enregistrés ces dernières années sont encourageants. A ce titre, la sous-région ouest africaine vient de passer 15 mois sans enregistrer le moindre cas de poliomyélite. Ce résultat très salutaire est le fruit de la conjugaison de multiples efforts qui sont, entre autres, la qualité des ripostes vaccinales et le renforcement de la surveillance épidémiologique. Cela a entrainé une chute très notable du nombre de cas de poliomyélite et de pays endémiques dans le monde, passés de 125 en 1986 à seulement deux en 2018.
Toutefois, les progrès réalisés restent fragiles car la plupart des programmes de vaccination des pays de la sous-région ne sont pas encore à mesure d’atteindre ou de maintenir constamment des niveaux très élevés (95%) de couverture en 3ème dose du vaccin polio oral (VPO3).
Au Mali, le dernier cas de poliovirus sauvage autochtone a été décelé le 23 juin 2011 dans le district sanitaire de Goundam, région de Tombouctou. La situation actuelle au septentrion de notre pays revêt un risque non moindre de propagation du poliovirus au sein de nos populations, constate Dr Coumaré. Mais il soutient que nous devons faire preuve d’une plus grande vigilance pour prévenir la survenue de la maladie.
«L’organisation des JNV Polio de qualité synchronisées avec la Cote d’Ivoire, la Guinée, la Mauritanie, la Siéra Léone, le Niger, le Liberia, la Guinée Bissau et le Benin, permettra de stopper la circulation du PVS et d’accélérer l’éradication de la maladie dans la sous-région», dit-il.
Parlant de la carence en vitamine A, Dr Coumaré expliquera qu’elle constitue un problème de santé publique au Mali. Le fort taux de mortalité infanto-juvénile (98 pour 1000 naissances vivantes), selon l’enquête démographique et de Santé V réalisée en 2012-2013. Elle révèle un risque élevé de carence en vitamine A. Cette carence en vitamine A est la principale cause de cécité évitable chez les enfants dans les pays en développement.
Il a notamment souligné que la supplémentation en vitamine A et le déparasitage sont importants pour la survie des enfants et contribuent à la réduction de la mortalité infantile de 23%, toutes causes confondues et la réduction de la cécité infantile de 70%. Cependant, pour inverser la tendance dans les pays où le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans est supérieur à 50 décès pour 1000 naissances vivantes, l’OMS et l’UNICEF recommandent que tous les enfants de 6 à 59 mois reçoivent chaque année deux doses de vitamine A espacées d’une période de six mois, un taux de couverture supérieur à 80%, afin de garantir un impact significatif sur la survie de l’enfant.
Cet impact serait de 24% de réduction du taux de mortalité infantile. Le représentant de l’OMS, Dr Baba Tounkara a, pour sa part, révélé que l’effort mondial a permis de réduire l’incidence mondiale de la poliomyélite de plus de 90%. Sans cet effort, souligne-t-il, plus de 10 millions de personnes qui marchent aujourd’hui seraient paralysées. Il a félicité la contribution du Mali dans cet effort mondial et rappelé que notre pays a su maintenir le statut de pays libre de polio autochtone depuis 2008.
Pour lui, chaque pays doit préserver ce statut comme un bien précieux malgré les multiples défis. Il est convaincu qu’un jour arrivera où la polio ne sera plus connue par les générations futures grâce aux efforts et actions des pays. Mais il prévient que sans la poursuite de la détermination dans l’effort, il existe un risque énorme de perdre les acquis de l’éradication de cette redoutable maladie.