PolitiquePolitiqueAssemblée Nationale Déclaration de politique générale du PM Soumeylou B Maïga : Le texte adopté par l’Assemblée nationale sans le quitus de l’opposition
Après la présentation de la Déclaration de politique générale (DPG) du Premier Ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, le vendredi 20 avril 2018, les débats sur cette DPG ont eu lieu hier, lundi 23 avril 2018, à l’Assemblée nationale du Mali. Comme on pouvait s’y attendre, cette DPG passe comme lettre à la poste malgré les observations et inquiétudes formulées par les députés de l’opposition. Si le texte fut adopté par la majorité parlementaire, l’opposition a refusé de donner son quitus évoquant l’insuffisance du texte et l’illégalité du gouvernement qui ne respecte pas la loi sur le genre. Ainsi, la DPG a été adoptée par la majorité des députés à hauteur de 109 voix pour, 35 voix de l’opposition ont voté contre et zéro abstention. Tout au long des débats, le PM, Soumeylou Boubèye Maïga a insisté sur la tenue des élections présidentielles le 29 juillet 2018. Selon lui, les nouvelles cartes d’électeur seront disponibles le 20 juin prochain.
Les travaux de séance plénière tenue dans la salle Modibo Keïta de l’Assemblée nationale étaient présidés par le président de l’Hémicycle, l’honorable Issaka Sidibé, en présence des membres du gouvernement avec à leur tête, le premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, chef du gouvernement et d’autres personnalités. Les députés ont débattus sur la DPG du PM durant toute la journée d’hier (10 heures à 17heures). Si la majorité a bien apprécié le document soutenant qu’il est clair, ambitieux, réaliste, réalisable et prend en compte le projet présidentiel, par contre, l’opposition l’a carrément rejeté tout en expliquant qu’il est insuffisant et ne convainc pas. Au cours de leur passage, les députés de la majorité ont tous évoqué leur satisfecit par rapport au texte. Selon le président du groupe parlementaire RPM (Rassemblement pour le Mali), Boubacar Sissoko, cette DPG est conforme au projet présidentiel à savoir « le Mali d’abord ». Toutefois, il a invité le PM à organiser les élections présidentielles à date. Pour sa part, Mamadou Diarrassouba du même groupe a invité le chef du gouvernement à surmonter les défis électoraux et sécuritaires que le pays fait face. Boulkassoum Touré de la majorité a souligné que la DPG est de qualité. Pour l’honorable, Zoumana N’Tji Doumbia, la DPG est claire, ambitieuse, réaliste et réalisable. Quant à l’honorable Issa Togo, la visite du PM au nord rassure. Il a mis l’accent sur l’insécurité à Koro. Pour Mme Haïdara Aïchata Cissé, le processus DDR (Désarmement démobilisation et Réinsertion) est une occasion idéale pour renforcer la sécurité dans le Nord et le Centre du pays.
Le député Kalilou Ouattara s’attaque au PM : « vous avez échoué »
Quant aux députés de l’opposition, ils n’ont pas fait de cadeau au PM. « Vos prédécesseurs et vous-mêmes avez échoué dans la mise en œuvre de l’accord. C’est un texte indigeste. L’acte principal pour la mise en œuvre de cet accord est le cantonnement et le désarmement des groupes armés. Or le gouvernement ne peut pas faire cela car la CMA est bien implantée. Il n’y a pas de Mali au nord, pas d’administration au nord. Vous avez du pain sur la planche. On vous présente comme un magicien», a déclaré Kalilou Ouattara du groupe parlementaire Adp-Maliba/Sadi. Il a déploré l’insécurité au nord du pays. Adama Kané du groupe VRD a fustigé la gouvernance actuelle tout en faisant savoir que la DPG du PM s’inscrit dans la durée or il n’a pas le temps qu’il faut. « Votre DPG devrait être résumée en une seule mission : l’organisation d’élection présidentielle transparente et crédible », a-t-il dit. Les autres députés de l’opposition abondent dans le même sens. Le député Seydou Diawara a fait savoir que la grande majorité des maliens constatent qu’il y a un flou dans la mise en œuvre de l’accord. L’honorable Alkaïdy M Touré a signalé qu’un malien sur trois souffre de l’insécurité alimentaire. « Les élections communales n’ont pas pu se tenir sur une soixantaine de localité pour cause d’insécurité. Quelles sont les mesures que vous avez prises pour la tenue des élections présidentielles ? » a voulu savoir l’honorable Akaïdy. Quant à Amadou Cissé, il a mis l’accent sur la crise alimentaire qui frappe la région de Mopti.
Dans ses éléments de réponse, le PM, Soumeylou B Maïga a indiqué qu’il n’ya pas d’alternative à la mise en œuvre de l’accord de paix. Avant d’ajouter que les ressources nécessaires à la mise en œuvre de l’accord sont disponibles, car selon lui, c’est budgétisé. A l’en croire, depuis la signature de l’accord, il y’a eu la mobilisation de 281 milliards de FCFA (125 milliards en 2018) pour la mise en œuvre de l’accord. Concernant l’opérationnalisation des nouvelles régions, il a fait savoir que ça sera fait avant les Elections locales et régionales prévue en 2019. Pour la sécurisation du centre, il dira que des efforts ont été déployés par l’Etat. A ses dires, les préfets et sous-préfets ont été installés dans une dizaine de localité où l’Etat était absent. « Concernant le processus d’électoral, l’audit du fichier prend fin le vendredi prochain. Les cartes d’électeurs seront livrées le 20 juin. Et nous auront 40 jours pour la distribution. Nous n’avons aucune inquiétude pour le processus électoral. Il n’y a pas d’autres alternatives à la tenue des élections à date, le premier tour se tiendra le 29 juillet 2018. Nous allons faire la convocation du collège électoral le vendredi prochain lors d’un conseil extraordinaire des ministres. Je n’ai aucun indice d’une crise postélectorale », a martelé le PM. A l’en croire, la lutte contre l’insécurité est essentielle. « Elle doit être le souci de tout le monde. Il n’y a pas de localité où nous ne pourrons pas faire des élections. Si demain, nous n’avons pas un fonctionnement démocratique normal, c’est un danger», a-t-il dit. A ses dires, des recrutements seront faits pour assurer la sécurité. « Nous sommes en période électorale qui est propice pour des prises de positions. Tous ce que j’ai annoncés, je pense pouvoir les faire. Le temps qui nous reste est nécessaire pour faire le nécessaire. Ce qui est nécessaire, c’est les élections, c’est la sécurité »,a insisté le PM.
Au moment des consignes de vote, les deux groupes (Adp-Maliba/ Sadi et VRD) qui animent l’opposition parlementaire ont clairement dit au PM qu’ils n’accorderont pas leur voix à sa DPG. Le président du groupe Adp-Maliba/ Sadi, l’honorable Amadou Thiam a décrié le retard pris pour la présentation de la DPG à l’Assemblée nationale, le report des élections locales et régionales. A l’en croire, le PM devrait avoir 2 priorités (Organisation de l’élection présidentielle et endiguer l’insécurité). « Les partenaires sont mécontents de la gouvernance actuelle du pays. Dans la DPG, il n’y a aucun chronogramme pour le retour de l’administration dans les régions nord du pays, aucune mesure sérieuse pour la sécurisation du milieu scolaire. En raison de ce qui précède, notre groupe parlementaire a décidé de ne pas donner son quitus pour le vote de la DPG », a-t-il dit. Idem pour le groupe VRD. Selon le président du groupé VRD, l’honorable Mody N’Diaye, la DPG ne propose aucune solution visant véritablement à endiguer l’insécurité. A l’issue donc des débats, la DPG du PM a été adoptée à la majorité des députés à hauteur de 109 voix pour 35 voix de l’opposition ont voté contre et zéro abstention.