Alors que de nombreux observateurs jugent l’Accord pour la paix et la réconciliation, notamment pour ce qui est du volet du processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) à peine, le PM, Soumeylou Boubèye MAIGA est déterminé à lui donner une nouvelle impulsion. Une implémentation du chronogramme du 22 mars, est de ce fait la clé de la réussite.
S’il y a de légitimes raisons d’impatience, en particulier en raison du fait que le chronogramme arrêté dans l’Accord pour la paix et la réconciliation, en ce qui est des questions de défense et de sécurité, n’a pas résisté aux impondérables, il n’en demeure pas moins que la peau de l’ours a été vendue trop tôt.
En effet, il y a eu de petits pas pour les sceptiques, qui s’avéreront grands pour l’opérationnalisation de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Dans ce registre, l’on peut citer opérationnalisation de 8 sites de cantonnement, dont 4 pour la CMA : Ber (Région de Tombouctou), Ahambouba Tessalit (Région de Kidal), Tinfadimata (Région de Ménaka) et Ilouk (Région de Gao) ; et, 4 pour la Plateforme : Likrakar (Région de Tombouctou), Inegar (Région de Ménaka), Fafa et Tabankort (Région de Gao). Il faut souligner que la première étape du désarmement est le cantonnement. D’où toute son importance.
Des avancées notoires
Le PM fait savoir dans sa DPG que le processus DDR a déjà commencé avec la formation des chefs de base et les responsables des mouvements armés dans les Régions de Tombouctou, Gao, Kidal, Taoudénit et Ménaka. Tous ont été initiés à l’enregistrement des combattants et de leurs armements en vue de leur dénombrement et de leur identification précise pour les besoins du DDR et du contrôle des armements.
Cet exercice, qui a débuté en février dernier, a bénéficié de l’accompagnement de nos partenaires comme la MINUSMA et Barkhane. Il est important d’indiquer que sur le terrain, il s’est appuyé aussi sur la pleine coopération des mouvements armés.
Un des sujets de discussion et de division entre les parties portait sur les critères d’intégration. En effet, le chapitre ‘’Intégration des ex-combattants’’, le paragraphe suivant faisant l’objet de divergence d’interprétation : ‘’la Commission d’Intégration en coordination avec le Conseil National pour la RSS formulera des propositions sur les modalités d’attribution des grades et de reclassement. Les membres des mouvements anciennement officiers des forces armées et de sécurité seront réintégrés au moins aux mêmes grades. Ceux qui ne remplissent pas les conditions et ceux qui choisiront de ne pas être intégrés pourront bénéficier d’une pension de retraite, d’une pension proportionnelle ou d’une pension d’invalidité ou tout autre arrangement suivant le cas’’. Désormais un consensus a été trouvé sur les critères d’intégration, mettant un terme à un débat qui a entravé la bonne marche du processus de DDR.
L’inclusivité
Parmi les autres mesures, il faut mentionner la visite, à Kidal, le 13 mars 2018, du président de la Commission nationale DDR dans le cadre de l’accélération du processus de paix. Zahabi Ould Sidi Mohamed y a rencontré les autorités locales, les notables, et les groupes signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Toute chose qui devrait impulser le processus du Désarmement Démobilisation Réinsertion dans la région.
Il faut aussi signaler que désormais tout acte faisant obstacle à la mise en œuvre de l’Accord, y compris en provoquant des retards persistants, ou menaçant cette mise en œuvre, donnerait lieu à une désignation aux fins de sanctions, en application de la Résolution 2374 (2017) ;
Entre autres critères de désignation, il faut noter également la création du Comité des sanctions et du Groupe d’experts créé en application de la Résolution 2374 (2017).
Le défi
Pour SBM, il urge de réaliser des progrès substantiels dans la pleine mise en œuvre des principales dispositions de l’Accord sur la paix et la réconciliation au Mali, un des 4 axes de la Feuille de route du Président IBK.
Aussi a-t-il soutenu dans sa DPG : ‘’en même temps que nous procéderons à la montée en puissance et en efficacité de nos Forces Armées et de Sécurité, nous allons accélérer le processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR), qui est un aspect fondamental de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali. Le Conseil National pour la Réforme du Secteur de la Sécurité, la Commission Nationale de Désarmement-Démobilisation-Réinsertion et la Commission d’Intégration prévues par l’Accord ont en leur sein les représentants des mouvements armés signataires de l’Accord aux côtés des représentants de l’État qui sont à pied d’œuvre pour réussir le DDR’’.
L’implémentation
Pour impulser le processus de DDR, dont la pierre angulaire est le cantonnement, SBM devrait coller au nouveau chronogramme signé par les Parties le 22 mars 2018 qui s’étend jusqu’à 2019 et qui prévoit le cantonnement des groupes armés du 25 avril au 25 août 2018
Selon le même chronogramme, les parties signataires conviennent de procéder du 24 avril au 25 août 2018 au regroupement assisté (appui alimentaire) des combattants recensés sur les sites de cantonnement retenus par la Commission technique de sécurité (CTS) en vue des opérations DDR, avec une durée de cantonnement de 45 jours au maximum par combattant. Aussi devront-ils procéder du 25 avril au 15 septembre 2018 à l’intégration dans les Forces armées et de sécurité, les services paramilitaires et les fonctions publiques des éléments de mouvements signataires suivant les critères retenus et après harmonisation des visions sur le ‘’ concept d’armée reconstituée’’.
Il faut rappeler que le montant prévu pour la mise en œuvre du programme de DDR est de 50 millions de dollars US, avec la clé de répartition suivante des contributions : Banque mondiale : 15 millions ; Gouvernement : 10 millions et contribution attendus de la Communauté internationale : 25 millions.
Les bénéficiaires du programme de DDR sont des ex-combattants affiliés aux mouvements signataires de l’Accord (10 à 12 000 personnes environ), des ex-combattants relevant des groupes armés non signataires de l’Accord ainsi que d’éléments de groupes d’autodéfense qui renoncent à la violence dans le cadre du processus de dialogue et d’apaisement entamé depuis le mois de février dans le Centre.