Depuis quelques semaines, ils sont nombreux à déclarer leurs candidatures à l’élection présidentielle de juillet prochain ou du moins à s’inscrire dans un élan devant aboutir à une participation à la course. Dans le lot, il faut noter la présence certains candidats dont la volonté à briguer la magistrature suprême a surpris beaucoup de maliens qui s’interrogent d’ailleurs sur le bien-fondé de leur engagement soudain.
Il s’agit principalement de Aliou Boubacar DIALLO, candidat investi de l’ADP-Maliba et Mohamed Aly Bathily qui vient d’être appelé à se porter candidat au poste de Président de la République du Mali.
A l’analyse des parcours de ces hommes et de leurs motivations, il est d’admis de dire qu’ils sont des candidats par accident. Leurs candidatures sont des plus inattendues. Ils n’étaient point dans une logique de se présenter à l’élection présidentielle de juillet prochain. L’on se demande quels sont les faits qui sont explicatifs de leur volte-face.
En commençant par Aliou Boubacar Diallo, il est important de se rappeler que cet homme d’affaires évoluant dans le secteur aurifère et pétrolier a, à plusieurs occasions, fait savoir le précieux soutien qu’il a apporté l’actuel Président de la République dans le cadre de sa conquête du pouvoir en 2013.
Cependant, ce soutien que le richissime Diallo a mobilisé pour IBK n’était certainement pas sans contrepartie. Donc, l’on se pose la question de savoir quelles étaient les attentes de Aliou Boubacar DIALLO lorsqu’il décidait d’accompagner le candidat IBK à faire face à certains défis liés à son ambition présidentielle. Voyait-il en IBK, un futur Président qui lui procurerait une certaine « caution » politique en vue de faire prospérer ses affaires qui étaient au ralenti depuis un certain temps ? Ou encore, a-t-il été convaincu du projet de société du candidat IBK notamment sur son volet promotion du secteur privé et investissement ?
Si Aliou Boubacar DIALLO se plait à fustiger le bilan de ce premier mandat du Président Ibrahim Boubacar KEITA, l’on doit être curieux à savoir les actions que ce dernier a pu mener en faveur du secteur privé et des investissements. A ce niveau, l’objectivité exige de reconnaître certaines performances non des moindres que l’économie malienne a réalisées durant ces dernières années. Il s’agit par exemple du classement du Mali comme 1er de l’espace UEMOA dans Doing Business et l’augmentation du taux de croissance de 7,2% du PNB. Pour ne citer que celles-ci.
Ce qui est sûr Aliou Boubacar DIALLO n’a pas obtenu du Président IBK ce qu’il espérait et il ne l’a pas caché. Pour davantage marquer son désaccord avec le Président IBK, il décide de se présenter à l’élection présidentielle de juillet prochain en vue de mettre un terme au pouvoir de celui qui fût son allié d’hier.
Au regard de cette démarche, beaucoup de maliens sont tentés de croire à l’idée selon laquelle, Aliou Boubacar DIALLO est candidat pour affaiblir politiquement IBK qui n’aurait pas honoré ses engagements à son vis-à-vis. Du coup, l’ambition de l’homme d’affaires de devenir Président de la République résulterait plus d’un positionnement stratégique dans la perspective d’être dans les arcanes du pouvoir que d’un engagement politique appuyé par une vision globale sur le progrès socioéconomique et politique du Mali. A l’instar de Mohamed Ali Bathily et de Moussa Sinko Coulibaly, Aliou Boubacar DIALLO affectueusement appelé ABDOR est de ce fait, un candidat de circonstance et non de conviction digne de d’une lutte politique.
Pour ce qui concerne Mohamed Aly Bathily, il faut savoir qu’après son limogeage du gouvernement au mois de décembre dernier suite à la nomination de Soumeylou Boubeye MAIGA comme Premier ministre, il aurait le sentiment aussi d’avoir été trahi par celui (IBK) qui lui fit appel de la France pour coordonner les actions des Associations de soutien à sa candidature en 2013. Jusqu’à son départ du gouvernement, Mohamed Aly Bathily semblait être convaincu d’avoir le soutien de son mentor le Président Ibrahim Boubacar KEITA qui a certainement beaucoup encaissé d’un homme (Mohamed Aly Bathily) qui dégageait un certain zèle.
Ministre de la République depuis l’arrivée du Président IBK au pouvoir, Mohamed Aly Bathily s’est vu confié des départements qui illustraient de manière claire, la grande confiance que le Prince plaçait en lui. Il s’agit de la justice, des logements et des affaires foncières qui constituent encore de nos jours des secteurs qui font l’objet de beaucoup d’exigences de la part de la population.
Comment Mohamed Aly Bathily a galvaudé cette précieuse estime que le Président de la République avait pour lui ?
De tous les scandales dont Mohamed Aly Bathily fût responsable, le seul qui semble avoir franchi les limites de manière irrécupérable est celui de sa flagrante opposition avec son collègue de la justice, garde des sceaux, Me Mamadou Ismael KONATE autour d’une affaire impliquant Bathily fils alias Rash Bath.
Les contradictions entre ces deux hommes supposés travailler ensemble pour atteindre des buts communs au gouvernement dont ils étaient tous membres, ont fini par s’étaler sur la place publique. Mohamed Aly Bathily accusant la volonté inébranlable de son collègue de mettre en prison son fils (Rash Bath, chroniqueur devenu très célèbre et adressant des critiques viscérales à l’action gouvernementale).
C’est lors d’un déplacement à l’intérieur du pays que le Ministre Mohamed Aly Bathily a profité de la question d’un citoyen en rapport avec son fils pour se défouler à travers des propos « malencontreux » à l’intention de son collègue du gouvernement. Ce, en violation des principes de solidarité, d’entraide,…au sein de l’équipe gouvernementale, sur lesquels le Président de la République avait beaucoup insisté au respect.
Dès lors, nombre d’analystes prévoyaient logiquement une sanction qui se traduirait par un limogeage de Mohamed Aly Bathily suite à son flagrant délit et afin de faire régner la discipline au sein du gouvernement. C’est ce qui fût fait même si l’intéressé se serait dit surpris de son départ du gouvernement. Mécontent de son sort, Mohamed Ali Bathily se prépare activement à présenter officiellement sa candidature à la présidentielle de juillet prochain.
Cependant, il cherche désespérément à rallier les APM (Associations pour le Mali) à sa cause. Pour l’histoire, les APM sont un regroupement d’associations avant l’élection présidentielle de 2013 pour soutenir la candidature d’IBK. Ce qui explique clairement les divergences de vues entre plusieurs responsables des APM et le Coordinateur Mahamed Aly Bathily qu’ils accusent de vouloir détourner leur initiative pour des fins contradictoires à son objectif de départ : celui de soutenir IBK.
Il est clair que Mohamed Aly Bathily a été victime de ses propres excès qui lui valent aujourd’hui d’être candidat pour tenter de laver l’affront qui porte déjà une marque indélébile. Quoi qu’il fasse, Mohamed Aly Bathily n’est pas préparé à l’élection et pire, il doit d’abord faire des efforts afin d’ériger des frontières entre le privé et le public qu’il semble confondre de manière lamentable lorsqu’il brandisse en permanence la situation de son fils qui est suffisamment majeur pour savoir se défendre dans le cadre d’un engagement qu’il a choisi souverainement. A moins que Bathily père tente de se rapprocher de son fils qui draine aujourd’hui une foule qui pourrait se plier à ses indications lors des élections à venir.
Le temps est le meilleur juge, dit-on. Donc, attendons de voir !