Malgré les dispositions législatives et la ratification d’engagements internationaux pour permettre à la population malienne de profiter d’un environnement sain, la gestion des boues de vidange à Bamako reste une difficulté non seulement pour les autorités administratives, mais aussi pour celles des collectivités.
La gestion des plus de 600 000 m3 de boues de vidange produites à Bamako annuellement est un véritable assommoir malgré les efforts des autorités politiques, municipales, mais aussi des services de vidanges privés et communautaires de la capitale.
Les boues de vidange sont évacuées différemment à Bamako. On peut procéder par creusement d’une fosse à proximité pour déverser le contenu de la latrine saturée, un travail effectué par les vidangeurs manuels, par vidange par citerne montée sur une charrette équipée d’une pompe “Japi” ou par vidange par camions aspirateurs communément appelés “Spiros” de capacité variant de 5000 à 10 000 litres. En plus de quelques communes qui disposent de camions Spiros et la voirie de Bamako, la vidange est effectuée par des groupements d’intérêt économique, des organisations non gouvernementales.
Et pourtant sur le plan international, le Mali s’est engagé à offrir à sa population un cadre de vie sain et hygiénique. Une politique nationale de l’assainissement a été élaborée en 2009, dont la relecture est en cours pour l’adapter aux engagements de notre pays. En plus de sa Constitution, le Mali a aussi signé plusieurs conventions dans le cadre de la promotion de l’assainissement et de l’hygiène. On peut citer, entre autres, la Convention africaine, de Bâle, de Bamako, de Stockholm, des Nations unies…
Pour une meilleure gestion des boues de vidange, deux stations expérimentales de traitement de boues de vidange ont été réalisées à Bamako, à savoir : la station de Satinabougou, située à 17 km de la ville (elle n’est pas encore mise en service) et la station expérimentale de Samanko-II, inaugurée en 2004. Cette dernière, selon des sources, a fonctionné seulement un an. Elle est abandonnée au motif de son éloignement de la capitale (environ 10 km).
Les difficultés
La meilleure gestion des boues de vidange à Bamako est confrontée à des difficultés techniques, organisationnelles, économiques et financières, communicationnelles. La voirie, qui relève de la mairie du district, ne dispose pas des moyens conséquents pour faire face à la demande de la population.
La vétusté des équipements, le manque de personnel qualifié… sont, entre autres, défis à surmonter par la voirie. “Ici les équipement sont vieux. En plus, nous avons un problème du personnel”, nous confie un agent.
Les mairies aussi souffrent du manque de soutien conséquent de l’Etat. Par manque de moyens des mairies, la gestion des boues de vidange est assurée par des privés dont la principale préoccupation reste le manque d’un site approprié pour leur déchargement. L’urbanisation galopante empêche les vidangeurs à se décharger dans les champs de la périphérie de la capitale.
“Nous avons un problème de site de déchargement. Les lieux indiqués par les autorités sont éloignés de la ville et les champs de proximité qui nous servaient de site de décharge sont tous absorbés par l’urbanisation”, informe Bakary Traoré, vidangeur.
Le projet de construction de la station de traitement des eaux usées de la Zone industrielle de Bamako, prenant en compte les boues de vidange, reste d’actualité pour les autorités, même s’il est buté à un problème de financement. De plus, des initiatives de transformation des boues de vidange à autre chose qui ne manquent pas, il reste à les développer et les mettre en pratique conformément à la politique nationale de l’assainissement.
La mauvaise gestion de boues de vidange a des conséquences dramatiques sur la santé des populations. Elles sont sources de maladies comme la diarrhée, la dysenterie, la fièvre typhoïde…