Le Président du Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA), Tiébilé Dramé, a appelé hier mercredi 25 avril, au cours d’une conférence de presse, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta à renoncer à un second mandat pour l’intérêt supérieur du peuple malien.
Cette sortie médiatique du parti du bélier blanc coïncide avec la visite du Président Ibrahim Boubacar Keita à Ségou pour une série d’inaugurations d’infrastructures. Sur un ton ironique, le bélier en chef demande au Président IBK de décrocher pour l’intérêt général du peuple malien. «A Ségou, le président a déclaré que « Boua ta bla ». Nous lui demandons de décrocher pour l’intérêt du peuple malien, mais aussi pour l’intérêt des pays voisins et de la communauté internationale », ironise Tiébilé Dramé. Pour lui, le président IBK n’est pas un homme de parole. Pour preuve, rappelle le président du PARENA, il a dit la même chose à propos de la révision constitutionnelle devant le président de la République française Emanuel Macron. « Face à la pression du peuple malien, il était obligé de se plier en renonçant à la révision constitutionnelle », argue-t-il. A l’en croire, le Président IBK peut servir encore le pays en tirant la conclusion de sa mauvaise gouvernance. Ancien allié de l’ex-président du Rassemblement pour le Mali en 2007 au sein du Front pour la Démocratie et la République (FDR), Tiébilé Dramé conseille au chef de l’Etat de ne pas se laisser embobiner par son entourage.
« Nous dénonçons le vol à grande échelle »
Le parti du bélier blanc dénonce la mauvaise gouvernance sous le Président IBK. Dans un document intitulé « Achat d’équipements pour l’armée malienne, micmacs et détournements : un hélicoptère super PUMA payé en espèces, le mystère des avions brésiliens ! », le PARENA revient à la charge et tire à boulets rouges sur la gestion des affaires publiques. « Nous ne révélons aucune information sensible sur les moyens dont dispose notre armée. Nous dénonçons le vol à grande échelle dont nos forces, notre peuple et notre pays sont les victimes de la part de nos dirigeants. De toutes les façons, dans leurs tentatives d’endormir les maliens, le président de la République et ses gouvernements ont eux-mêmes décrit par le menu, à plusieurs reprises, les nouveaux moyens. Ils ont même ouvert les portes des casernes pour montrer aux téléspectateurs les avions de transport et les hélicoptères. Donc, ils sont mal venus de nous accuser de parler de ce qu’ils ont eux-mêmes exhibé à la télévision et dans les journaux », souligne le Président du PARENA.
Malgré les tapages médiatiques que mènent le président et son gouvernement pour la mise à niveau de l’armée, affirme-t-il, l’insécurité devient de plus grandissante. « Un Super PUMA d’occasion acheté en Irlande et payé en espèces ! – Près de 3,5 milliards de FCFA ont été déboursés pour payer, cash, un hélicoptère de transport type « Super Puma » en violation de toutes les règles élémentaires de procédure d’achat. Présenté à la presse au moment de son acquisition, cet hélicoptère est cloué au sol malgré l’achat de pièces de rechange à hauteur de 3 milliards de francs CFA. En payant par espèces un hélicoptère entier, le gouvernement du Mali s’est donné à une pratique digne de la Mafia », indique le texte du PARENA.
Deux rapports explosifs sur des détournements massifs entre les mains du Président
Le parti du bélier blanc enfonce le clou avec la révélation de l’achat d’un second Super PUMA à 3,9 milliards de FCFA auprès d’Airbus dans des conditions obscures. En se basant sur le rapport d’un cabinet d’audit, le PARENA souligne que le document du contrat est tout simplement illisible. La formation politique de l’opposition évoque le mystère des avions brésiliens. « En juin 2015, le Mali a signé un contrat de 88,7 millions de dollars américains, soit environ 51,682 milliards FCFA (au cours en vigueur en juin 2015), pour l’acquisition de six (6) avions de guerre « Super Tucano ». Dans l’interview à « Jeune Afrique », citée plus haut, le Président de la République a annoncé la livraison imminente de quatre (4) Super Tucano. Embraer SA, la société brésilienne qui fabrique les Super Tucano s’apprête, en effet, à livrer quatre appareils. La valeur totale de ces quatre avions (qui inclut aussi des prestations de service) est d’environ 68 millions de dollars. Au lieu de 51,7 milliards FCFA initialement prévus, le contrat de juin 2015 a fait l’objet de 53,302 milliards de FCFA d’engagement et de mandatement entre 2015 et 2017 par les services financiers de l’Etat. Une première tranche de 13,367 milliards a été « liquidée » en 2015. Une seconde tranche de 18,636 milliards a été payée en 2016. La « liquidation » de la troisième tranche de 21,298 milliards était prévue en 2017. Pourtant, EMBRAER ne livrera que quatre appareils comme annoncé par le Président. Où sont donc passés les deux autres avions de guerre ? La valeur de ces deux avions est d’environ 20,7 millions de dollars, soit environ 11,2 milliards de FCFA (au cours actuel du dollar). Que s’est-il passé entre-temps ? Un mystère que le gouvernement se doit de dissiper au plus vite. Comme il doit expliquer le retard de livraison des quatre Super Tucano. », renseigne le texte du PARENA.
Tiébilé Drame révèle que depuis plusieurs mois, le Président de la République est en possession de deux rapports explosifs sur des détournements massifs de ressources financières destinées à nos forces. « Il n’a pris aucune sanction administrative contre ceux qui se sont livrés à ces détournements. Il n’a ni publié lesdits rapports, ni saisi la justice », ajoute-t-il avant de conclure que : « en guerre et exsangue, notre pays ne mérite pas d’être gouverné ainsi ».