Considéré comme l’une des personnalités les plus riches du Mali, l’homme d’affaires Aliou Boubacar Diallo se lance dans la course à la présidence.
En 2013, il avait passé son tour au profit d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Mais de l’eau a coulé sous les deux ponts de Bamako et, cette fois, Aliou Boubacar Diallo ira seul. Début mars, il a annoncé sa candidature à la présidentielle du 29 juillet sous les couleurs de l’Alliance démocratique pour la paix-Maliba (ADP-Maliba).
Pour l’homme d’affaires de 53 ans, ce sera une première. Natif de Kayes, dans l’ouest du pays, Diallo est un entrepreneur plutôt qu’un pur politicien. Après avoir débuté dans le rachat de dettes de pays africains au tournant des années 1990, il s’investit dans les mines au Mali. En 1992, il fonde la société Wassoul’or pour exploiter le gisement de Kodiéran Traorela, dans la région de Sikasso. Le site prospère, tout comme son propriétaire. Au milieu des années 2000, il se diversifie et crée Pétroma pour valoriser le bloc de pétrole et gaz qu’il a décroché dans la région de Kati.
Un néophyte en politique
Toujours tiré à quatre épingles, il est aujourd’hui considéré comme l’un des hommes les plus riches du Mali. Lorsqu’on l’interroge sur le montant de sa fortune, il élude poliment, reconnaissant simplement qu’elle se chiffre en « millions d’euros ». Elle sera en tout cas un avantage de poids quand il s’agira d’aller faire campagne.
Néophyte, comparé aux vieux crocodiles que sont IBK, Soumaïla Cissé ou encore Tiébilé Dramé, Diallo s’est engagé en politique en 2012. « Notre pays était en train de se disloquer, nous ne pouvions rester les bras croisés », assure-t-il. En mars 2013, il fonde l’ADP-Maliba, pour construire le « Mali de demain » en s’appuyant sur des jeunes et des femmes. Sur le conseil du chérif de Nioro, chef religieux très influent dont il est proche, il choisit ensuite de soutenir la candidature d’IBK. Comme il l’avait fait avec Alpha Oumar Konaré en 1997, il lui apporte un important appui financier. « Je l’ai soutenu sans compter. La Porsche blanche dans laquelle il a fait campagne était ma voiture personnelle », confie-t-il.
Ils ont essayé de me couler. Beaucoup de politiciens ne veulent pas d’entrepreneurs dans leur pré carré
Dans la foulée de la victoire d’IBK, l’ADP-Maliba place quatre députés à l’Assemblée nationale. Pendant trois ans, la formation fait partie de la majorité présidentielle. Puis les choses se gâtent. Aliou Boubacar Diallo accuse le nouveau régime d’avoir lancé un « rouleau compresseur » contre lui. « Ils ont essayé de me couler. Beaucoup de politiciens ne veulent pas d’entrepreneurs dans leur pré carré. » En 2016, les députés ADP-Maliba quittent la majorité, emmenant quatre élus du Rassemblement pour le Mali (RPM), le parti d’IBK.
Depuis, les relations entre les deux camps sont houleuses. Sur le bilan du chef de l’État, Diallo est sévère. Insécurité, processus de paix en panne, problèmes de gouvernance, incapacité à décentraliser… Fort de son expérience dans le domaine privé, il se pose comme le candidat du changement. « Le Mali dispose d’un potentiel immense, avec de grandes ressources minières et agropastorales. Il faut juste des gens capables de les mettre en valeur afin qu’elles profitent à tous », assène-t-il. Reste à convaincre ses compatriotes qu’il est en mesure, après avoir dirigé une entreprise, de gérer un État confronté à d’innombrables défis. Et la route est encore longue.