C’est le souhait de ce secteur particulièrement éprouvé par la crise et qui, par son potentiel, se situe au cœur de la reprise
« Quand le BTP va, tout va » dit l’adage dont le contraire se vérifie aussi, notamment dans notre pays. En effet, la grave crise sécuritaire et institutionnelle que notre pays connaît depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012, a profondément ébranlé son économie. La quasi-totalité des secteurs d’activité ont été touchés à divers degrés. Parmi les plus atteints, le tourisme, le bâtiment et les travaux publics (BTP), le transport aérien qui se sont effondrés tandis que l’industrie, le commerce et les services se retrouvaient à genoux.
Le secteur des BTP a donc été profondément affecté par la crise. 90% des entreprises de BTP ont ainsi fermé ou se sont retrouvés en cession d’activité depuis le coup d’Etat. Pire, ce secteur a assisté impuissant surtout au Nord sous occupation des terroristes, à la destruction d’infrastructures et d’outils de travail.
Ce secteur a-t-il aujourd’hui les moyens rebondir ? C’est la réflexion à laquelle le monde du bâtiment et des travaux publics s’est soumis le week-end passé à l’invitation du Conseil national du patronat (CNP).
La cérémonie d’ouverture de la rencontre était présidée par le ministre du Logement, de l’Urbanisme et des Affaires foncières, David Sagara, représentant son homologue de l’Equipement et des Transports. Elle s’est déroulée en présence du secrétaire général du CNP, Modibo Tolo, et du président de l’Organisation patronale des entreprises de la construction du Mali (Opecom), Ismaël Diallo, des membres de la commission des travaux publics, de l’habitat et des transports de l’Assemblée nationale, les députés Bayon Coulibaly et El Hadji Baba Samdi Haidara.
Dans son analyse, le président de l’Opecom a rappelé que la santé économique d’un pays se mesure aussi et surtout au dynamisme de certains secteurs d’activité économique essentiels comme les bâtiments et travaux publics, grand pourvoyeur de main d’oeuvre. Les incertitudes causées par la crise et le départ massif des partenaires ont conduit à la fermeture de la quasi totalité des chantiers en cours et engendré les licenciements et mise en chômage massive des ouvriers et autres spécialistes des BTP, a noté Ismaël Diallo.
Avec la reconquête des zones occupées, les entreprises BTP se préparent à la reprise très prochaine des activités. Mais, pour une relance rapide et durable, elles sollicitent l’accompagnement du gouvernement. « Cette importante rencontre veut donc contribuer à cerner les effets de la crise sur notre secteur et aider les autorités à lui apporter les réponses appropriées. Comprendre avec précision l’ampleur de la crise économique et ses perspectives d’évolution sur ce secteur productif. Il s’agira aussi d’identifier des mesures d’urgence permettant de relancer durablement les activités », a précisé le président de l’OPECOM.
Le secrétaire général du Conseil national du patronat a axé son intervention sur l’impact de la crise et sur l’importance de la relance du secteur des BTP. Modibo Tolo indiquera ainsi que la conférence des Amis du Mali qui vient de se tenir à Bruxelles (le patronat a pris part aux préparatifs) a été un réel succès et que le secteur privé malien est désormais mobilisé pour une relance rapide des activités économiques. Ce secteur privé doit désormais être plus exigent envers les politiques. Nous devons être plus regardant envers les futurs candidats et leurs programmes. Le secteur privé malien a ce droit, il en a même l’obligation, car en dépit de tout, le monde des affaires de notre pays, a su faire face à la crise. Si l’Etat, malgré la suspension de toutes les aides a pu continuer à faire face à l’essentiel de ses obligations régaliennes, c’est justement parce que les opérateurs économiques ont continué, dans les pires conditions, à faire tourner l’économie. Leur mérite est incommensurable », a assuré Modibo Tolo en invitant l’Etat à soutenir le secteur des BPT pour une relance rapide et durable.
Dans son discours d’ouverture, le ministre du Logement, de l’Urbanisme et des Affaires foncières a souligné que la feuille de route de la Transition envisageait la relance rapide de l’économie par la réalisation d’actions concrètes et efficaces surtout dans la reconstruction des infrastructures socioéconomiques de base faisant intervenir, sans exclusive, l’ensemble des professionnels du secteur des BTP de notre pays.
A la famille du BTP, David Sagara dira : « Vous êtes au cœur de ce processus de construction par vos prises d’initiative et d’innovation techniques et technologiques. Votre accompagnement dans la réalisation des grands projets, la création d’emplois surtout pour les jeunes, la formation des ressources humaines est plus que jamais sollicité. Par conséquent, vous devez être plus compétitifs dans une économie de plus en plus globalisée ou la différence se crée par la qualité des ressources humaines ».