Après des années de lutte, les artistes maliens bénéficient aujourd’hui d’une loi fixant les propriétés littéraires et artistiques depuis le 1er juin 2017. Pour savoir si l’application de cette loi a déjà produit des effets, nous avons approché les acteurs concernés dont le secrétaire général du Bureau Malien du Droit d’Auteur (BUMDA) Mamadou Koné et le président par intérim de l’UAAPREM, M’Baye Boubacar Diarra.
Selon Mamadou Koné, Secrétaire Général du Bureau Malien du Droit d’Auteur, il y a eu un peu d’avancées depuis l’adoption de la nouvelle loi 2017/ 012/ du 1er juin fixant les propretés littéraires et artistiques. Pour ce faire dit-il, ils approché les sociétés de télécommunications à l’AMRTP pour les téléphones et l’URTEL pour le recouvrement au niveau de la télévision, de la radio. « C’est en fin d’année que nous ferons les répartitions. Cela se fera en deux parties, la répartition trimestrielle qui est la duplication pour les cassettes et la répartition annuelle qui est l’exploitation publique », explique-t-il. Selon lui, leur objectif essentiel est d’œuvrer pour permettre à tous les acteurs de l’industrie de la création littéraire et artistique de vivre dignement du fruit de leur travail.
« Cet objectif ne pourra être atteint qu’avec le concours de chacun et de tous, cela dans un élan de solidarité agissante. Cette nouvelle loi combat l’injustice contre les créateurs d’œuvres littéraires et artistiques au Mali et l’exploitation anarchique et gratuite des œuvres de l’esprit. Les artistes pourront maintenant se dire fiers de leurs œuvres », a-t-il laissé entendre. Avant d’ajouter qu’elle permettra aussi aux auteurs et autres acteurs du secteur de vivre dignement du fruit de leurs créations.
M’Baye Boubacar Diarra abondera dans le même sens. Pour lui, il y’a eu beaucoup d’avancées car ils bénéficient aussi des droits voisins.
« Le droit voisin est un droit qui est donné aux artistes, interprètes, aux danseurs, aux comédiens et autres. Les droits d’auteurs ne reconnaissent que les auteurs, celui qui compose, qui crée. Généralement, l’arrangeur est considéré comme auteur. On a été au-delà de cela. Quand un artiste fait sa chanson, il y a tellement de gens qui interviennent et qui ne sont pas pris en compte comme les guitaristes qui ne sont pas pris en compte mais qui sont payés au niveau du studio par cachet. Mais une fois l’œuvre vendue, ils ne perçoivent pas de droits. Quand ils font des clips, ce sont des danseurs et les réalisateurs de ce clip qui ne sont pas pris en compte. Pour corriger cela, on a créé les droits voisins », a expliqué M’baye Boubacar Diarra. Avant de signaler qu’aujourd’hui, tous ceux qui tournent autour des artistes sont pris en compte.
« Ce ne sont pas les auteurs mais tous les artistes qui sont pris en compte. La loi vaut mieux que le décret », dit-il. Selon lui, ils ont corrigé cette insuffisance. « Aujourd’hui, avec les opérateurs de téléphonie mobile, par l’intermédiaire du Groupement des Agences de Communication et du Patronat, on a eu un terrain d’entente pour payer des droits aux artistes qu’ils utilisent. Il y a également les hôtels, bars et même les radios qui ont accepté de payer les droits. Mais cela dépend des radios car il y a des radios communautaires et des radios commerciales qui ne payent pas les mêmes droits. Même les compagnies de transport l’ont accepté. Les jeunes qui sont au marché qui téléchargent les musiques et les envoient ont déjà commencé à payer », s’est-t-il réjoui.
Pour lui, c’est un grand pas. Car les artistes auront beaucoup d’argent mais pas dans les deux premières années puisque c’est au fur et à mesure que la cagnotte va être pleine.
A en croire M’baye Boubacar Diarra, la ministre de la Culture s’est vraiment beaucoup battue pour cette loi des artistes. Ce qui est salutaire pour les artistes dit-il, c’est qu’ils vont avoir des retombées leur permettant de souscrire aux assurances.
« Aujourd’hui, avec l’application de la loi, les artistes vont avoir des retombées qui leur permettront d’être assurés tous au niveau des assurances. Pour moi, c’est une avancée très importante car avec cette loi, dans tous les cas, on gagne. Celui qui n’a pas de carte n’est pas un artiste. Seuls ceux qui ont les cartes des artistes bénéficieront de cela », a-t-il précisé.
« Au Mali, on télécharge gratuitement alors que dans les autres pays, c’est payant. Avant on vendait l’album, aujourd’hui on, vend le titre sur Youtube. Les gens ne donnent pas d’importance à la culture or les artistes qui chantent et dansent sont les ambassadeurs de ce pays. Ils ne savent pas les difficultés qu’on a pour produire un artiste. L’Etat ne finance pas la musique malienne, ce sont les producteurs qui financent à coût de 11 millions, 12 millions, le minimum c’est trois millions. Un clip fait un million, le studio, chaque artiste est payé à 10.000 FCFA par morceau. Les gens n’ont aucune idée de ce qu’on investit dedans. Il faut que les gens changent de comportement vis-à-vis de la musique malienne qui est une institution physiologique de toute une nation. Quand tu joues la musique malienne, on le sait, c’est notre identité…….. », a-t-il conclu.