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Entre Nous: La fuite en avant d’une diplomatie
Publié le lundi 30 avril 2018  |  Le challenger
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Le gouvernement de la République du Mali s’est embourbé dans une confusion diplomatique. Le 18 avril dernier, le ministre des maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine, Dr Aberhamane Sylla, dans un entretien accordé à l’ORTM et à quelques journaux, évoquait qu’il a été décidé de convoquer en urgence à Bamako l’ambassadeur du Mali en Alger et le consul à Tamarraseck. Cela, en guise de protestation contre les traitements inhumains infligés aux migrants maliens sur le sol algérien. Les médias font état du rappel par Bamako de son ambassadeur et de son consul pour consultation.
Le ministre des affaires étrangères et de la coopération dément l’information mais reconnaît que les deux diplomates prendront part à une rencontre à Bamako sur la question des migrants. Une semaine après, le même département diffuse un communiqué selon lequel le ministre Tiéma Hubert Coulibaly a eu un entretien avec l’ambassadeur de l’Algérie à Bamako. Le chef de la diplomatie malienne et le diplomate algérien ont évoqué la question migratoire et ont convenu de l’envoi d’une mission en Algérie pour faire l’état des lieux. Dans le jargon diplomatique, on appelle cela la convocation de l’ambassadeur d’Algérie au Mali par le ministre des affaires étrangères.
Le ver est dans le fruit. Bamako est fâché mais ne veut nullement étaler sur la place publique sa colère contre un partenaire aussi stratégique que l’Algérie. Depuis plus de cinq ans, la diplomatie malienne est devenue inaudible et peine à se positionner sur la ligne de défense des intérêts stratégiques du pays. Il s’agit des micmacs d’une diplomatie de fuite en avant. Entre les impératifs sécuritaires liés à la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation et la protection de ses ressortissants partis à la recherche de l’eldorado, le gouvernement du Mali ne peut pas se compromettre avec un voisin capable de lui rendre l’existence difficile.
Cette question du traitement des migrants maliens dont certains avaient manifesté leur mécontentement devant la représentation diplomatique algérienne à Bamako intervient dans un contexte difficile pour le gouvernement du Président Ibrahim Boubacar Kéïta. Le rapprochement entre Rabat et Bamako qui est en train de se traduire par un basculement du Mali dans le camp marocain sur la question du Sahara occidental, ne pourra qu’être mal perçu à Alger. Pour ne rien arranger, récemment lors d’une visite au Maroc, le ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, Tiéma Hubert Coulibaly, a déclaré que « le plan d’autonomie marocain est sérieux et crédible ». Avec une telle déclaration, le Roi du Maroc, Sa Majesté Mohamed VI, peut ainsi fouler encore le sol malien. Jusque-là, le Mali n’avait pas officiellement retiré sa reconnaissance à la République Sahraouie. Avant son accession à la magistrature suprême, IBK a été un soutien au peuple du Sahara occidental dans son combat pour l’indépendance. En 2014, les participants à la conférence internationale sur le Sahara occidental à Alger nous ont rappelé qu’IBK avait fait une brillante intervention à la tribune de ces assises.
Au delà de son influence économique au Mali, le royaume chérifien veut faire une intrusion dans le processus de paix. C’est un secret de polichinelle. Rabat avait tenté d’influencer sur les négociations ayant abouti à la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger à travers certains responsables du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla) qui ont une entrée libre au palais royal. Dans ces conditions, ce n’est pas une fuite en avant qui peut permettre au Mali de se tirer d’affaires.
Chiaka Doumbia
Source: Le Challenger
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