Bamako, 1 mai 2018 (AFP) - La Mission de l'ONU au Mali (Minsuma) dénonce
les violences contre les civils dans la région de Menaka, près de la frontière
nigérienne, après de récentes attaques ayant fait plus de 40 morts.
La Minusma s'affirme "très préoccupée par la montée de la violence dans la
région de Menaka (nord-est) et de ses conséquences sur la protection des
civils", dans un communiqué publié lundi soir.
"Entre le 26 et 27 avril 2018, deux attaques armées ont été rapportées
contre les campements d'Aklaz et d'Awakassa, dans la région de Menaka. Au
moins 47 personnes auraient été tuées et 2 auraient été blessées", affirme
t-elle.
Les circonstances de ces attaques ne sont "pas encore déterminées" mais des
informations "indiquent qu'au moins dans le campement d'Awakassa, les
personnes auraient été tuées en dehors d'une situation de combat", poursuit la
Minusma dans son communiqué.
"Les attaques délibérées contre des civils qui ne prennent pas directement
part aux hostilités peuvent être considérés comme crimes de guerre", a déclaré
Mahamat Saleh Annadif, chef de la Minusma.
La force française Barkhane a également "condamné" mardi les "actes
terroristes" commis "à l'encontre de familles civiles" dans les campements
d'Aklaz et d'Awakassa, dans un communiqué qui donne le même bilan que la
Minusma.
Les auteurs de ces "exactions" appartiennent "vraisemblablement à l'Etat
islamique dans le Grand Sahara" (EIGS), selon Barkhane.
Le groupe EIGS, basé à la frontière entre le Mali et le Burkina Faso, est
dirigé par Adnane Abou Walid Sahraoui, un transfuge d'Al-Qaïda au Maghreb
islamique (Aqmi), qui a aussi co-dirigé le Mouvement pour l'unicité du Djihad
en Afrique de l'ouest (Mujao), un groupe islamiste malien.
Ces tueries se sont produites dans une zone où des jihadistes ayant prêté
allégeance au groupe Etat islamique (EI) ont récemment subi de lourdes pertes
face à la force française Barkhane et à l'armée malienne, souvent appuyées par
deux groupes armés principalement touareg, le Groupe d'autodéfense touareg
Imghad et alliés (Gatia, pro-Bamako), et le Mouvement pour le salut de
l'Azawad (MSA, issu de l'ex-rébellion).
La Minusma avait par ailleurs indiqué le 12 avril avoir reçu des
informations faisant état notamment "d'exécutions sommaires d'au moins 95
personnes" lors d'opérations antijihadistes menées dans la région de Menaka
depuis février "par une coalition de groupes armés", dont le Gatia et le MSA.
Les deux groupes, déjà accusés auparavant d'exactions envers les Peuls,
souvent opposés par le passé aux Touareg pour des questions de pâturages et de
points d'eau, avaient rejeté des "allégations scandaleuses et honteuses".
Depuis le lancement en 2013 d'une intervention militaire française, les
groupes jihadistes ont été dispersés et en grande partie chassés du nord du
Mali, dont ils avaient pris le contrôle en mars-avril 2012.
Mais des zones entières du pays échappent au contrôle des forces maliennes,
françaises et de l'ONU, régulièrement visées par des attaques, malgré la
signature en 2015 d'un accord de paix, censé isoler définitivement les
jihadistes, dont l'application accumule les retards.
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