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Élections présidentielles au Mali : Les déboires d’un pays
Publié le jeudi 3 mai 2018  |  Le Pays
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La crise du Mali dépasse le cadre institutionnel. Nous avons assez entendu sur les dirigeants. Ils sont traités par tous les maux. Certains ont même reçu des coups de poing étant en fonction. Les choses vont de mal en pis. Le sens de la citoyenneté est remis en cause. On se demande même si le Mali compte des citoyens. Nous avons une population qui ne vise que ses intérêts auprès de ceux qu’elle critique à longueur de journée. Des mouvements sont alors mis en place afin de soutirer de l’argent à plusieurs hommes politiques. La crise est profonde. La déception atteint le summum. Il est temps de s’entretenir sur le peuple.

Le Mali en est plein, des citoyens électoraux. Ils ne songent qu’à leurs intérêts personnels. Des mouvements fleurissent sur toute l’étendue du territoire pour soutenir tel ou tel candidat. Des associations de jeunesse sortent de terre comme des champignons. Elles n’ont que des objectifs de non objectifs. Elles se disent se battre pour la cause de la nation. Mais au fond, elles ne font que collecter de l’argent auprès de différents partis politiques. Le vote ne leur dit rien. Car rares sont celles d’entre elles qui prennent de la peine pour accomplir leur devoir de citoyen le jour du vote.

Des mouvements ou des associations citoyennes existent pour toujours. Ils ont un rôle d’éveil citoyen. L’exemple du Balai citoyen au Burkina Faso n’est un secret pour personne. Un véritable mouvement citoyen ayant pour objectif de veiller sur la gouvernance de la nation. Mais au Mali, la jeunesse a tendance à confondre mouvement citoyen et mouvement politique. Ce sont des mouvements dont la quasi-totalité reçoit le financement du parti ou des partis qu’ils soutiennent. Le Mali a mal. Ses enfants le trahissent pour le matériel. Le sens de la citoyenneté est enterré. La population érige à sa place un peuple sans qualificatif.

L’achat de conscience, à qui la faute ? Arrêtons de nous voiler la face. Laissons de côté les dirigeants. Le corrupteur n’est rien sans le corrompu. L’argument que la plupart des citoyens entretiennent ne doit pas avoir d’existence. « Les dirigeants viennent vers nous avec de l’argent en contrepartie de nos voix lors des élections ». Mais les citoyens conscients ont la latitude de refuser la somme. En l’acceptant, ils deviennent pires que les dirigeants puisqu’ils acceptent de sacrifier tout l’avenir d’une nation toute entière.

Le Mali, au seuil des élections présidentielles, s’est transformé en véritable champ de bataille où s’affrontent des mouvements ou des associations purement politiques et stratégiques. Ils ont tendance à devenir plus nombreux que les partis politiques. Si certains cachent en catimini leur tendance politique, d’autres au contraire la manifestent au grand jour. Ce fleurissement d’associations ou de mouvements est à craindre. Il peut être source d’émeutes irrépréhensibles au sein de toute la nation.

L’avenir d’une nation constitue sa jeunesse. Il faut une jeunesse consciente pour relever les défis auxquels le pays fait face. Aucune nation ne peut se développer dans l’indifférence, dans la division, dans la promotion des intérêts égoïstes. La jeunesse malienne doit arriver à cette compréhension. Le chômage et par ricochet la pauvreté ne doivent pousser personne à porter atteinte à sa propre dignité, à son existence.

Les sommes que vous empochez pour un sale service rendu dans le désintérêt de toute la nation ne vous serviront qu’à assurer l’immédiat. Elles ne vous permettront jamais de rester éternellement riche. Si elles le pouvaient, vous n’alliez pas les recevoir de la main de ces hommes. Des gens qui ne vous aiment pas. Des hommes qui se servent de vous comme boucliers humains. Une fois au pouvoir, le contrat est cassé entre vous. Ils ne vous reconnaissent plus.

La conscience fait l’humanité. Les jeunes doivent se laisser traverser par celle-ci. La nation sera belle. La corruption sera vaincue. Les ennemis potentiels auront peur. Le développement sera au rendez-vous. Soyez vous-mêmes. Ne vous soustrayez pas de votre devoir d’éveilcitoyen. Les déboires du Mali sont ses citoyens. Ceux-ci ont déçu toutes les nations démocratiques de par leurs agissements qui n’honorent nullement la patrie. Le matériel a primé sur le devoir citoyen. Chacun ne songe qu’à mettre des mécanismes en place pour gagner des sommes misérables et maudits lors des élections. Cette pratique est un danger pour la démocratie, car elle peut conduire à des émeutes. Or, la démocratie a horreur des conflits intestins. Les citoyens doivent alors avoir une conscience inébranlable des charges qui les incombent en matière de gouvernance de la cité. Sa mauvaise gestion relève d’une part de leur propre comportement. Arrêtons d’attribuer toute la faute aux dirigeants. Mettons-nous souvent en cause.

Fousseni TOGOLA
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