Au Mali, l’Internet et le peu d’intérêt de la population pour la lecture pèsent lourdement sur le chiffre d’affaires des revendeurs de journaux depuis quelques années.
Les kiosques à journaux sont inondés chaque matin. Mais les acheteurs ne s’y bousculent plus. Moins d’exemplaires sont écoulés. Les invendus sont retournés dès le lendemain dans les organes. La dégringolade du chiffre d’affaires des revendeurs est due à “l’avènement de l’Internet”, soutient Abdramane Diallo, revendeur de journaux depuis plus de dix ans.
“La vente des journaux marchait beaucoup les dix dernières années. On pouvait vendre facilement 100 exemplaires. Mais aujourd’hui, nous avons du mal à vendre dix exemplaires. Ce sont les sites Internet qui nous posent problèmes. On retrouve les articles des journaux sur Internet avant même l’impression. Souvent les machines tombent en panne et le journal ne sort pas. Mais le gens viennent chercher parce qu’ils ont vu des articles sur l’Internet”, déplore-t-il.
Pour la survie de leur métier, Abdramane Diallo propose aux promoteurs de journaux “de publier les articles sur Internet 48 h après la version papier. Et c’est mieux pour eux-mêmes”.
Des patrons de presse sont conscients de l’impact négatif de l’Internet sur la vente des journaux. C’est pourquoi certains ont adopté des stratégies pour la survie de leurs journaux papier. C’est le cas d’Oumar Konaté, directeur de publication de l’hebdomadaire “La Preuve”.
“Au départ, j’envoyais les articles à partir de 19 h pour la parution du lendemain. Alors j’ai compris que tout le contenu était lu avant que le journal ne soit dans les kiosques. J’ai changé de stratégie. En général, 6 h après la parution, à partir de 16 h ou 17 h le jour de la parution, j’envoie les articles aux sites”.
Si le promoteur de l’hebdomadaire “La Preuve” continue d’envoyer gratuitement ses articles aux différents sites d’informations, tel n’est pas le cas de Mariétou Konaté du journal “L’Annonceur”. Elle a tout simplement arrêté d’envoyer les siens.
“On avait commencé mais on a arrêté parce que ça ne nous profite pas. Ceux qui utilisent nos articles ce sont eux qui gagnent. Ils gagnent des publicités à travers nos articles et nous on ne gagne rien en retour”, regrette-t-elle.
Pour d’autres revendeurs de journaux, la situation actuelle n’est pas due uniquement à l’avènement de l’Internet et à la prolifération des sites d’informations. Ils croient fermement qu’elle est due au peu d’intérêt de la population malienne pour la lecture.
Evoluant dans la distribution des journaux depuis plus 30 ans, Madou Sidibé regrette notamment le désintérêt des jeunes pour la lecture.
“Avant, il y avait un marché, mais aujourd’hui rien. C’est parce que les jeunes ne lisent plus les journaux et même les livres. Seules les personnes âgées lisent les journaux. Les jeunes n’ont pas de temps alors qu’on apprend beaucoup dans les journaux. On ne peut pas tout avoir sur Internet. Seulement quelques articles sont publiés sur l’Internet et le reste se trouve dans les journaux”, atteste M. Diallo
Si les revendeurs essayent de trouver une alternative pour survivre dans ce métier, il reste tout de même convaincu que l’avenir de la presse réside dans le Web.