Le maintien de Kidal sous l’autorité du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) constitue un obstacle que le gouvernement malien de transition et ses partenaires sérieux doivent franchir afin de se remettre sur la voie du succès. Cela est d’autant plus vrai que les choses semblent évoluer au rythme imprimé par les ex-rebelles.
Le 1er tour de l’élection présidentielle est prévu pour le 28 septembre 2013. A seulement quelques semaines de cette date, l’ensemble du territoire national n’est pas encore sous le contrôle du gouvernement malien de transition. Ce qui représente une source d’inquiétude majeure sur la bonne tenue du scrutin.
Organiser les élections sans Kidal consacrerait la partition du pays contre laquelle tant de dignes fils du Mali et de fidèles amis étrangers ont lutté jusqu’à la dernière goutte de leur sang. Presque tout le monde, au Mali et à l’extérieur, est d’avis que le MNLA doit s’éclipser de la région au profit du pouvoir central de Bamako.
Mais, plus le temps avance, plus les choses ont l’air de se corser avec des supercheries qui s’entassent les unes sur les autres. Jouant au dilatoire, le MNLA ambitionne de faire clairement échouer les initiatives de l’Etat visant la fin de ce chapitre douloureux de l’Histoire du pays. Il n’y a donc pas meilleur moyen pour lui de prendre les élections en otage que de maintenir Kidal sous son autorité.
Dans une déclaration suite à des échanges mercredi dernier avec la médiation burkinabé, le MNLA, par le biais de son responsable aux relations extérieures, Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, affirme être « d’accord pour la tenue de l’élection présidentielle le 28 juillet 2013″, mais à des conditions. Le mouvement rebelle propose d’inclure ses exigences dans un « accord-cadre » avec le gouvernement malien avant l’organisation du scrutin présidentiel.
Le MNLA souhaite l’organisation de la présidentielle à Kidal, sans la présence de l’armée malienne dans la région. Au lieu de cette dernière, il suggère que « la sécurité des élections soit assurée par les troupes des Nations unies », à en croire M. Assaleh. Une tentative à peine voilée de faire durer le suspense, car la présence des troupes de l’ONU n’est pas instantanément effective et doit obéir à des procédures.
C’est vrai que la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) doit être transformée en Mission de maintien de la paix, mais cela n’est pas directement lié à cette requête du MNLA. Et prendre en compte cette demande du groupe rebelle équivaudrait à renvoyer la date du scrutin alors que le sort du pays dépend de l’élection urgente d’autorités légitimes issues des urnes.
Comment gérer donc l’obstacle MNLA afin que l’autorité de l’Etat prime sur tout le Mali ? Pour l’heure, il est vraiment difficile de répondre à cette interrogation en ce sens que beaucoup de zones d’ombre entourent le dossier MNLA et ses soutiens. Des partenaires déguisés du Mali ne sont ni sincères ni crédibles dans les négociations entre Bamako et les ex-rebelles.
Une copie à revoir
Ils semblent même encourager un groupuscule d’individus à défier l’Etat central. L’on se souvient qu’à la suite de la nomination du colonel d’aviation Adama Kamissoko comme gouverneur de Kidal, le gouvernement de transition avait mobilisé l’armée malienne pour libérer la région et permettre ainsi l’installation du représentant légitime de l’Etat. Furieux de cette décision, le MNLA avait répliqué en mettant en garde les autorités maliennes contre toute arrivée de nos militaires dans la ville.
Depuis lors, le blocage persiste et les « renégats » continuent de régner en maîtres absolus dans la 8e région. Comme pour dire que sans la présence d’un Etat fort doté des moyens de ses ambitions, les frondeurs, avec la bénédiction des partisans du double jeu, peuvent tout se permettre dans une République.
N’ayant pas senti du côté français la détermination à faire plier le MNLA, le gouvernement de transition s’en est remis à la médiation de la Cédéao. Tour à tour, le président de la République, le chef de la diplomatie malienne et le tout nouveau conseiller du chef de l’Etat chargé d’engager des négociations avec les groupes armés du Nord ont discuté de la question avec le médiateur Blaise Compaoré. Le président du Faso dont l’arbitrage n’a pas fait l’unanimité tout au long de cette crise se perd toujours dans des négociations stériles avec les groupes dissidents.
Hier, Ançar Eddine et ses alliés ont donné tort à M. Compaoré allant jusqu’à faire publiquement dire à son homologue malien que « Blaise se trompe » dans sa méthode de négociations avec les islamistes. La suite est connue de tous : pendant que les échanges battaient leur plein à Ouagadougou, le mouvement piloté par Iyad Ag Ghali a poignardé la nation en lançant une offensive soudaine sur Mopti, qui ne devra son salut qu’au déclenchement de l’opération Serval.
Aujourd’hui, l’on constate que le MNLA s’agite également auprès du président Compaoré pour mener des négociations avec Bamako. Sans issue favorable ! La médiation a-t-elle tiré les enseignements utiles du passé récent ? En tout état de cause, les incohérences ne sont plus pardonnables à ce niveau et des voix aussi fermes que celle de Tiébilé Dramé sur la gestion des groupes rebelles ne se feront pas prier pour afficher leurs positions.