Restituer les résultats auxquels CRI-2002 est parvenue, avec l’accompagnement de ses partenaires suisse et luxembourgeois, du Gouvernement et des Collectivités ; prendre en compte les attentes, préoccupations et espoirs de la presse ; convenir avec elle des pistes porteuses d’espérance pour la responsabilisation et l’autonomisation des Autorités traditionnelles que sont les 13 000 chefs de village, de fraction et de quartier à leur place et dans leur rôle, tel était l’objet de la conférence presse organisée, samedi dernier, à la Maison des aînés, par CRI-2002.
Pour camper le décor, le président de CRI-2002, le Dr Abdoulaye SALL, a cité cette profession de foi du premier Président du Mali, Modibo KEITA : « bien avant la période coloniale, l’esprit communautaire a prédominé dans nos villages et a constitué la base et les racines de notre société. Le village est chez nous la cellule de départ et c’est la vitalité de cette cellule qui engendrera la vitalité de la Nation tout entière. En effet, aucun régime ne peut être viable s’il ne repose sur le village ». C’est sur cette base qu’il a souligné que le Mali Nation a précédé l’État, ce dernier modèle nous ayant été imposé par le colonisateur. Ce qui lui a fait dire que c’est la notion de Nation, tel que cela nous a été légué par les pères de l’indépendance, qu’il faut revitaliser, y prendre ce qu’il y a de positif. À titre illustratif, le Dr SALL a fait référence à l’inscription ‘’Carte Nationale d’Identité’’ où la Nation précède l’Identité. Et de mettre en garde contre les réflexes identitaires en passe d’être un phénomène de mode qui menacent sérieusement la ‘’Nation’’ dans laquelle tous les Maliens se retrouvent.
Le conférencier a préconisé de créer le village en ville, à travers la notion de famille, le code d’honneur… Pour cela, a fait savoir le conférencier, il y a un préalable qui est de connaître d’abord le nombre de villages. Ce qui n’était pas le cas, à fortiori connaître les noms des chefs de village, les conditions dans lesquelles ils exercent leurs missions. La preuve est que seulement 30 % des Autorités traditionnelles avaient leurs décisions de nomination. Dans la capitale même, en 2010, 1 seul chef de quartier avait sa décision délivrée par le CMLN.
Pour combler ce vide, a fait savoir le Dr SALL, CRI-2002 a lancé, en 2010-2011, une phase expérimentale, dans 10 Collectivités, pour recenser les chefs de villages, de fractions et de quartiers. Aujourd’hui, les répertoires des Autorités traditionnelles des régions de Ségou (à l’exception de Niono et Macina ne sont pas couverts par le partenaire), Sikasso, du District de Bamako et des Cercles de Mopti et Bandiagara, contenant plus de 5 000 données sur leur statut, sur le niveau et le degré de leur implication dans la gestion des affaires publiques locales et nationales, sont disponibles et ont été officiellement remis aux autorités. Après avoir reçu les doléances des Autorités traditionnelles, lors de sa visite à Ségou, le Président IBK a pris l’engagement solennel de faire diligenter la délivrance des décisions de nomination partout où c’est possible.
Parlant des attributions, le Dr SALL, a rappelé que conformément à la Loi, le chef de village, de fraction ou de quartier veille à l’application des lois et règlements.
Il contribue à la mobilisation des ressources au niveau de la Collectivité. Développant ce point, le conférencier trouve que ce n’est pas à Bamako d’assurer la prise en charge financière des Collectivités, mais que ce sont elles qui, sur la base des ressources mobilisées, devraient contribuer au fonctionnement de Bamako. Il a fait la métaphore d’un chef de famille qui doit donner le prix du condiment à tous ses enfants tous les matins, au lieu ce soit eux qui viennent lui donner quelque chose.
Pour relever le challenge de la mobilisation des ressources au niveau des Collectivités, le Dr SALL a proposé que les Conseils des communautés soient ouverts aux femmes et aux jeunes.
« Il faut des conseils de notre temps », a-t-il plaidé pour aller au développement durable qui implique s’aimer soi-même et aimer sa communauté.
La troisième attribution est la prévention, la gestion et le règlement des conflits. À ce niveau, le Dr SALL a rappelé que de 1960 à nos jours, le Mali a connu plusieurs ruptures, souvent violentes : éclatement de la fédération du Mali ; la rupture entre les colombes et les faucons, en 1978 ; la révolution de 91… Les chefs de village, de fraction ou de quartier ont un rôle prépondérant à jouer pour la réconciliation, a-t-il souligné.
Parlant de la phase actuelle, le conférencier a fait avoir que si au début c’est CRI-2002 qui tenait la tête du lion ; désormais, il y a inversion des rôles. C’est aux Autorités traditionnelles de tenir la tête du lion, d’aller chercher leurs décisions de nomination. C’est qu’il appelle la phase de responsabilisation.